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Certains pays arabes aident secrètement le régime israélien à contourner le blocus de la mer Rouge

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Xavier Villar

Le 19 novembre, deux événements liés se sont produits. D'une part, un hélicoptère de la force navale yéménite a abordé le cargo baptisé Galaxy Leader alors qu'il naviguait dans la mer Rouge, au sud de Djeddah.

Plusieurs soldats yéménites ont hissé les drapeaux du Yémen et de la Palestine sur le navire et l'ont dirigé vers le port yéménite de Hudaydah. L’opération militaire, ont-ils expliqué, a été menée parce que la compagnie maritime qui avait affrété le navire était israélienne.

Israël a démenti la nouvelle, disant que le navire appartenait « à des Britanniques et était exploité par des Japonais ».

Cependant, la vérité est que la compagnie maritime appartenait au milliardaire israélien Rami Ungar, qui entretient des relations très étroites avec l’élite politique de Tel-Aviv.

L'autre événement qui a eu lieu le même jour, le 19 novembre, s'est produit à des centaines de kilomètres de la mer Rouge, à Téhéran, où le Leader de la Révolution islamique, l'Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, a exhorté, lors d'une audience, les pays musulmans à rompre tous les liens économiques avec Israël pour aider à sauver des vies palestiniennes.

Depuis le 19 novembre, certaines compagnies maritimes ont commencé à modifier leurs itinéraires, évitant la mer Rouge, quitte à prolonger le voyage d'une dizaine de jours avec des coûts économiques supplémentaires.

Le volume total de marchandises transitant par le canal de Suez a diminué de 45 %, tandis que pour les porte-conteneurs, ce chiffre serait bien plus élevé.

Le meilleur exemple de l'impact du blocus yéménite et de l'appel de l'honorable Ayatollah Khamenei se reflète dans la situation actuelle du port d'Eilat, le seul port que possède le régime sioniste dans la mer Rouge.

Ce port a été durement touché par le blocus imposé par l'Axe de la Résistance. L'importation de véhicules, qui constituent la principale cargaison du port, est pratiquement arrêtée.

La situation à Eilat démontre comment une stratégie commune, à la fois politique et militaire, peut être efficace pour paralyser l'un des ports les plus importants d'Israël.

Sur le plan politique, l'appel au boycott lancé par le Guide de la Révolution islamique dans son discours du 19 novembre porte ses fruits. En Malaisie, le gouvernement a ordonné à ses opérateurs portuaires de refuser l’accostage des navires destinés aux territoires palestiniens occupés ou de ceux appartenant à la compagnie maritime Zaim, qui entretient des liens étroits avec les services de renseignement sionistes.

Ce blocus économique contre l’entité sioniste n’est pas mis en œuvre dans la lettre et dans l’esprit par certains pays arabes, notamment la Jordanie, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

Selon des informations publiées par la chaîne de télévision israélienne Channel 13, ces pays aident activement Israël à briser le blocus imposé par les Yéménites dans la mer Rouge.

Le rapport mentionne que des centaines de camions venaient d'Arabie saoudite et de Jordanie, pour finalement atteindre le port de Haïfa, dans les territoires occupés de la Palestine, via Dubaï, aux Émirats arabes unis.

La relation particulière entre ces trois pays et Israël n’est un secret pour personne. Ils ont traité publiquement et en coulisses avec le régime israélien tout en prétendant se soucier du sort des Palestiniens.

En 1994, le soi-disant « accord de paix » entre la Jordanie et l’entité sioniste a été signé. Cependant, cette proposition a été rejetée par une écrasante majorité de la population jordanienne.

Par exemple, selon les données d'une enquête menée par le Washington Institute for Studies, un groupe de réflexion américain pro-sioniste, en 2023, plus de 84 % de la population de ce pays arabe rejetait toute forme de relation avec le régime israélien.

D'autre part, les Émirats arabes unis ont signé la soi-disant « normalisation » avec Israël en 2020 dans le cadre des soi-disant « Accords d'Abraham » promus par le gouvernement  américain de Donald Trump.

Les deux parties ont établi une coopération stratégique dans divers domaines, notamment militaire. En janvier 2022, la société d'armement israélienne Elbit Systems a annoncé avoir signé un contrat d'une valeur de 53 millions de dollars pour la fourniture des systèmes de défense nécessaires à l'armée de l'air des Émirats arabes unis.

Enfin, les relations entre l'Arabie saoudite et Israël sont au point mort, ce qui, d'un point de vue stratégique, représente une victoire pour la cause palestinienne, notamment dans le contexte du génocide à Gaza.

Il y a plus d'un an, l'Ayatollah Khamenei, dans l'un de ses discours, a averti que la normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël pourrait causer des problèmes internes au régime saoudien en raison de la « trahison de la cause palestinienne » et de l'opposition interne du peuple saoudien à la décision prise par leurs dirigeants.

Cependant, les dirigeants saoudiens ont poursuivi leur diplomatie détournée avec Israël et il y a même eu des spéculations sur la normalisation de Riyad avec Tel-Aviv une fois que les esprits se seront calmés.

Les responsables saoudiens n’excluent pas non plus la possibilité d’une normalisation avec le régime de Tel-Aviv, même si l’opinion publique saoudienne s’y oppose fermement.

Une enquête récente publiée par le Centre d’analyse politique al-Maqreez Al-Arabi, basé au Qatar, a montré que 89 % des sondés en Arabie saoudite ont exprimé leur inquiétude quant à la situation en Palestine une fois que la normalisation avec Israël sera officialisée.

Le gouvernement de Joe Biden, quant à lui, a poursuivi le projet de « normalisation » initié sous Trump, en se concentrant sur les efforts diplomatiques visant à conclure des accords entre les États du golfe Persique et Israël, plutôt que de s’attaquer à l’affaire palestinienne et de mettre fin au génocide à Gaza.

Tout cela met en évidence l'existence d'une fracture politique dans la région : d’une part, le discours politique, représenté par les appels au boycott de l’Iran contre les sionistes et les opérations militaires yéménites en mer Rouge, qui considèrent la Palestine comme un point central de l’Oumma méritant un soutien total.

D’un autre côté, il existe un certain nombre de pays arabes dont les gouvernements qui préfèrent renoncer à l’obligation de l’Oumma musulmane de libérer la Palestine en aidant l’occupation israélienne à briser son blocus.

Xavier Villar est docteur en études islamiques et chercheur basé en Espagne.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV