Dans ce numéro de Zoom Afrique :
L’actualité en Afrique :
Société Générale Côte d’Ivoire réalise un bénéfice net en hausse de 6 % en 2018, à 72 millions de dollars.
Le groupe d’action politique et de plaidoyer Speak Up Africa s’associe à Comic Relief et au Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme en soutenant le déploiement de la campagne « Zéro Palu ! » dans deux nouveaux pays.
Le gouvernement gabonais a imposé une interdiction définitive sur trois qualités de bois. Cette annonce intervient dix ans après l’interdiction des grumes dans ce pays d’Afrique centrale. La nouvelle a été bien accueillie par les petits opérateurs.
Les analyses de la rédaction :
La Côte d’Ivoire est-elle sur le point d’être entraînée dans un conflit qui ne lui rapporterait rien si ce n’est l’insécurité et la guerre ? Tout le monde s’est interrogé sur les vraies raisons de la récente visite du président égyptien en Côte d’Ivoire à titre de président de l’UA. Selon la presse ivoirienne, le président égyptien serait venu appeler Alassane Ouattara à soutenir le Maréchal Khalifa Haftar dans la crise libyenne. Depuis la chute du colonel Mouammar Kadhafi, la Libye est une véritable arène où s’opposent les pilleurs occidentaux des richesses africaines. Deux gouvernements, d’innombrables groupes terroristes, des milices et autres mouvements de tout acabit tentent de se partager ce qui reste de l’héritage de l’ancien guide de la Jamahiriya libyenne. Dans cette lutte de positionnement, le maréchal Khalifa Haftar bénéficie du soutien des Occidentaux et de ses voisins immédiats, dont le président Abdel Fattah al-Sissi.
Cependant, ne faisant pas l’unanimité en Afrique, un lobbying s’imposait afin de ratisser large pour Haftar, à qui l’Américain Trump vient de porter son appui. C’est dans cette optique que le président égyptien aurait entrepris une tournée ouest-africaine du 7 au 12 avril 2019. Ce périple l’a respectivement conduit en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Rappelons que les trois États sont côtiers et qu’ils bénéficient d’une sécurité solide. Eh bien, suivant la stratégie africaine de Washington, il est grand temps que la côte aussi plonge ! Les violences apportées par la force Barkhane au Burkina ont déjà touché le Togo. Restent le Sénégal, la Côte d’Ivoire et évidemment la coriace Guinée. Or un alignement sur Haftar, qui se bat contre Tripoli, n’irait pas sans impliquer les trois pays cités dans la guerre qui fait rage entre les factions libyennes et les milices. Le président en exercice de l’Union africaine a-t-il réussi à rallier le président ivoirien à cette cause ? Ouattara a-t-il réellement la possibilité de dire non au camp US ? On en saura davantage dans les prochains jours.
Au chapitre des infox et autres incongruités médiatiques, certains médias mainstream ont fait très fort. C’est le cas du Washington Post qui, dans un article récent, affirme ceci : « Cameroun-Ambazonie : des francophones veulent prendre les armes pour soutenir les séparatistes ». L’article ressasse évidemment à l’envi la litanie « des crimes de l’armée camerounaise » dénoncée par Human Rights Watch et écrit : « Alors que le régime de Paul Biya dit combattre les séparatistes armés, l’ONG a compté au moins 170 civils tués ces six derniers mois. » Et puis, sans se rappeler des crimes et exactions des militaires US commis depuis bientôt 20 ans un peu partout dans le monde et surtout au Moyen-Orient, le Washington Post raconte comment les exactions des soldats radicalisent la population anglophone. Cette partie de l’article n’a rien de novateur, dans la mesure où cela fait deux ans que l’axe anglo-saxon travaille sur la fameuse révolte anglophone qui devait scinder le Cameroun en deux sans que cette révolte-là finisse par apporter les fruits escomptés. Aux dernières nouvelles, c’est plutôt l’inverse qui est en train de se produire, car les Camerounais, bien que n’ayant pas une entière confiance en la personne de Biya, comprennent néanmoins le but de la manœuvre US contre l’intégrité de leur État.
Mais ce que cet article apporte de nouveau, c’est quand il évoque de prétendues velléités de guerre civile qui seraient nées au cœur des régions francophones. « Je ne veux plus entendre parler du Cameroun, je veux me battre pour créer un autre pays », aurait déclaré Daniel, un civil qui s’est enfui à Dschang, une ville francophone située à proximité d’une région anglophone, après que les forces gouvernementales ont attaqué son village et abattu une vieille dame. « Il a accepté de s’exprimer à condition de conserver l’anonymat, de crainte de représailles, comme l’ont fait d’autres Camerounais anglophones que nous avons interrogés », nous dit le journal.
S’il est vrai que ce genre d’information est à prendre avec les pincettes, le soi-disant témoignage du journaliste du Washington Post prouve une chose : la France s’est alignée sur la position US dans le dossier camerounais. Christophe Guilhou, un diplômé en sciences politiques et de l’Institut des langues et civilisations orientales, est d’ailleurs le nouvel ambassadeur de France au Cameroun. Avant Djibouti, M. Ghilhou a été, entre autres, numéro 2 de la représentation de son pays aux Émirats arabes unis et en Syrie, consul général à Boston (États-Unis), puis directeur de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). C’est dire avec quel genre de vision l’ambassadeur commencera son mandat au Cameroun. Il se dit bien mécontent que la France, par ailleurs partenaire multisectoriel, soit le 4e client du Cameroun en 2018 avec 6,3 % des exportations, derrière la Chine avec 23,9 %.
La communauté internationale ou, en d’autres termes, les puissances colonialistes qui se croient à tort les maîtres du monde se disent inquiètes des « tensions croissantes aux frontières du Rwanda ». Cela veut dire qu’elles se préparent à déclencher des guerres et des violences tout autour du Rwanda dans l’objectif de nuire à deux de ses voisins qui leur résistent toujours : la RD Congo et le Burundi. Et comme d’habitude, ils commencent par inviter leurs ressortissants à la prudence s’ils se rendent au Rwanda, en particulier dans les zones frontalières avec l’Ouganda, le Burundi et la RD Congo. À les croire, Kigali redoute en effet une attaque d’opposants armés soutenus par Kampala et Bujumbura, menée depuis le Kivu congolais. Voici le décor de la guerre qui se prépare.
Après le Canada, l’Allemagne, voire la Belgique, c’est au tour de l’Australie d’inviter ses ressortissants à la prudence, en particulier le long des frontières du Rwanda avec le Congo, le Burundi et l’Ouganda. Ces avertissements surviennent alors que la tension ne cesse de monter, depuis un an, entre l’Ouganda et le Rwanda.
Kigali accuse Kampala de soutenir, via son service de renseignement militaire, le CMI, des combattants hostiles au président rwandais Paul Kagame. Il s’agit de dissidents armés du FPR (Front patriotique rwandais, au pouvoir au Rwanda), regroupés autour de l’ex-général Kayumba Nyamwasa – réfugié depuis 2010 en Afrique du Sud, où il a été victime d’une tentative d’assassinat attribuée à Kigali – sous le nom de RNC (Rwanda National Congress).
Ce groupe serait responsable d’attaques à la grenade dans des lieux publics au Rwanda. Il s’est allié à ses anciens ennemis FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, issues des génocidaires hutus rwandais) au Sud-Kivu, selon Kinshasa. Une alliance dénoncée publiquement, en janvier dernier, par le président Kagame, comme l’œuvre « de certains pays voisins ». Mais cette guerre devrait aussi toucher un autre État paria, le Burundi de l’intraitable Njkurunziza.
Kampala nie tout soutien aux forces armées anti-Kagame et accuse le Rwanda d’empêcher la libre circulation des biens et des personnes à leur frontière commune. On sait que l’Ouganda est de moins en moins en odeur de sainteté auprès des Occidentaux, mais qu’il puisse servir de tête de pont à une guerre d’usure contre la RDC ou encore le Burundi est déjà une hypothèse que les analystes évoquent de plus en plus. Après tout, outre le fait qu’il entretient des relations de plus en plus poussées avec la Chine, l’Ouganda a commis la « faute » d’avoir ouvert ses portes à la Russie : la République d’Ouganda a signé avec la Russie un accord de coopération dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC). L’Ouganda et la Russie se soutiendront aussi mutuellement pour faire respecter l’accès aux données publiques du gouvernement et à celles des organes de l’État. C’est loin d’être une bonne nouvelle pour le camp occidental, obsédé par le péril russe sur le continent noir.
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