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La bataille d'al-Bab et ses enjeux

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La carte de la Syrie.

Le groupe terroriste Daech occupe depuis trois ans la ville stratégique d'al-Bab au nord-est d'Alep. Il en a même fait l'un de ses "émirats". Or, la cité est aujourd'hui le théâtre de trois batailles qui se déroulent simultanément autour d'elle.

Qui en sont les principaux protagonistes? L'armée syrienne, les Kurdes et l'armée turque. 

La ville étant la porte d'entrée vers Raqqa, l'armée syrienne et ses alliés, bien en avance dans leurs combats à l'ouest d'Alep, envisagent une intensification des combats dans les semaines à venir, surtout que l'aviation russe est bien déterminée à poursuivre ses raids contre les terroristes. L'axe des combats gravitera autour des quartiers est d'Alep près desquels est située, entre autres, la ville d'al-Bab. Il y a sept mois, les forces syriennes ont lancé une vaste offensive contre l'est d'Alep qui les a conduites à une dizaine de kilomètres d'al-Bab. Une ceinture de sécurité a désormais été créée tout autour de la ville, qui est traversée par l'autoroute du Castello au nord et la route d'al-Ramoussah dans le sud. Ces avancées font d'al-Bab une cible privilégiée pour l'armée syrienne. 

Mais les Kurdes convoitent aussi cette ville : les combattants des forces démocratiques syriennes, soutenus par Washington, se battent contre les terroristes pro-Ankara dans le nord et comptent vaincre Daech à al-Bab. Que cherchent-ils à faire ? À relier leur bastion, c'est-à-dire Kobané, à la ville d'al-Bab et, de là, à faire le lien avec Hassaka et Qamechli dans l'est. 

Or, l'opération de l'armée turque dite "Bouclier de l'Euphrate" a complété la ceinture de bataille qui entoure al-Bab sur trois flancs. Sous prétexte d'éloigner le danger de Daech des frontières turques, l'armée d'Erdogan s'est emparée de Jerablus au cours d'une opération spectacle. Daech s'est retiré de cette ville sans fracas. Bien conscient de l'importance stratégique d'al-Bab, Erdogan veut avoir cette ville, car c'est par elle que passent les routes menant à Raqqa dans l'est et à Alep dans le sud. 

Une dernière information fait état de l'avancée rapide des terroristes de l'Armée syrienne libre (ASL), soutenus par Ankara, vers al-Bab, avancée facilitée par les raids récurrents des avions turcs. Là aussi, comme à Jerablus, l'entrée du premier combattant pro-Ankara à al-Bab provoquerait des défections massives dans les rangs des terroristes de Daech qui occupent la ville. Une fois la ville d'al-Bab tombée, Ankara pourrait enfin respirer, dans la mesure où verrait enfin le jour la zone tampon qu'il cherche à créer depuis 5 ans dans le nord de la Syrie, à proximité de ses frontières. 

Mais est-ce si simple? Tant s'en faut... Les stratèges militaires écartent la possibilité de voir al-Bab tomber si facilement dans l'escarcelle de la Turquie. L'axe de la Résistance s'oppose ardemment à la création d'une telle zone tampon. L'armée syrienne et ses alliés pourraient même entrer directement en conflit avec la Turquie si celle-ci finissait par franchir le Rubicon qu'est al-Bab...

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SOURCE: FRENCH PRESS TV