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Campagne sur plusieurs fronts contre l'Iran avec un seul objectif : changement de régime

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Xavier Villar

Il y a une campagne permanente sur les réseaux sociaux contre la République islamique d’Iran ; une campagne qui s’est intensifiée après la mort de Masha Amini à la mi-septembre.

Cette fois, la campagne s’est concentrée sur les droits des femmes et la justice. Le récit principal ici est qu’une « révolution féministe » est en cours dans les rues d’Iran.

Ce récit est construit autour de l’idée d’un soulèvement pacifique et général contre le « régime islamique », un « régime » qui tente d’arrêter la vague historique qui pointe vers sa dissolution politique.

L’idée d’un « mouvement pacifique » est centrale dans cet exercice discursif, et c’est pourquoi on ne peut pas voir ou lire dans les médias occidentaux des cas de jeunes volontaires du Basij tués par des émeutiers armés ou des menaces de mort contre ceux considérés comme des « collaborateurs du régime ».

Les rapports sur ces attaques de foule se seraient heurtés à leur récit d’une « révolution pacifique ».

La violence, après tout, c’est le langage de la République islamique, n’est-ce pas ? C’est du moins ce que les libéraux en Iran, comme Sadegh Zibakalam, voudraient faire croire aux gens à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran.

Ils nous disent aussi que la démocratie, la tolérance et le dialogue sont des caractéristiques intrinsèques de leur vision politique. Mais je ne veux pas parler, encore une fois, du fantasme libéral d’une vision politique non violente et non raciale.

Le libéralisme aspire à être un langage politique universel, qui ne laisse aucune place aux possibilités alternatives.

Il existe d’autres soi-disant « groupes d’opposition » qu’il convient de mentionner ici. Commençons par les Pro-Pahlavi. Ils sont animés par un sentiment de nostalgie, un attachement sentimental à une époque révolue. Mais qu’en est-il de leur vision politique ?

Les Pahlavi faisaient partie de ce que le professeur Salman Sayyid appelle le « kémalisme ». Le « kémalisme », pour lui, ce n’est pas seulement la modernisation, mais l’occidentalisation.

Il est utilisé pour décrire la série de transformations au cours desquelles des gouvernements dirigés par ceux qui se disent musulmans ont mené des réformes qui ont sapé la possibilité d’une agence politique musulmane.

La famille kémaliste ne comprend pas seulement les Pahlavi. Bourguiba en Tunisie, Atatürk en Turquie et Saud en Arabie saoudite sont tous des exemples de cette famille politique.

L’une des principales caractéristiques du kémalisme est l’idée que l’islam ne peut être promu au statut d’identité politique.

Les Pahlavi en Iran ont retiré l’influence de l’islam politique des institutions publiques. Ils ont préféré la langue pré-islamique, non pas à cause de ses valeurs historiques, mais parce qu’ils pensaient que le recours à un passé persan effacerait la possibilité d’une agence musulmane.

Comme la Révolution islamique nous l’a montré, ils avaient totalement tort. L’agence musulmane a été le moteur de la Révolution islamique, la même Révolution qui a mis le dernier clou dans le cercueil kémaliste, du moins en Iran.

Les Pahlavi sont partis, mais l’idéologie kémaliste est toujours présente au « Muslimistan », et exprime toujours sa haine contre la République islamique.

L’Organisation des Mojahedin-e-Khalq (OMK) est essentiellement une organisation sectaire, vilipendée par les Iraniens, même ceux qui ne soutiennent pas la politique représentée par la République islamique parce qu’ils se sont rangés du côté de l’ancien dictateur irakien Saddam Hussein dans sa guerre contre l’Iran dans les années 1980.

Au moins 15 000 Iraniens ont été tués par le groupe depuis l’établissement de la République islamique en 1979. Et, de nos jours, l’OMK est soutenue par des figures comme John Bolton, l’ancien conseiller belliciste américain à la sécurité nationale.

Le groupe entretient également de bonnes relations avec le régime sioniste et son agence d’espionnage Mossad. Les autorités iraniennes affirment que le groupe terroriste était à l’origine de certains des sabotages et des assassinats des forces de sécurité dans le pays ces derniers mois.

L’OMK fonctionne comme une sorte de groupe mandataire pour les États-Unis et leurs alliés. Allons décortiquer le sujet. Si nous définissons le pouvoir comme la capacité d’action autonome, il est facile de voir que l’OMK n’a pas de pouvoir propre. Le groupe compte sur les États-Unis et le régime israélien pour sa survie, tant sur le plan politique que financier.

Nous ne parlons pas seulement ici du soutien matériel et économique que le groupe reçoit de l’Occident — il reçoit des milliers de dollars en paiement de son rôle de mandataire au nom de l’Occident et de l’Arabie saoudite —, on parle aussi ici des éléments discursifs que le groupe tente d’articuler.

Ces éléments discursifs ne sont même pas originaux. Le groupe imite simplement certains concepts occidentaux et essaie de les assaisonner d’une « saveur persane » afin de rendre leur message plus acceptable.

En d’autres termes, le discours de l’OMK n’est pas une sorte de message nativiste et iranien. Sa grammaire occidentale est déguisée, du moins le pensent-ils, en une sorte de langue nationaliste ou en langue meurtrière déguisée en discours « pro-droits de l’homme ».

Il convient également de noter ici, même brièvement, le rôle joué par certains médias tels que les chaînes de télévision Manoto et Iran International, financée par l’Arabie saoudite, entre autres. Ces réseaux font partie de la campagne contre la République islamique. En effet, ils peuvent être une partie vitale de l’effort sans fin pour déclencher l’effondrement de la République islamique.

Ainsi, il y a une campagne sur les réseaux sociaux au cours de laquelle différents soi-disant « groupes d’opposition » et certains médias propagent la haine contre la République islamique et incitent aux émeutes.

Qu’y a-t-il d’autre ? Ils ont un récit et un discours communs partagés par tous ces différents groupes et organisations. Un discours unique, aux articulations différentes, mais avec un même objectif : provoquer le « changement de régime » en Iran.

Xavier Villar, docteur en études islamiques, est un chercheur basé en Espagne et en Iran.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV.)

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV