TV
Infos   /   Iran   /   L’INFO EN CONTINU   /   Point de Vue

Le PGAC, un accord multilatéral détruit par l'unilatéralisme américain

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Hamid Karami

Cela fait huit ans que le Plan global d'action conjoint (PGAC), communément appelé l'accord sur le nucléaire iranien, a été signé entre l'Iran et les puissances mondiales dans la capitale autrichienne Vienne.

Les signataires de l'accord historique signé le 14 juillet 2015 étaient la Chine, la France, l'Allemagne, la Russie et le Royaume-Uni, en dehors de l'Iran et des États-Unis.

En vertu de l'accord, les États-Unis et l'UE ont convenu de lever un certain nombre de sanctions anti-iraniennes imposées au fil des ans, en échange de quoi l’Iran s’est engagé à limiter son enrichissement d'uranium et à réduire son stock existant.

Or, l'accord a été violé par les États-Unis, sous l'administration du président Donald Trump, bien que l'Iran ait pleinement respecté sa part d'engagements. Les Européens n'ont pas non plus réussi à sauver l'accord.

Les pourparlers en cours depuis deux ans à Vienne pour relancer l'accord n'ont pas abouti, principalement en raison de la politique de procrastination adoptée par les États-Unis et leurs alliés européens.

Qu'est-ce que le PGAC ?

Le PGAC est le résultat de négociations marathon de 20 mois entre les diplomates iraniens et américains, ainsi que d'autres responsables de pays européens.

Ces négociations ont d'abord abouti au plan d'action conjoint intérimaire conclu en 2013 à Genève, puis à un accord-cadre conclu en avril 2015 à Lausanne, et enfin le 14 juillet 2015 à Vienne, il a été annoncé que l'accord définitif était conclu.

L'accord historique a été largement salué dans le monde entier, à l'exception du régime sioniste et de ses éléments affiliés au Parti républicain américain.

À l'époque, de nombreux observateurs régionaux ont salué l'accord et la politique apparemment pragmatique du président américain Barack Obama, le considérant comme un revirement dans la politique anti-iranienne de Washington depuis des décennies.

D'autres, cependant, ont appelé à la prudence, soulignant le fait que les Américains et leurs alliés européens n'étaient pas fiables.

Comment l'accord a-t-il commencé à s'effondrer ?

Au cours des deux années qui ont suivi la signature de l'accord, alors que l'Iran respectait pleinement les termes de l'accord, le manque de fiabilité des Américains était évident alors qu'ils cherchaient des prétextes pour réduire leurs engagements.

Cependant, avec l'accession de Trump à la présidence américaine, connu pour son affiliation étroite avec les sionistes et les néoconservateurs, le terrain était aplani pour la violation de l'accord, malgré le plein respect de l'Iran.

Le 8 mai 2018, Trump a officiellement annoncé qu'il retirait les États-Unis du PGAC et a imposé les "sanctions les plus sévères de l'histoire" à l'Iran dans le cadre de la campagne dite de "pression maximale".

Les avertissements précédents du Leader de la Révolution islamique, l'Ayatollah Khamenei, concernant le manque de fiabilité des États-Unis, se sont avérés justes lorsque Trump s'est unilatéralement retiré de l'accord.

Pour la quatrième fois depuis l’avènement de la Révolution islamique, les États-Unis ont répondu avec hostilité à une main tendue de coopération de la part de l’Iran; la première fois avec le rejet des actifs bloqués demandés en 1979, la deuxième fois avec l'introduction de sanctions économiques dans les années 1990 et la troisième fois avec le rejet de la coopération antiterroriste offerte en 2001.

N'ayant aucune expérience diplomatique, et avec par contre, une confiance aveugle dans ses conseillers sionistes mégalomanes, Trump s'attendait à ce que ce retrait du PGAC force l'Iran à signer un nouvel accord avec des concessions beaucoup plus importantes à donner aux Américains, entre autres ou bien qu’il conduise à un effondrement de l'économie, de la société et de l'État de ce pays.

Cependant, son pari téméraire s'est avéré être une énorme erreur de calcul car l'Iran a non seulement survécu avec succès à cette campagne de pression maximale, mais encore il a transformé l'adversité en une opportunité de progrès.

Comment l'Iran a-t-il réagi au retrait américain ?

La décision unilatérale de Trump a pratiquement gelé la mise en œuvre des dispositions clés du PGAC, à savoir la levée des sanctions et la fixation des limites pour l'enrichissement, car les deux principales parties à l'accord étaient l'Iran et les États-Unis.

Cependant et malgré le retrait américain, l'Iran a décidé de rester signataire de l'accord avec les parties restantes, mais avec la mise en œuvre de mesures réciproques conformes à la loi décidée par son Parlement.

Ces mesures incluent la poursuite de l'enrichissement de l'uranium à un niveau supérieur et l'augmentation de ses stocks ; des mesures qui - les responsables iraniens le soulignaient à plusieurs reprises - sont réversibles si les Américains reviennent à l'accord de bonne foi et lèvent les sanctions paralysantes.

En réponse à la décision américaine, l'Iran a également avancé sept propositions aux pays européens, leur demandant de se conformer à leurs obligations en vertu de l'accord.

Cependant, l'UE s’est montrée, dans la pratique, extrêmement inféodée à Washington, se contenant des critiques verbales de Trump, dont la politique d'imposition de sanctions anti-iraniennes a été, d’ailleurs suivie plus tard par son successeur, Joe Biden.

Qu'est-ce qui empêche le renouvellement de l'accord?

Les promesses pré-électorales de Biden d'annuler les mesures de son prédécesseur et de revenir au PGAC se sont avérées être une simple tromperie, après deux ans et demi de refus d'engager des négociations sérieuses avec l'Iran.

Les conditions de l'Iran pour une conformité totale sont claires et rationnelles : le retour des États-Unis à l'accord, la levée de toutes les sanctions imposées par l'administration Trump et l'assurance que les administrations américaines actuelles ou futures ne violeront plus l'accord.

Les États-Unis, cependant, n'ont pas montré de volonté politique pour une solution et continuent avec des réponses non constructives, rejetant la responsabilité sur la partie iranienne ou proposant un accord limité qui, techniquement et temporellement, ne convient qu'à eux, selon les observateurs.

Cette politique de procrastination, selon les observateurs, a conduit à une impasse dans les pourparlers en cours à Vienne depuis avril 2021.

Hamid Karami est un analyste des affaires stratégiques basé à Téhéran.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV