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Le commandant emblématique irakien Abu Mahdi Al-Mohandes en tant que "soldat" du général Soleimani

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Par Syed Zafar Mehdi

Jamal Jaafar Ibrahimi, communément connu sous son nom de guerre Abu Mahdi al-Mohandes, préférait l'anonymat et la discrétion dans la vie, bien qu'il soit l'un des commandants militaires les plus puissants et les plus influents d'Irak.

Chef-adjoint des Hachd al-Chaabi, un groupe de coordination de groupes de résistance irakiens, al-Mohandes a joué un rôle déterminant dans l’anéantissement du groupe Daech en Irak, aux côtés du haut commandant antiterroriste iranien, le général Qassem Soleimani.

Malgré sa stature sacrée dans le camp de la résistance et son héroïsme sur le champ de bataille, al-Mohandes se considérait comme un « soldat » du général Soleimani, le chef de la force Qods du CGRI, qui était la cible principale de la frappe de drone du 3 janvier ordonné par le président américain de l’époque, Donald Trump.

Dans un film documentaire diffusé à la télévision d'État iranienne en avril 2017, ce célèbre commandant militaire irakien a évoqué son amitié avec le général Soleimani, sa proximité avec la Révolution islamique ainsi que son admiration pour Imam Khomeiny. 

« Être un soldat du général Soleimani, affirme al-Mohandes avec un soupçon de fierté et d'humilité, était une bénédiction de Dieu ». Il a par ailleurs réaffirmé son allégeance au système de Velayat-e Faqih (Tutelle de juristes-théologiens islamique).

Il ne sera pas exagéré de dire qu’al-Mohandes était un symbole d'unité et de synergie entre l'Iran et l'Irak et que les puissances arrogantes occidentales avaient longtemps essayé de le briser, même en utilisant des pions et des marionnettes comme Saddam Hussein.

L’ancien commandant de l'axe de la Résistance, qui a fait la navette entre l'Iran et l'Irak, était l'incarnation de la bravoure, de la piété, du patriotisme et de la fermeté. Il l'a démontré en chassant les terroristes de Daech de Mossoul ou en aidant les personnes touchées par les inondations au Khouzestan.

Les liens du célèbre commandant irakien avec l'Iran et la Révolution islamique remontent à la guerre Iran-Irak dans les années 1980, lorsque le régime baasiste soutenu par l'Occident à Bagdad a déclenché une guerre dévastatrice contre les Iraniens, en utilisant des armes chimiques et biologiques fournies par les Européens et les Américains.

Il a combattu aux côtés des forces iraniennes contre le régime baathiste dirigé par Saddam et aussi contre les terroristes de l’OMK, tous deux étant responsables de dizaines de milliers de morts en Iran. L’OMK est maintenant abritée par le complexe militaro-industriel américain en Albanie.

Mais ce qui a mis al-Mohandes sous les feux de la rampe, c'est la bataille sans merci contre les terroristes takfiristes de Daesh soutenu par l'Occident en Irak, alors même qu'il combattait sous le commandement du général Soleimani - qu'il considérait fièrement comme son « commandant ».

Qu'il s'agisse de la longue bataille de Falloujah, qui a marqué la première incursion d'Abou Bakr Al-Baghdadi dans le but de l'établissement du « califat islamique » autoproclamé en 2014, ou de la campagne militaire sanglante à Mossoul, la deuxième plus grande ville d'Irak, qui a vu le groupe terroriste se déchaîner d'horreur et de destruction, al-Mohandes se tenait en première ligne, alors que le général Soleimani dirigeait les opérations anti-Daech.

Les deux commandants antiterroristes se complétaient parfaitement et dirigeaient depuis le front le combat, ce qui a remonté le moral des soldats, y compris des combattants volontaires, dans les conditions les plus difficiles.

« Les Hachd al-Chaabi n'auraient pas pu mener d'aussi grandes opérations sans le soutien de la République islamique d'Iran, surtout l'Ayatollah Seyyed Ali Khamenei qui a ordonné aux forces Qods de soutenir les Hachd », a déclaré al-Mohandes dans une interview à Al- Mustaqbal après la libération de Tikrit en avril 2015, reconnaissant le soutien militaire, de renseignement et logistique de l'Iran.

Après que le groupe terroriste a été décimé en Irak, al-Monandes a salué le décret historique émis par le plus haut religieux du pays, l'Ayatollah Seyyed Ali Sistani, galvanisant la jeunesse irakienne contre le groupe terroriste takfiriste.

La victoire glorieuse de l'axe de la Résistance contre Daech a témoigné de manière éloquente de la vision stratégique du haut clergé en Iran et en Irak.

Al-Mohandes avait la plus haute estime auprès de l'Ayatollah Khamenei et l'Ayatollah Sistani. Le Leader de la Révolution islamique d’Iran lui a dit un jour qu'il se souvenait de lui par son nom dans ses prières tous les soirs. Cela montrait leur admiration mutuelle.

Cependant, malgré, ou devrais-je dire, à cause de son héroïsme sur le champ de bataille contre le groupe terroriste Daech, al-Mohandes était un « terroriste désigné » pour les États-Unis, ce qui donne du crédit aux informations faisant état d'une collusion étroite entre les États-Unis et Daech.

« C'est un terroriste désigné. C'est ainsi que nous pensons à lui. Mais il est là, donc il doit être pris en compte », a déclaré le colonel Steve Warren, porte-parole des forces de la coalition dirigée par les États-Unis, cité par le Wall Street Journal, en juin 2016.

Le rapport du WSJ à l'époque décrivait al-Monhandes comme le « chef singulier, organisant la logistique et les plans militaires » pour les Hachd al-Chaabi ainsi que le « bras droit » du général Soleimani.

Alors que la coopération du légendaire commandant militaire irakien avec l'Iran et le général Soleimani a été largement documentée, il a également partagé des liens étroits avec d'autres dirigeants de l'axe de la Résistance, de la Palestine au Yémen en passant par le Liban.

Dans une interview avec le radiodiffuseur libanais Al-Mayadeen en janvier 2017, Al-Mohandes a admis que les Hachd al-Chaabi avaient « largement bénéficié » du soutien du Hezbollah - en termes d'armes, de formation et de planification - qui, selon lui, s'est avéré essentiel dans la préparation au combat du groupe contre le groupe Daech.

Sur un plan plus personnel, al-Mohandes s'est dit « honoré » de partager une relation « de longue date » avec le chef du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah, le qualifiant de « chef de l'axe de la Résistance ». Une photo non datée d'eux a été largement partagée sur les réseaux sociaux.

Il a également fait l'éloge de deux célèbres commandants militaires du Hezbollah, Imad Moghniyeh et Mostafa Badreddine, les qualifiant de « grands martyrs ».

« Les objectifs de l'Iran, du Hezbollah et du PMU en Irak sont de préserver la terre, de mettre fin aux guerres et de rétablir la stabilité dans la région », a-t-il affirmé dans l'interview.

Le lien d’al-Mohandes avec la République islamique, cependant, était spécial et inébranlable ; en témoignent ses remarques sincères dans une interview d'avril 2017 avec la télévision d'État iranienne.

Parlant couramment le persan, al-Mohandes a exprimé son désir d'être enterré à Behecht-e -Zahra, « à côté de Bahonar et Beheshti », dans le sud de Téhéran qui abrite des dizaines de milliers de martyrs de la guerre Iran-Irak, des victimes des bombardements de l'OMK et de la guerre de Daech en Irak et en Syrie plus récemment.

Néanmoins, son vœu n'a pas pu être exaucé.

Avec ses camarades irakiens assassinés lors de la frappe du 3 janvier, al-Mohandes a été enterré au cimetière de Wadi al-Salaam dans la ville sainte irakienne de Najaf.

« Vivre dans le cœur de ceux que nous laissons derrière nous, n'est pas mourir ». C’est ce qu’a écrit le poète écossais du début du XIXe siècle, Thomas Campbell. Al-Mohandes vit à travers son héritage et à travers la cause pour laquelle lui et le général Soleimani ont vécu, se sont battus et ont sacrifié leur vie.

Syed Zafar Mehdi est un journaliste, commentateur politique et auteur basé à Téhéran. Il a réalisé des reportages pendant plus de 12 ans sur l'Inde, l'Afghanistan, le Pakistan, le Cachemire et le Moyen-Orient. 

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

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SOURCE: FRENCH PRESS TV