Le Premier ministre malaisien a durci le ton contre la Prix Nobel birmane de la paix, Aung San Suu Kyi, responsable du génocide de la minorité des musulmans rohingyas en Birmanie.
"Le gouvernement doit agir pour mettre un terme au "génocide" de la minorité des musulmans rohingyas", a estimé dimanche 4 décembre, le Premier ministre malaisien, cité par RTBF.
Devant une foule de 5000 personnes, Najib Razak a également dénoncé la passivité de la communauté internationale face aux drames des Rohingyas, après que des membres de cette minorité réfugiés au Bangladesh eurent fait état de viols en réunion, de tortures, de meurtres et de massacres.
"A quoi sert son prix Nobel à Aung San Suu Kyi? ", a interrogé le chef du gouvernement malaisien. "Nous disons à Aung San Suu Kyi que c'en est assez. Nous défendrons les musulmans et l'islam", a-t-il dit. "Faites quelque chose! Que l'ONU fasse quelque chose. La communauté internationale ne peut pas assister passivement à un génocide", a-t-il lancé.
Les propos tenus par le Premier ministre malaisien interviennent deux jours après un déplacement de l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan en Birmanie.
Dans un communiqué publié cette semaine, le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a redit, comme en juin, que le sort subi par les Rohingyas pouvait s'apparenter à des crimes contre l'humanité.
Kofi Annan dirigeait une commission composée de neuf commissaires, six Birmans et trois étrangers. Ils ont rencontré vendredi des dirigeants locaux, des représentants des communautés et des musulmans hébergés dans des camps de réfugiés à proximité de Sittwe, la capitale de l'Etat d'Arakan (ou Etat de Rakhine).
"Il y a eu des mesures de sécurité, mais les mesures de sécurité ne doivent pas entraver l'accès à ceux qui ont besoin d'aide humanitaire", a déclaré Kofi Annan après la réunion.
"Nous en avons discuté et je m'attends à ce que des progrès soient réalisés. Certaines agences ont pu s'y rendre, mais il y a beaucoup de besoins et je pense que nous verrons des progrès dans les tout prochains jours".
Aung San Suu Kye s'est pliée jeudi aux pressions internationales qui réclamaient la formation d'une commission chargée d'enquêter sur l'origine de la violence et sur les accusations de violations des droits de l'homme qui auraient été commises par l'armée au cours de ses opérations.
Elle n'a pas manqué toutefois d'accuser vendredi la communauté internationale d'attiser les tensions entre musulmans et bouddhistes dans le nord-ouest du pays, invitant les pays étrangers à mieux respecter les complexités ethniques birmanes et accepter que les opérations de l'armée sont une réponse à des attaques visant les forces de sécurité.(!)
Selon les Nations unies, environ 30.000 personnes ont fui les zones de combats et si près de 20.000 ont pu obtenir une aide, 130.000 autres ne reçoivent plus l'aide alimentaire ni le soutien dont elles bénéficiaient avant le regain de violence.
Cette minorité musulmane est perçue comme étrangère en Birmanie, bien que certains de ses membres y vivent depuis des générations. Leur citoyenneté n'est pas reconnue. Ils vivent marginalisés de la société, dans des conditions misérables. Une montée de nationalisme bouddhiste en Birmanie ces dernières années a attisé l'hostilité à leur encontre.
Avec RTBF et Reuters