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Zoom Afrique du 17 juillet 2024

Zoom Afrique du 17 juillet 2024

Les titres de la rédaction :

  • La Tanzanie augmente sa capacité de stockage de grains de 23 000 tonnes
  • Nigéria : la raffinerie de Port Harcourt prête pour une relance en août
  • Le chinois Zijin investit dans la plus grande mine d’or de Côte d’Ivoire
  • Angola-nouvel aéroport de Luanda : 2 consortiums soumissionnaires privilégiés pour la concession

 

Les analyses de la rédaction :

1. Kemi Seba déchu de la nationalité française : une injustice contre un défenseur du panafricanisme 

Le militant panafricaniste Kemi Seba, connu pour ses prises de position fermes contre les ingérences occidentales en Afrique, a été déchu de sa nationalité française par un décret daté du 8 juillet 2024 et publié le 9 juillet au journal Officiel. Né à Strasbourg de parents béninois naturalisés français, Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, conserve toutefois sa nationalité béninoise. 

Cette décision des autorités françaises est perçue par beaucoup comme une tentative de réduire au silence un critique virulent des politiques néocoloniales de la France en Afrique. Kemi Seba a organisé ces dernières années plusieurs conférences où il a dénoncé l’utilisation du franc CFA et critiqué les ingérences françaises dans les affaires africaines. Ses positions lui ont valu plusieurs expulsions et arrestations en Afrique de l’Ouest, mais ont également contribué à accroître sa popularité sur les réseaux sociaux. 

Le député français Thomas Gassilloud a accusé Kemi Seba d’être un relais de la propagande russe, alimentant le sentiment anti-français en Afrique. Cette accusation fait écho à une tendance plus large où les voix dissidentes africaines sont souvent étiquetées comme des agents étrangers pour justifier leur répression. 

En réponse à la décision de déchéance de nationalité, Kemi Seba a publiquement brûlé son passeport français, un geste symbolique fort qui a été largement partagé sur les réseaux sociaux. Il a déclaré : « La France est tombée sur le mauvais Noir », affirmant que ses actions sont motivées par une posture résolument anti-française en raison des politiques impérialistes de la France en Afrique. 

La déchéance de nationalité de Kemi Seba a suscité une vague de soutien à travers l’Afrique. De nombreux Africains voient en lui un champion de la souveraineté africaine et un défenseur des droits des peuples africains contre les ingérences étrangères. Les critiques de Kemi Seba à l’égard de la France résonnent particulièrement dans les pays francophones, où le ressentiment contre les politiques néocoloniales est fort. 

Il est important de noter que cette décision intervient dans un contexte où les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines sont de plus en plus tendues. La France a été accusée d’utiliser des mesures répressives pour réduire au silence les voix dissidentes et maintenir son influence en Afrique. La déchéance de nationalité de Kemi Seba est perçue comme une continuation de cette politique répressive. 

La déchéance de nationalité de Kemi Seba est un acte politique controversé qui soulève des questions sur la liberté d’expression et les droits des militants panafricanistes. Elle illustre également les tensions croissantes entre la France et ses anciennes colonies africaines, où les appels à la souveraineté et à l’indépendance économique résonnent de plus en plus fort. Kemi Seba, malgré cette tentative de le réduire au silence, continue de mobiliser et d’inspirer de nombreux Africains dans leur lutte pour la dignité et la justice. 

La France a déchu la nationalité de Kemi Seba pour avoir critiqué la politique du pays en Afrique, a estimé la porte-parole de la diplomatie russe.

« Pour quels péchés Paris a-t-il simplement décidé de priver ce célèbre activiste de sa nationalité ? Vous ne le croirez pas – pour avoir critiqué la politique de la France en Afrique », a écrit Maria Zakharova sur sa chaîne Telegram. 

Ce alors même que « les loyalistes de Macron auraient du mal à qualifier la politique étrangère du palais de l’Élysée en Afrique digne de compliments », poursuit-elle. 

« Ni les concepts traditionnels de la philosophie française sur la démocratie et la liberté d’expression, ni les interprétations modernes de la tolérance et le goût pour les droits de l’homme n’ont empêché Paris de ce que Kemi Seba lui-même a appelé le “néo-colonialisme négrophobe” », a-t-elle ajouté. 

Lorsque les autorités françaises ont entamé la procédure de retrait de la nationalité du militant panafricain, elles lui ont reproché de diffuser des « messages particulièrement virulents, voire outranciers », et de critiquer la présence militaire française en Afrique. Le tout étant susceptible de « porter atteinte aux intérêts français ». 

 

2. L’AES : une réponse souveraine à la CEDEAO 

L’Afrique de l’Ouest connaît un nouveau tournant géopolitique avec l’émergence de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette initiative, née de la volonté commune du Burkina Faso, du Mali et du Niger, vise à renforcer la coopération régionale face aux défis sécuritaires et économiques. L’AES, formalisée lors d’un sommet historique à Niamey le 6 juillet 2024, marque une étape décisive dans la quête d’autonomie et de stabilité de ces nations sahéliennes. 

La création de la « Confédération des États du Sahel » sous l’égide de l’AES a suscité l’enthousiasme de la Russie. Selon les déclarations de Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, « nous avons le plaisir de voir que ces pays ont l’intention de définir un moyen de consolider leurs forces », a-t-elle déclaré, soulignant l’importance de cette union pour la sécurité et la prospérité économique du Sahel. 

Les présidents Ibrahim Traoré du Burkina Faso, Assimi Goïta du Mali et Abdourahamane Tiani du Niger, architectes de cette confédération, semblent avoir trouvé en la Russie un allié de poids. Leur décision de coordonner leurs actions dans les domaines de la sécurité, de la représentation internationale et du développement économique témoigne d’une volonté de prendre en main leur destin commun. 

Cette nouvelle dynamique régionale pourrait bien être le catalyseur d’un changement profond dans les relations internationales en Afrique de l’Ouest. Elle illustre une tendance croissante des nations africaines à diversifier leurs partenariats et à chercher des solutions endogènes à leurs défis. 

Cependant, l’émergence de l’AES et le soutien affiché de la Russie ne sont pas sans soulever des inquiétudes chez d’autres acteurs internationaux. Les puissances occidentales, traditionnellement influentes dans la région, voient d’un mauvais œil cette reconfiguration des alliances. Le risque d’une escalade des tensions géopolitiques dans cette région ne peut donc être écarté. 

L’Alliance des États du Sahel (AES) est une coalition régionale émergente qui gagne en influence et en importance dans la région du Sahel. Composée principalement du Burkina Faso, du Mali et du Niger, l’AES se présente comme une alternative souveraine à la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), souvent critiquée pour son alignement sur les intérêts occidentaux. 

L’AES a vu le jour dans un contexte de tensions croissantes entre les pays du Sahel et la CEDEAO. Les interventions militaires et économiques de la CEDEAO, souvent perçues comme imposées par les puissances occidentales, ont suscité des critiques quant à leur efficacité et leur respect de la souveraineté nationale. L’AES se positionne comme une réponse à ces interventions, visant à promouvoir une coopération régionale basée sur les intérêts et les valeurs des pays du Sahel. 

L’Alliance des États du Sahel se fixe plusieurs objectifs ambitieux : 

Souveraineté et Indépendance: L’AES met en avant la nécessité pour les États membres de reprendre le contrôle de leurs politiques économiques et sécuritaires, loin des influences extérieures. 

Sécurité Régionale: Face à la menace persistante des groupes terroristes, l’AES vise à renforcer la coopération militaire et sécuritaire entre ses membres, en privilégiant des solutions locales et adaptées aux réalités du terrain. 

Développement Économique: L’Alliance cherche à promouvoir des projets de développement économique qui bénéficient directement aux populations locales, en s’appuyant sur les ressources et les capacités endogènes. 

Solidarité et Coopération: L’AES insiste sur l’importance de la solidarité entre les États membres, favorisant une entraide mutuelle face aux défis communs. 

La CEDEAO, créée en 1975, a longtemps été la principale organisation régionale en Afrique de l’Ouest. Cependant, elle a été critiquée pour plusieurs raisons : 

La CEDEAO est souvent accusée de suivre les directives des puissances occidentales, en particulier la France et les États-Unis, au détriment des intérêts des pays africains. 

Les interventions militaires de la CEDEAO, comme celles au Mali et en Guinée, sont perçues comme des ingérences dans les affaires internes des pays membres, exacerbant parfois les conflits au lieu de les résoudre. 

Malgré des décennies d’existence, la CEDEAO n’a pas réussi à apporter des solutions durables aux problèmes de développement économique et d’infrastructure dans la région. 

L’AES offre plusieurs avantages par rapport à la CEDEAO : 

Avec une approche locale et contextualisée, en se concentrant sur les réalités spécifiques du Sahel, l’AES est mieux placée pour proposer des solutions adaptées aux problèmes de la région. 

L’AES se distingue par sa volonté de rompre avec les influences étrangères, en prônant une véritable souveraineté politique et économique. 

La coopération entre les membres de l’AES est basée sur une solidarité réelle, favorisant des initiatives qui bénéficient directement aux populations locales. 

La création de la Confédération des États du Sahel marque un tournant significatif pour la région. Avec le soutien affiché de la Russie, cette initiative pourrait bien redéfinir les équilibres régionaux et internationaux. L’avenir dira si cette nouvelle alliance saura relever les défis complexes auxquels font face les nations sahéliennes, tout en naviguant dans les eaux tumultueuses de la géopolitique mondiale. Une chose est sûre : le Sahel est désormais au cœur d’un jeu d’influence dont les répercussions dépasseront largement ses frontières. 

L’Alliance des États du Sahel représente une alternative prometteuse à la CEDEAO, en mettant l’accent sur la souveraineté, la sécurité régionale, le développement économique et la solidarité. Face aux critiques croissantes à l’égard de la CEDEAO et de ses interventions souvent perçues comme dictées par des intérêts extérieurs, l’AES apparaît comme une réponse légitime et nécessaire pour les pays du Sahel. En promouvant une coopération régionale basée sur des valeurs communes et des intérêts partagés, l’AES pourrait bien redéfinir le paysage géopolitique de l’Afrique de l’Ouest. 

 

3. Encore une affaire de faux billets... au Burkina 

Des présumés délinquants étaient en train de fabriquer de faux billets en euros et en dollars d’une valeur totale de 7 milliards de francs CFA, a annoncé lundi la cellule économique et financière de la section de recherches de la troisième légion de la gendarmerie de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. 

« Les 9 sacs de coupons de papier qu’ils ont amenés pour la reproduction allaient donner, selon leur estimation, 7 milliards de francs CFA », a indiqué à la presse ce lundi 15 juillet 2024 le commandant de la section de recherches, le lieutenant Justin Bagré. 

Selon lui, ces fabricants, qui ont investi environ 50 millions de francs CFA dans leur projet, comptaient écouler les billets contrefaits à travers les marchés et les banques. 

D’après Justin Bagré, ces malfrats, étant des professionnels formés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, opéraient depuis 2016 à l’aide d’une machine appelée dans leur jargon « le moulin à billets ». 

« Ces présumés délinquants, avec leur “moulin à billets”, confectionnaient des coupures de billets de 100 euros et de dollars pour les mettre en circulation à travers leurs victimes », a confié M. Bagré. 

Ce réseau, composé de quatre individus dont deux en cavale, est accusé, d’après le lieutenant, d’association de malfaiteurs, de monnayage, d’escroquerie, de blanchiment de capitaux en bande organisée et de détention illégale d’armes de guerre. 

De l’avis du commandant, deux autres membres du réseau, les têtes pensantes du groupe, sont des prisonniers à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou et ils opéraient depuis cet endroit. 

Le mode opératoire du réseau, à entendre le commandant de la section, est pour le moins très impressionnant. Car ils utilisaient des subterfuges pour tromper la vigilance de leurs victimes et glisser les faux billets de banque. 

« La machine dispose de deux boîtiers, dont un pour les bons billets et l’autre pour les mauvais, de sorte que lorsque la victime vient pour la première fois, on lui sert les bons billets. Par la suite, on accuse des pannes ou même la couleur des billets pour faire davantage miser et servir des faux billets », a soutenu le lieutenant.  

Les présumés délinquants seront présentés dans les prochains jours devant le procureur pour la suite, a-t-il conclu. 

Cette affaire de faux billets récemment mise en lumière au Burkina Faso présente des similitudes frappantes avec un autre scandale de contrefaçon monétaire survenu au Mali et également en Guinée-Conakry après l’indépendance.  

Récemment, le président de transition du Mali, Assimi Goïta, a accusé la France de tenter de saper l’économie malienne en imprimant des faux billets de franc CFA, une méthode qu’il assimile à celle utilisée contre la Guinée de Sékou Touré en 1960. Cette déclaration controversée a été faite lors d’un discours à Sikasso, soulignant une défiance croissante vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale. 

Selon Goïta, la France utiliserait des stratégies similaires contre le Mali, avec pour objectif de miner l’économie par le biais du « terrorisme économique », l’une des trois formes de terrorisme que le président malien attribue aux défis actuels du pays, les autres étant le terrorisme armé et le terrorisme médiatique, ce dernier impliquant la diffusion de fausses nouvelles pour fomenter des divisions internes.  

Même mode opératoire en Guinée. Après l’indépendance de la Guinée en 1958, le pays a été confronté à un scandale de contrefaçon monétaire impliquant des sacs de coupons de papier. Ces coupons, destinés à la reproduction, devaient générer l’équivalent de milliards de francs CFA. Les malfaiteurs avaient mis en place un système sophistiqué pour produire et écouler ces faux billets, visant principalement les marchés locaux. 

Il est crucial de noter que ces affaires de contrefaçon ne sont pas isolées de l’influence néfaste des pays occidentaux, notamment la France, qui ont été accusés à plusieurs reprises de chercher à déstabiliser les économies africaines pour maintenir une forme de néocolonialisme. La présence de faux billets en circulation affaiblit les économies locales, créant une instabilité économique qui profite indirectement aux anciennes puissances coloniales et à leurs alliés. 

Les pays occidentaux, par leurs politiques économiques et monétaires, ont souvent été perçus comme des entraves au développement économique de l’Afrique. L’utilisation de l’euro et du dollar dans ces affaires de contrefaçon soulève des questions sur la dépendance des économies africaines aux monnaies occidentales et sur les efforts déployés par les pays occidentaux pour garder le contrôle sur les systèmes financiers africains. 

Ces affaires montrent que la contrefaçon de billets est un problème persistant en Afrique de l’Ouest, nécessitant une vigilance accrue des autorités et une coopération régionale pour lutter efficacement contre ce fléau. Les similitudes entre ces cas illustrent la sophistication croissante des réseaux criminels et l’importance de renforcer les mécanismes de détection et de prévention de la contrefaçon monétaire et surtout, la sortie du Franc CFA au plus vite.  

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SOURCE: FRENCH PRESS TV