Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. Octobre : Mois du Consommer Local en Afrique, un mouvement en pleine expansion
Le mois d’octobre a pris une résonance particulière pour de nombreux pays africains, symbolisant la promotion des produits locaux et le soutien à l’artisanat et à l’entrepreneuriat du continent. Dans le cadre de la cinquième édition du Mois du Consommer Local, Brice Hondi, président de l’ONG Club Excellence ADECO et promoteur de la plateforme du Réseau Africain des Artisans, a livré un discours inspirant. Il invite les Africains à embrasser une « révolution culturelle » axée sur des choix de consommation qui soutiennent les produits locaux et façonnent l’avenir du continent.
M. Hondi s’est exprimé avec fierté sur les avancées réalisées dans cette voie, tout en soulignant les défis à surmonter pour ancrer davantage la consommation locale dans les habitudes économiques des Africains. Citant l’historien Cheikh Anta Diop, il rappelle la nécessité d’une révolution culturelle africaine. « Chaque produit local que nous choisissons est une pierre posée dans la construction de notre avenir économique », affirme-t-il, soulignant que cette transformation va bien au-delà des considérations économiques, englobant également les enjeux environnementaux et identitaires du continent.
Pour Brice Hondi, le « Consommer Local » dépasse le cadre économique pour devenir un engagement significatif. Il souligne les effets bénéfiques de ce choix sur la création d’emplois, l’innovation et la réduction de l’empreinte carbone, rendu possible par des circuits de distribution plus courts et plus durables. « Chaque achat est un vote pour l’avenir que nous souhaitons voir », déclare-t-il, insistant sur le pouvoir de chaque consommateur dans ce mouvement. Bien que les produits importés dominent encore les marchés, M. Hondi reste optimiste et convaincu qu’un soutien accru au secteur local renforcera l’autonomie et la résilience de l’Afrique.
Néanmoins, il admet que le chemin vers un véritable changement de mentalités reste semé d’embûches. Il invite producteurs et consommateurs à travailler main dans la main pour améliorer la qualité, l’uniformité et les délais de livraison des produits locaux. Il adresse également sa gratitude aux artisans et entrepreneurs africains, dont le travail acharné et les innovations sont le socle d’un avenir prospère pour le continent.
Dans cette dynamique, Brice Hondi annonce un événement international inédit en décembre prochain pour célébrer l’excellence de l’artisanat africain. Cet événement vise à renforcer les échanges entre communautés africaines et à promouvoir le Made in Africa sur la scène mondiale. « Notre objectif est de faire du Made in Africa la norme, et non l’exception », affirme-t-il, lançant ainsi un appel à tous les Africains pour qu’ils deviennent des ambassadeurs de cette transformation économique.
Le Mois du Consommer Local en Afrique est ainsi bien plus qu’une simple campagne de sensibilisation. C’est une célébration de l’identité africaine, une reconnaissance de la créativité locale et une invitation à chaque citoyen de devenir acteur du changement.
2. Vers un Sahel souverain et prospère
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger avancent main dans la main pour bâtir un Sahel prospère et souverain, en privilégiant des partenariats basés sur la confiance mutuelle et le respect de leur autonomie. Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a présenté cette vision ambitieuse lors du séminaire sur la coopération internationale dédié aux États du Sahel, qui s’est conclu le 24 octobre 2024 à l’École de maintien de la paix Alioune Blondin Beye.
Ce séminaire marque un tournant dans la manière dont ces pays envisagent les alliances internationales. Les recommandations et conclusions finales mettent en lumière une volonté de s’affranchir des approches néocoloniales et de privilégier une coopération pragmatique, ancrée dans les priorités locales et respectueuse de la souveraineté des États sahéliens. Pour ces nations, il est temps de se libérer des dépendances traditionnelles aux puissances occidentales et de se tourner vers des partenariats sincères, bénéfiques et équilibrés.
Abdoulaye Diop a souligné des points essentiels visant à recentrer les coopérations internationales sur des valeurs fondamentales de respect mutuel. Parmi les recommandations, on trouve la nécessité de renforcer la souveraineté énergétique, un enjeu majeur pour assurer une indépendance effective et durable face aux fluctuations des intérêts externes. De plus, le ministre a mis en avant l’importance du développement des ressources humaines pour bâtir une économie autoportante, alimentée par des compétences locales solides et des opportunités pour la jeunesse.
Autre point crucial évoqué : la régulation des médias. Dans un contexte où les informations biaisées en provenance des grands médias occidentaux influencent la perception des réalités sahéliennes, les dirigeants du Sahel souhaitent limiter ces interférences qui nuisent à la cohésion sociale et freinent les efforts de développement. En contrôlant mieux les discours médiatiques, les États sahéliens aspirent à renforcer une narration plus authentique et en phase avec les intérêts de leurs populations.
Le séminaire a également exploré des méthodes de financement qui mettent l’accent sur l’autonomie financière, incluant des fonds souverains, des partenariats public-privé, ainsi que des financements verts adaptés aux besoins spécifiques de la région. Ces stratégies visent à soutenir les économies locales en investissant dans des secteurs prioritaires, loin des conditionnalités souvent imposées par l’Occident.
Abdoulaye Diop a insisté sur la mobilisation des ressources internes et l’apport des diasporas pour dynamiser les secteurs productifs. La diaspora sahélienne, forte de millions de membres engagés, représente un potentiel non négligeable pour participer au développement économique de la région, tout en renforçant un sentiment d’appartenance et de soutien mutuel.
En conclusion de cette rencontre, le ministre Diop, dans le cadre de la présidence malienne de la Confédération des États du Sahel (CES), a réaffirmé l’engagement des autorités à construire un Sahel plus sûr, prospère et solidaire, où les priorités locales priment. À travers cette vision, les États sahéliens entendent démontrer qu’ils peuvent atteindre leurs objectifs de développement et de sécurité sans être dépendants d’aides imposées par l’Occident.
Pour le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ce nouveau chemin représente un projet audacieux pour un Sahel souverain et prospère. En prenant en main leur destin, ces pays démontrent qu’un partenariat international respectueux de la souveraineté peut être le véritable moteur d’un développement durable et autonome. C’est un message fort à l’Occident, montrant que le Sahel aspire à tracer sa propre voie, en alliant respect, pragmatisme et vision d’un avenir indépendant.
3. Fin de la Françafrique : l’argent pour la classe politique française, la recherche d’influence pour les chefs d’État africains
La France a du plomb dans l’aile en Afrique depuis l’échec de son intervention militaire au Sahel contre les groupes terroristes. L’insécurité a conduit à des coups de force qui ont remis en cause la présence militaire et l’influence politique françaises au Sahel. La France a perdu de sa superbe en Afrique et le néocolonialisme français est confronté aux puissances impérialistes rivales et même son allié atlantique américain qui, le voyant perdre du terrain, ne lui laisse plus le champ libre. Les associations et organisations souverainistes et panafricanistes ont poussé comme des champignons depuis que c’est le discours dominant et celui des pouvoirs régnants au Sahel.
Est-ce contexte qui fait que l’un des acteurs de la Françafrique, sentant le déclin prochain des affaires publie ses mémoires ? Robert Bourgi est en pleine promotion de son brûlot sur la pourriture des élites françaises et africaines bénéficiaires du pacte colonial : « Ils savent que je sais tout. Ma vie en Françafrique ». Qui est ce monsieur qui sent le soufre et se réclame sans vergogne de la Françafrique ? Selon les échos de la presse française, les révélations concerneraient les politiciens français visés par le titre de l’ouvrage. Ce n’est pas la première fois que Robert Bourgi, par ses révélations, brise la carrière politique d’un de ses anciens amis de la Françafrique. Dominique de Villepin en a fait les frais en 2011, François Fillon en 2017. Qui sera la prochaine victime ? Est-ce vers l’Afrique que le porteur de valises de la Françafrique a décidé de pointer son pistolet ?
La Françafrique est le système de la domination française sur ses anciennes colonies d’Afrique subsaharienne, fait de réseaux mafieux, de soutien aux autocrates et dictateurs africains d’une part et de financements des partis et politiciens français d’autre part. Il est derrière le maintien du franc CFA, les assassinats politiques et coups d’État… La Françafrique n’a pas bonne presse et depuis Mitterrand, tout le monde a voulu s’en éloigner.
Mais elle a la vie dure et les pratiques peu orthodoxes des réseaux de la Françafrique sont tolérées par les hommes politiques comme la face sombre de la politique qu’ils ne veulent pas voir de peur de se faire bouffer par ses actes condamnables. L’homme qui a eu cette ingénieuse idée serait le plus grand des présidents français, le général Charles de Gaule qui a libéré le pays et a toujours voulu que son pays ait une autonomie énergétique en faisant main basse sur les ressources qui existent en Afrique subsaharienne et en s’assurant d’un alignement diplomatique des nouveaux États pour compter au plan international. Le pétrole est la cause essentielle de l’existence de ce fléau.
Et c’est pourquoi en France-Afrique, des pays comme le Gabon et le Congo Brazzaville ne comptent pas pour des prunes. De Gaulle et Foccart ont inventé des méthodes pour avoir la haute main sur les ressources d’un pays tiers en plaçant à sa tête des dirigeants que l’on contrôle et en faisant des dirigeants de la société pétrolière Elf les financeurs occultes des campagnes électorales en France. Voilà le système de corruption politique, de détournements de fonds publics avec des hommes rassemblés dans un réseau qui ne voit qu’une seule chose, un seul intérêt : tout faire pour que le système perdure, se reproduise, s’éternise au bénéfice de la France et des membres du réseau.
On a beau préférer le secret, avoir des relations amicales, s’aimer comme dans les familles mafieuses, le moment vient où toute cette pourriture finit par déborder et quitter les caniveaux pour se déverser dans la rue, dans la presse et par se savoir, lors des élections. Car les élections sont des moments de rivalités, de guerre des égos et de haines des chefs. Les élections sont le temps où l’on fait feu de tout bois et on met sur la place publique les turpitudes de l’adversaire : les valises de cash, les guimbé remplis de dollars, quelques secrets bien gardés de la Françafrique. Les diamants de Bokassa, l’affaire Carrefour du développement (subventions détournées), l’affaire Elf (commissions pétrolières) et l’Angolagate (1990, vente d’armes interdite par l’homme d’affaires Pierre Falcone) sont des affaires phares de la politique officieuse de la France en Afrique.
Bourgi prétend être l’héritier de Jacques Foccart qui lui aurait transmis le carnet d’adresses de son réseau africain. Ainsi, il serait devenu le porteur de valises pleines de cash qu’il transmettait à Jacques Chirac, Dominique de Villepin et autres. Il a raconté pourquoi il a « tué » Dominique de Villepin quand celui-ci se battait contre Sarkozy pour prendre la tête du parti pour la course à la présidentielle. C’est en ce moment qu’il a parlé des guimbé remplis de dollars offerts par Blaise Compaoré qu’il lui aurait emmené. Et s’il a fait cela, ce serait parce que Villepin ne voulait plus le voir. Il avait choisi Sarkozy contre Villepin tout simplement.
Villepin et Fillon n’auraient pas été reconnaissants à son endroit, mais même son père spirituel Foccart ne lui aurait pas fait un sort de quelques lignes dans ses mémoires.
Né au Sénégal, Robert Bourgi est présenté comme un Franco-libanais. Il a fait son lycée à Dakar, parle même le wolof et a enseigné à l’université d’Abidjan. On aurait pu attendre de cet homme qu’il soit sensible au sort des populations africaines. Mais non, c’est lui qui aide les dirigeants africains à prendre l’argent public pour la classe politique française et il se fait payer en retour toujours sur les caisses publiques africaines. Il raconte comment ils ont tous apporté leur obole aux politiciens français... Mais cet homme a vécu aux crochets de « Papa Bongo ». C’est ainsi qu’il appelait et appelle toujours, son généreux donateur, qui l’a « couvert d’or durant trente ans. » C’est la seule touche africaine du personnage : la reconnaissance du ventre, ou la flatterie pour avoir à manger. Si Bongo le payait grassement, Sassou aussi le faisait. Il ne travaillait pas gratuitement non plus pour les présidents de pays moins nantis comme le Sénégal qui avait l’avantage de l’avoir vu naître, ou le Burkina Faso.
On doit reconnaître à Bourgi d’avoir révélé l’influence de Omar Bongo sur la politique française par son casting des ministres de la droite du temps de Chirac. Il faut l’écouter conter comment l’élite politique française faisait antichambre à l’hôtel Meurice à Paris quand Omar Bongo était de passage. On savait le poids des autocrates africains sur le choix des ministres de la Coopération du gouvernement français. Et au moins deux socialistes ont perdu leurs portefeuilles parce que les présidents africains les ont récusés : Jean Pierre Cot sous Mitterrand et Jean Marie Bockel sous Sarkozy. Mais que Chirac se souciait du conseil de Omar Bongo pour la politique française est significatif.
Quel est le statut d’un tel livre ? C’est connu, les contes de chasseurs sont à la gloire des chasseurs et de leurs amis et pas des lions. La vérité historique ne fait pas son nid dans cette œuvre.
Robert Bourgi dit qu’il s’amuse bien avec les bandits comme lui. Il dit que le Gabon le payait au temps de « papa Omar Bongo » 50 000 euros par mois soit 393 574 200 FCFA par an. Ce qui ne l’empêchait pas de faire le garibou pour les fêtes chez papa gâteau qui le « cadeautait » encore. C’est vraiment insupportable de voir un tel monsieur être impuni, publier un livre sur ses méfaits et faire le tour des télés françaises pour raconter sa vie de porteur de valises d’argent. Cet argent détourné est celui qui devrait servir à la construction des écoles et dispensaires.