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Dans les couloirs sombres des hôpitaux de Gaza, les médecins luttent pour sauver des vies

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Humaira Ahad

Dans les couloirs sombres et lugubres des hôpitaux de la bande de Gaza assiégée, une catastrophe de santé publique aux proportions inquiétantes se déroule en ce moment au milieu du bombardement aérien incessant du régime israélien.

Certains hôpitaux sont complètement à court de carburant, ce qui incite les médecins à effectuer des procédures médicales à haut risque en utilisant des lampes de poche sur leurs téléphones portables, selon des témoins oculaires.

Des cris de douleur transpercent les chambres de ces hôpitaux transformés en tentes de fortune accueillant non seulement les patients mais aussi les civils déplacés qui cherchent refuge contre les bombardements.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la crise humanitaire et sanitaire dans la bande côtière assiégée et en proie aux bombardements israéliens a atteint des « proportions catastrophiques ».

Plus d'un tiers des hôpitaux de la ville ne fonctionnent plus en raison des dégâts subis par les bombardements et de la décision d'Israël de couper l'approvisionnement en carburant de l'enclave assiégée.

L'OMS a annoncé que 46 des 72 cliniques offrant des services de santé ont déjà fermées, laissant des milliers de personnes dans le besoin. 

Si l’approvisionnement en carburant s’épuise et que l’électricité est complètement coupée dans tous les hôpitaux, les médecins craignent pour la vie des milliers de personnes, y compris des nouveau-nés dans des incubateurs, des blessés dans des unités de soins intensifs, des malades en phase terminale sous respirateur, des patients sous dialyse rénale, etc…

« Si l'alimentation électrique d'un hôpital est coupée, les équipements de surveillance, l'administration d'oxygène, les ventilateurs, les salles d'opération qui ont besoin d'électricité pour fonctionner cesseront de fonctionner », a déclaré un médecin au site Internet Press TV, en gardant l’anonymat.

Selon certaines informations, les opérations chirurgicales sont réalisées sans anesthésie ni autre matériel chirurgical de base.

Selon les médecins sur le terrain, il est devenu impossible de se procurer du matériel chirurgical stérilisant, ce qui ne leur laisse d'autre choix que d'utiliser du vinaigre et du détergent pour nettoyer les plaies, des vêtements pour les bandages et des aiguilles à coudre à la place des instruments chirurgicaux.

Les experts de la santé préviennent que l'utilisation d'aiguilles à coudre pour suturer des plaies peut entraîner des lésions tissulaires, tandis qu'enrouler des vêtements autour des blessures comporte un risque de provoquer une infection grave.

En raison de la pénurie de médicaments, les antibiotiques ont été rationnés et des comprimés uniques sont administrés aux patients nécessitant plusieurs traitements pour lutter contre de terribles infections bactériennes.

Épidémie de maladies

Au milieu de sa campagne de bombardements sur le territoire assiégé, Israël a également coupé l'approvisionnement en eau de la bande de Gaza.

« Nous sommes confrontés à une crise sanitaire parce que les Palestiniens sont obligés de boire de l'eau insalubre et contaminée », a déclaré aux médias l'équipe du Croissant-Rouge travaillant à Gaza.

Selon les experts de la santé, le manque d’accès à l’eau potable peut avoir des conséquences désastreuses.

Actuellement, un à trois litres par personne et par jour sont disponibles à Gaza (cela inclut l'eau pour boire, se laver, cuisiner, etc.), alors que le minimum absolu est de 15 litres, selon les directives de l'OMS.

Les organisations internationales ont mis en garde contre la propagation des maladies d'origines hydriques et de la gale en raison du manque d'eau potable dans ce territoire connu sous le nom de « camp de concentration ».

Au milieu de l'intensification du blocus, Gaza est témoin d'épidémies de varicelle, de gale et de diarrhée dues à la détérioration de l'environnement sanitaire, au manque d'assainissement et à la consommation d'eau provenant de sources insalubres, selon les autorités sanitaires de Gaza et de Cisjordanie occupée.

Les médecins préviennent qu’en l’absence d’eau potable, la déshydratation, les maladies dues au manque d’hygiène et la propagation des maladies d’origines hydriques peuvent être très inquiétantes.

« C'est devenu une question de vie ou de mort. C'est un must ; le carburant doit être livré maintenant à Gaza pour rendre l'eau disponible pour 2 millions de personnes », a déclaré Philippe Lazzarini, commissaire général de l'Office de secours et des travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

« Sinon, des gens commenceront à mourir de déshydratation sévère, parmi lesquels de jeunes enfants, des personnes âgées et des femmes. L’eau est désormais la dernière bouée de sauvetage ».

Bombardement des services de santé

Les bombardements incessants du régime sioniste n’ont même pas épargné les hôpitaux et le personnel de santé.

Les autorités sanitaires palestiniennes affirment que les avions de combat du régime ont délibérément bombardé des hôpitaux et des ambulances, en violation des conventions internationales qui considèrent de telles attaques comme des crimes de guerre.

La Société du Croissant-Rouge palestinien a récemment condamné « le ciblage intentionnel des équipes médicales », qui a tué des ambulanciers, malgré une coordination préalable avec les responsables du régime.

Critiquant l'ordre répété d'évacuation des hôpitaux du nord de Gaza donné par Israël, l'OMS l'a qualifié de « condamnation à mort » pour les malades et les blessés.

« Forcer plus de 2 000 patients à déménager dans le sud de Gaza, où les établissements de santé fonctionnent déjà à pleine capacité et sont incapables d'absorber une augmentation spectaculaire du nombre de patients, pourrait équivaloir à une condamnation à mort », a déclaré l'organisme de santé de l'ONU.

Le communiqué ajoute que la vie des personnes en soins intensifs ou de celles qui dépendent d'un système de réanimation - y compris les nouveau-nés dans des incubateurs et ceux nécessitant une hémodialyse - est désormais en jeu.

Après que l’attaque contre l’hôpital Al-Ahli a tué plus de 500 personnes, le régime sioniste a menacé de bombarder également d’autres hôpitaux, notamment l’hôpital Al-Shifa, l’hôpital indonésien et l’hôpital Al-Quds.

Samedi, des avions de guerre israéliens ont mené des frappes aériennes à proximité immédiate de l'hôpital Al-Shifa et de l'hôpital indonésien dans le nord de la bande de Gaza, selon la télévision Al-Aqsa basée à Gaza.

Auparavant, le régime israélien avait appelé à l'évacuation de l'hôpital Al-Quds, qui héberge plus de 400 patients et 12 000 personnes déplacées, a rapporté le Croissant-Rouge palestinien.

Le ministère de la Santé de Gaza a annoncé que l'hôpital pédiatrique Al-Durrahin, dans l'est de Gaza, n'a pas non plus été épargné par les frappes israéliennes et que les patients ont été contraints d'évacuer les lieux après avoir été visés par des bombes au phosphore blanc interdites au niveau international.

L'hôpital pédiatrique fournissait des soins médicaux essentiels à des milliers d'enfants à Gaza.

Des cadavres s'entassent

Le plus grand hôpital de Gaza, Al Shifa, fonctionne bien au-delà de sa capacité depuis trois semaines.

Selon les chiffres avancés par Abu Selmia, le directeur de l'hôpital, le premier institut médical du nord de Gaza a une capacité de 700 lits mais traite actuellement plus de 5 000 personnes.

Plus de 1 000 patients sous dialyse rénale ont vu leur durée de séance réduite de quatre heures à 2,5 heures par patient, selon le ministère palestinien de la Santé.

Environ 9 000 patients atteints de cancer dépendent de la chimiothérapie pour rester en vie et le seul hôpital fournissant ce service fonctionne avec un seul générateur qui devrait cesser de fonctionner à tout moment, a noté le ministère.

Selon le personnel de l'hôpital Al Shifa, la situation à la morgue est préoccupante car elle a atteint sa pleine capacité il y a quelques jours et qu’elle regorge de corps gisant même dans les couloirs et les cours, augmentant les risques de propagation d'une épidémie.

L'hôpital est devenu aujourd’hui un toit pour plus de 60 000 déplacés ; ce qui constitue aussi un terrain propice à la propagation des maladies infectieuses, selon les experts de la santé.

L'UNRWA a annoncé que Gaza est confrontée à une pénurie de sacs mortuaires pour les morts et que les gens ont eu recours au stockage des cadavres dans des camions de glaces.

« Rien ne peut être pire que de ne pas trouver de linceuls pour couvrir vos proches, vous obligeant à utiliser de vieux morceaux de tissu ou des sacs poubelles pour envelopper les cadavres », a déclaré un médecin travaillant à Gaza.

Vendredi, le ministère de la Santé de Gaza a publié un rapport de plus de 200 pages répertoriant les personnes tuées dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre, parmi lesquelles, il y a près de 3 000 enfants.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV