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En quoi la Syrie affole-t-elle Israël ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'aéroport de Mazzeh dans la banlieue de Damas, bombardé le 13 décembre par Israël©LeFigaro

Les raids consécutifs d’Israël contre l’aéroport militaire de Mazzeh poussent le célèbre analyste arabe, Abdel Bari Atwan à s’interroger sur les raisons de l’obstination de Tel-Aviv.

L’éditorialiste de Raï Al-Youm commence par s’interroger sur l’acharnement d’Israël à s’en prendre à un État qui est en guerre depuis six ans. Il se demande aussi pourquoi Israël n’a pas eu recours à ses chasseurs pour mener ces raids alors que d’habitude c’est l’aviation israélienne qui s’occupe de ce genre de bombardement. 

Abdel Bari Atwan.(Archives)

Il écrit : « Ce n’est pas la première fois qu’Israël vise les entrepôts d’armes et de munitions syriens dans la banlieue de Damas où se situe une base aérienne très importante, celle de Mazzeh. La nouveauté est au contraire le silence honteux qu’observent certaines capitales arabes à chaque fois que ces raids ont lieu, comme si ce n’était pas un pays arabe souverain qui était pris pour cible ou qu’Israël n’était pas ce régime génocidaire qui a les mains maculées de sang arabe ! » 

Car tout compte fait, ces raids aériens ne visent pas un régime politique, mais la Syrie en tant qu’État doté d’une histoire vieille de 8000 ans. Le raid israélien s’est fait au moment où la guerre contre la Syrie vient de franchir un nouveau palier, ce qui veut dire que même martyrisée, la Syrie continue à faire peur à Israël. Les médias israéliens, qui citent des sources militaires, évoquent « un convoi de missiles de type Fateh-1 qui aurait été pris pour cible d’Israël soit des missiles d’une portée de 300 kilomètres et dotés d’une ogive qui pourrait porter jusqu’à une charge de 400 kilogrammes. Toujours est-il que ces médias refusent de dire si oui ou non ces fameux missiles étaient destinés au Hezbollah ou alors si c’était l’armée syrienne qui devait en prendre procession. Mais peu importe, dans l’un ou l’autre cas, une chose est sûre : la profondeur stratégique d’Israël est désormais exposée aux attaques aux missiles.  

Ce qui veut dire au concret qu’Eliat ou Dimona (centrale atomique israélienne dans le désert du Néguev) pourront parfaitement constituer désormais la cible potentielle des missiles “ennemis”. D’où d’ailleurs la panique qui s’est emparée de la hiérarchie militaire israélienne et l’ordre de frappe que celle-ci a donné. 

Reste à savoir pourquoi les Israéliens n’ont pas envoyé leurs pilotes à bord de leurs chasseurs bombardiers. Peut-être par crainte des S-300 russes plantés dans le sud et dans le Nord syrien et qui n’hésiteraient pas à cibler le moindre objet volant “indésirable” dans le ciel syrien. Dans les heures suivant le raid israélien, l’état-major interarmées de la Syrie a émis un communiqué où il a annoncé se réserver le droit de réponse. 

Peut-on rire, comme le font certains commentateurs, du contenu de ce communiqué en accusant « le régime affaibli d’Assad » de « faire des promesses sans lendemain » ? Pas tant que cela. Qui aurait cru il y a six ans qu’Alep allait être libérée un jour ?! Qui aurait cru que le « sultan » Erdogan allait tourner le dos à ses alliés arabes pour se mettre à la table des négociations avec Iraniens et Russes ? 

Ceux qui se moquent d’Assad et de ses promesses de riposte feront mieux de se souvenir du jour où Erdogan a décidé d’abattre dans le ciel syrien un Sukhoï russe et de voir sous quel drapeau se tient désormais « l’homme fort d’Ankara ». Il y a cinq ans personne n’aurait pensé un seul instant que la Russie puisse se faire prier par Washington pour que celle-ci l’invite aux pourparlers syro-syriens d’Astana. 

On espère voir venir la riposte Syrie/Hezbollah dans les plus brefs délais. Une riposte, qui, espérons-le, serait assez forte pour faire ouvrir les yeux à ceux des pays arabes qui se sont tournés vers Israël en plantant leur couteau dans le dos des Palestiniens.... 

Les premiers signes de cette riposte auraient peut-être profilé à l’horizon : un certain nombre d’activistes israéliens rapportent des « explosions » le 16 janvier sur la base aérienne Hatzor au sud d’Israël. Les autorités évoquent un problème technique qui aurait provoqué des explosions dans un dépôt de carburant pour les avions sans que la presse y fasse la moindre allusion : ces explosions peuvent-elles avoir été provoquées par, pourquoi pas, des « Fateh-1 » syriens, ceux qu’Israël pense avoir détruit ? 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV