Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. Vers une alliance Russie/Iran/Burkina Faso !
La France a bien tort de voir à travers cette décision-choc de Ouagadougou de révoquer la totalité des accords militaires avec elle et de donner seulement un mois pour que les 900 soldats français de la Force Sabre quittent le Burkina un coup russe ! C'est même pitoyable que de voir leurs médias RFI et AFP disserter de long en large sur le supposé complot russe qui aurait débouché à peine quelques heures après la rencontre du PM Burkinabé et de l'ambassadeur russe sur l'ultimatum anti-France. A vrai dire, il n'y a pas que les Russes, mais il y en a d'autres qui se sont portés candidats, non pas pour chasser les Français et prendre leur place, celle qu'ils ont utilisée des années durant et au nom de la lutte contre le terrorisme jihadiste pour déstabiliser le Burkina, le piller du mieux qu'ils pouvaient tout en appuyant en sous-main ces mêmes terroristes, mais pour fonder un modèle de partenariat et de coopération transcontinentaux qui rompt radicalement avec le nauséabond parrainage colonial auquel s'adonne la France au Sahel et en Afrique. De cette façon, que RFI tienne compte aussi de cette rencontre qui a eu lieu juste avant l'annonce de la rupture des accords militaires, entre le PM Faso d'une part et le vice ministre iranien des AE et négociateur en chef nucléaire Bagheri de l'autre. Une première, qui marque un vrai tournant au Sahel si on y ajoute l'extension des liens Iran-Mali aussi. Au fait à ce qui apparaît le Mali et le Burkina se sont engagés dans une dynamique coalitionniste qui tend à déborder le Sahel et à aller chercher des partenaires non pas seulement dans le Maghreb et à travers la puissante armée algérienne, mais encore en Europe et au Moyen-Orient via d'une part la Russie et de l'autre l'Iran.
C'est bien significatif que cette « dénonciation » des accords de coopération militaire avec la France soit adressée quelques heures après que le capitaine Ibrahim Traoré a affirmé, devant des étudiants que le « combat pour la souveraineté » était « engagé » et que les « relations avec certains États » allaient être revues. Après un appel à la mobilisation générale qui a concentré 90.000 personnes en vue de créer une énorme armée anti terroriste puis après avoir mis à la porte la coordinatrice de l'ONU et l'assureur de la France, soit deux figures largement impliquées dans les réseaux de financement obscur des terroristes jihadistes, le Burkina de Traoré se tourne vers la Russie et l'Iran pour qu'ils apportent leur soutien à Ouagadougou à titre de vrais partenaires.
Car ces terroristes que la France et ses alliés de l'OTAN ont inventés depuis une décennie au Sahel c'est bien la prolongation de Daech contre qui l'Iran s'est battu aux côtés de l'Irak et de la Syrie et la prolongation de ces radicaux d'Azov que les Occidentaux ont créé en Ukraine contre l'armée russe.
2. Décoloniser l’éducation en Afrique serait un grand pas pour l’avenir du continent !
Pour lutter contre le néocolonialisme, l’Afrique doit revoir en profondeur sa manière de former sa jeunesse. Cela passe, entre autres, par l’utilisation des langues locales et la prise en compte des réalités socioculturelles des différents pays du continent.
Depuis plusieurs années maintenant, beaucoup d’intellectuels africains ont évoqué la nécessité de décoloniser les systèmes éducatifs en vue d’un monde meilleur pour le continent. L’éducation africaine est inspirée du modèle occidental. C’est l’une des nombreuses choses qui reste de la colonisation. Mais, comme le dit un proverbe : « Un homme sans culture est un zèbre sans rayures. » L’Afrique ne pourra donc se développer si sa jeunesse ignore tout de ce qui fait son identité réelle, sa culture, son histoire et sa genèse. Pour une meilleure prise de conscience des enjeux de la part des Africains eux-mêmes, il est important que l’école éduque et sensibilise sur l’histoire du continent et non l’histoire de l’Occident. Il faut donc enseigner autrement, « décoloniser » l’éducation africaine.
Les systèmes éducatifs africains ont connu de grandes évolutions. À l'image des ex-colonisateurs, ils sont passés de la pédagogie traditionnelle à l’approche par les compétences. Un cadre théorique qui ne prend pas en compte les réalités socioculturelles des pays en Afrique.
Les systèmes éducatifs actuels enseignent aux enfants l’histoire des pays pendant la période coloniale et, donc, sous l’emprise des pays occidentaux avec la version de ces mêmes pays colonisateurs. En histoire, les principaux enseignements portent essentiellement sur l’existence de quelques souverains et royaumes africains. Or, parce que l’Afrique est le berceau de l’humanité, son histoire ne peut se résumer à des évènements qui ont eu lieu uniquement sur un seul siècle, c’est-à-dire pendant et après la colonisation. Il est important que les systèmes éducatifs africains fassent l’objet d’une transformation et d’une « décolonisation » des curricula. Afin de donner aux enfants un sentiment réel d’appartenance, une envie d’apprendre et d’entreprendre pour leur épanouissement.
Pour que les enfants aient une réelle ouverture d’esprit, le passé du continent doit être un objet d’étude ; l’enseignement doit se fonder sur une réalité sociale et culturelle. Il est utile d’intégrer dans les systèmes éducatifs des sorties culturelles dans des musées d’art africains, mais aussi dans des centres historiques. En 2020, près de 90 000 objets d’art d’Afrique ont été restitués. Mais qu’il est important d’exploiter à travers leur conservation et utilisation pour instruire les enfants.
Intensifier l’apprentissage des langues maternelles et intégrer leur apprentissage dans les systèmes éducatifs. Il est essentiel de promouvoir leur utilisation afin que ces langues, qui sont de véritables patrimoines culturels, ne meurent pas. Les élèves seront donc initiés aux langues maternelles, du primaire au collège. Elles deviendront par la suite obligatoires dans les séries littéraires au lycée, et une option pour les autres séries.
Depuis 2020, l’anglais n’est plus la seule langue officielle dans l’État de Lagos au Nigeria. Elle a été remplacée par le Yoruba. En Mauritanie aussi, les discussions au Parlement peuvent se faire en quatre langues nationales. Il est important d’encourager ces initiatives. Un moyen d’avoir une approche inclusive et de ne laisser personne en marge de la société tout en valorisant le patrimoine culturel africain.
Les cours d’histoire doivent accorder une large place à l’histoire générale de l’Afrique, passant de l’époque égyptienne à celle des indépendances des pays. L’école doit permettre une ouverture d’esprit et au monde chez les enfants. Leur permettre d’en savoir beaucoup plus sur l’Afrique, mais aussi sur les autres continents afin qu’ils puissent avoir une culture complète. La géographie doit aussi faire l’objet d’une refonte et permettre aux enfants d’apprendre sur les pays d’Afrique.
Continuer à mettre en lumière les auteurs africains et permettre à la jeunesse d’apprendre sous l’œil d’auteurs auxquels ils peuvent s’identifier. Que les poèmes et chansons enseignés en primaire ne se limitent pas aux fables de La Fontaine, mais aux comptes et poèmes d’Afrique qui sont beaucoup plus riches et plus proche de la réalité africaine. Plusieurs ouvrages remarquables sont publiés chaque année par d’auteurs africains, des romans, des fictions, des idéologies, des poèmes…
Ils doivent être valorisés et permettre à la jeunesse de prendre conscience des talents dont regorge l’Afrique. Selon Crahay, Audigigier et Dolz, une éducation doit prendre en compte l’impact des traditions culturelles, des croyances, des convictions, des valeurs des enseignants, des décideurs politiques et des parents.
Le continent recèle d’une richesse culturelle immense, diverse et variée. Il est temps de mettre en place une éducation basée sur des curricula africains, un contexte africain et une idéologie africaine pour permettre aux générations futures de s’ouvrir et de prendre conscience du potentiel continental.
3. Le bilan de la tournée africaine de la Chine
Le ministre chinois des Affaires étrangères a effectué une tournée en Afrique. Il a visité cinq pays, parmi lesquels l’Égypte, le Gabon ou encore le Bénin. Quel est le bilan de ce voyage ?
Chaque début d’année depuis plus de trois décennies, la diplomatie chinoise se lance dans une tournée africaine qui montre l’intérêt du continent pour la Chine. Avec, cette année, un triple enjeu : au-delà des relations politiques et économiques à consolider, Pékin présentait son nouveau ministre des Affaires étrangères, Qin Gang, nommé à son poste le 30 décembre dernier, et il s’agissait également de contrer les États-Unis, quelques jours seulement après un sommet USA-Afrique qui a fait la une de l’actualité.
Le chef de la diplomatie chinoise s’est cantonné à des visites dans cinq pays. D’un côté, l’Angola était une destination inévitable tant l’influence chinoise dans ce pays est forte. Après 2002 et la crise interne, l’Angola a en effet fait appel à la Chine pour se reconstruire, nouant de nombreux partenariats économiques et financiers. Plus surprenant, le ministre chinois des Affaires étrangères s’est également rendu en Éthiopie, au Bénin, au Gabon et en Égypte. Pour quoi faire ?
Pékin vise les institutions internationales
Pour ce qui est de l’Éthiopie et de l’Égypte, il s’agissait surtout pour Pékin de montrer son influence continentale et régionale. Dans ce premier pays, le chef de la diplomatie chinoise inaugurait le nouveau siège du Centre de contrôle des maladies de l’Union africaine (CDC Africa), dont Pékin a financé la construction. En Égypte, c’est plutôt la Ligue arabe qui est dans la ligne de mire de la Chine. Si Pékin a noué des partenariats avec Abdel-Fattah al-Sissi, le ministre chinois des Affaires étrangères a également profité de son séjour au Caire pour s’entretenir avec le secrétaire général de la Ligue arabe.
Mais il n’a pas seulement été question d’influence. Les ressources naturelles africaines intéressent énormément la Chine. Notamment en Éthiopie. Ce qui a irrémédiablement conduit Qin Gang à proposer au Premier ministre Abiy Ahmed un report du remboursement de la dette, pour un montant avoisinant les 4,5 millions de dollars.
La dette est d’ailleurs l’un des principaux leviers actionnés par la Chine — l’Empire du Milieu a déboursé plus de 150 milliards de dollars depuis deux décennies au titre de la dette en Afrique. Au Bénin, Qin Gang a signé un protocole d’accord non pas sur un report, mais sur l’annulation partielle de la dette chinoise. Et comme bien souvent, aucune des contreparties négociées avec Cotonou n’a fuité.
Enfin, le seul mystère de cette tournée chinoise en Afrique restera le Gabon. Sur place, Qin Gang s’est entretenu avec un Ali Bongo Ondimba qui cherche actuellement à être réélu dans un fauteuil. Pékin a affirmé vouloir aider le Gabon, sans qu’aucun accord ne soit signé lors de cette tournée. Certes, l’Empire du Milieu est le partenaire le plus prolifique de Libreville. Mais le Gabon se tourne actuellement vers le Commonwealth pour sortir du joug de la France, et nul doute que le nouveau partenaire britannique du pays qui s’imaginait pouvoir prendre entièrement le contrôle du pays verrait d’un mauvais œil que Pékin continue à se développer sur place. Le ministre chinois des Affaires étrangères a cependant promis d’aider Bongo à « avancer le Plan Stratégique Gabon Emergent » et de se lancer dans « une coopération gagnant-gagnant ».
La facilité avec laquelle les pays comme la Chine ou encore la Russie peuvent instaurer un partenariat avec les pays africains, montre que le continent cherche de plus en plus à couper les liens avec l’Occident, qui jusqu’à présent, ne lui a rien rapporté contrairement aux nombreuses promesses qui lui ont été faites ces dernières décennies.