Le Malien Ahmed al-Faqi al-Mahdi, ancien membre du groupe Ansar Dine, comparait pour la destruction des mausolées de Tombouctou, en 2012.
L'audience dite « de confirmation des charges » a commencé ce mardi matin à La Haye et pour l'accusation, c'est très clair : ces destructions sont un crime de guerre.
"Nous devons agir face à la destruction et la mutilation de notre héritage commun", estime la procureure de la CPI, Fatou Bensouda qui n'a pas mâché ses mots ce matin pour qualifier les destructions dont elle accuse Ahmed al-Faqi.
Et même si c'est la première fois que de telles charges sont présentées dans une affaire devant la CPI, le statut de Rome qui régit la Cour est clair : "Les attaques délibérées contre des bâtiments civils non protégés qui ne sont pas des objectifs militaires constituent un crime de guerre. Y compris lorsqu’il s'agit donc de monuments historiques, ou dédiés à la religion."
Fatou Bensouda et son équipe ont donc insisté ce matin sur l'importance de ces mausolées pour l'identité des communautés de Tombouctou, non seulement dans leur pratique religieuse, mais aussi dans leur construction identitaire. Puisque ces mausolées sont le symbole de cette cité fondée au XIe siècle.
Pour Fatou Bensouda, leur destruction constitue donc "un assaut dirigé contre la dignité et l'identité de toute une population et de ses racines religieuses et identitaires".
Ahmed al-Faqi al-Mahdi, également connu sous son nom de guerre Abou Tourab, était en fait le chef de la "hesbah", c'est-à-dire la brigade des mœurs de Tombouctou chargée de faire appliquer de force l'idéologie extrémiste. Ce qui lui donnait de l'ascendant sur la population pour imposer les règles des occupants. Il est soupçonné d'avoir coordonné la série d'attaques contre ces mausolées et d'avoir personnellement pris part à la moitié des destructions. Des destructions qui ont eu lieu en seulement dix jours.