TV

Le récit libéral de la Résistance palestinienne contre l’occupation sioniste

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Xavier Villar

Alors que l’agression israélienne contre la bande de Gaza assiégée s’intensifie, engendrant la pire crise humanitaire, un discours libéral sur la Résistance palestinienne est à nouveau largement utilisé, condamnant fondamentalement toute forme de réponse palestinienne.

Un exemple de ce récit est une déclaration publiée il y a quelques jours par l’ancien candidat à la présidentielle américaine, Bernie Sanders, considéré comme une voix progressiste au sein du spectre politique de ce pays.

Dans sa déclaration, Sanders affirme que la situation d'injustice en Palestine a été dénoncée par « de nombreuses institutions et individus », mais que tout cela a été perturbé « par l'attaque terroriste du Hamas », qui « a mis fin à toute possibilité d'une résolution juste pour le peuple palestinien ».

Le premier mythe qui sous-tend le récit libéral sur la Palestine est la négation du moment fondateur de la violence, qui n’est autre que l’établissement du régime colonial sioniste en 1948.

De toute évidence, il ne s’agissait pas d’un cas isolé de violence, mais plutôt d’un épisode qui se répète quotidiennement, sous diverses formes et manifestations.

Sans prendre en compte ce moment fondateur et son itération quotidienne, il est impossible de comprendre la violence infligée aux Palestiniens par le régime occupant et illégitime.

Le mythe libéral repose sur l’omission de ce moment fondateur et tend à se concentrer, comme dans ce cas, sur l’opération du Hamas, qui est perçue comme « une violence injustifiée et totalement irrationnelle ».

En d’autres termes, une fois négligée la violence sioniste structurelle, chaque acte de résistance palestinienne est interprété comme l’acte initiateur de la violence.

Le deuxième mythe qui sous-tend le récit libéral est l’absence d’analyse raciale de la situation.

Depuis sa création, l’entité sioniste a établi une division ontologique entre Israéliens et Palestiniens, aboutissant à une dichotomie entre ceux considérés comme humains et ceux considérés comme non-humains.

Les paroles de l’actuel ministre israélien de la Guerre, Yoav Gallant, qualifiant les Palestiniens d’« animaux », servent d’exemple de cette perspective raciale qui façonne le projet colonial sioniste.

On peut donc affirmer qu’il n’est pas possible d’analyser la Palestine et la réponse palestinienne sans prendre en compte la structure raciale et coloniale sioniste.

Un troisième mythe libéral est ce que l'on appelle communément le « blâme de la victime ». De ce point de vue, on attend de la victime qu'elle soit « parfaite » pour recueillir le soutien de l'opinion libérale. Dès que la victime décide d’agir et cesse d’être passive ou endormie, les critiques et les condamnations se multiplient.

La victime parfaite est celle qui n'a pas la capacité réelle d'agir pour modifier le statu quo politique et, en tout cas, doit être considérée comme « respectable » selon les normes politiques libérales.

On peut donc affirmer que ce que le libéralisme cherche chez cette « victime parfaite », c’est de la romantiser perpétuellement dans un état de passivité absolue.

Cette perspective est antipolitique car elle nie la possibilité de changer le statut de la victime et la confine dans un état d'oppression perpétuelle sans possibilité de le modifier.

De manière perverse, la « victime parfaite » se transforme en « oppresseur » dès qu’elle acquiert de l’action, comme cela a été évident dans le cas palestinien.

Ce qui précède doit être compris comme une réponse découlant de l’anxiété des Blancs et de leur résistance à accepter la décentralisation de l’Occident et la blancheur comme points focaux du discours universel.

En d’autres termes, un soutien peut être proposé aux victimes à condition qu’elles ne remettent pas en question les fondements discursifs occidentaux. Toutefois, ce principe ne s’applique pas à la situation en Palestine.

Il est crucial de souligner que se concentrer sur les prétendues « imperfections » des victimes palestiniennes équivaut à une complicité dans la domination coloniale sioniste.

Le quatrième mythe sur lequel repose le récit libéral est celui de l’illégitimité de la résistance armée contre le régime colonial sioniste.

De ce point de vue, on oublie souvent que le Hamas a été fondé en 1987, deux décennies après l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie, et 40 ans après la colonisation sioniste de 1948.

En outre, le fait que la stratégie de collaboration de l’Autorité palestinienne, en particulier sous son président actuel Mahmoud Abbas, n’a pas réussi à mettre un terme à l’expansion sioniste illégale, est également omis.

Enfin, il est intéressant de constater un type de mythe qui a perdu de sa force et qui, d'une certaine manière, faisait également partie du discours libéral. Le fait que le régime dépende du porte-avions américain le plus avancé technologiquement pour se défendre contre les attaques du mouvement de résistance a érodé tout ce qui reste de dissuasion de l’État sioniste.

Le message véhiculé par ce déploiement américain est que l’entité sioniste ne peut pas affronter le Hamas et les autres membres de l’axe de la Résistance, en particulier le mouvement de résistance libanais Hezbollah, sans l’aide des États-Unis et d’autres alliés occidentaux.

Sur cette base, on peut affirmer que ce qui s’est produit à Gaza et en Palestine occupée est, d’un point de vue politique, une révolte anticoloniale exprimée en termes islamiques et révolutionnaires.

C’est précisément pour cette raison que l’approche libérale ne peut analyser la situation qu’en condamnant la violence « irrationnelle » perpétrée par le Hamas et, comme on l’a observé, elle échoue également à identifier les causes de longue date qui expliquent la réponse de la Résistance palestinienne.

Xavier Villar est titulaire d'un doctorat en études islamiques et chercheur qui partage son temps entre l'Espagne et l'Iran.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV