TV

Deir ez-Zor: le piège US pour Poutine

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les frappes US contre l'armée syrienne marquent un changement de cap de la stratégie de guerre US en Syrie.

Dans un article daté du 21 septembre, le célèbre journaliste arabe Abdel Bari Atwan s'interroge sur les raisons qui ont poussé les Etats-Unis à " briser la trêve en Syrie"

La fin de la trêve conclue il y a 11 jours entre les Etats-Unis et la Russie à Genève était prévisible car les Américains n'avaient ni l'intention ni la volonté de la maintenir. Les frappes US contre les positions de l'armée syrienne à Deir ez-Zor ont été le premier pas dans le sens d'une accélération de la fin du cessez-le-feu, d'une nouvelle redistribution des cartes, d'un affaiblissement sensible des chances d'une solution politique.

Lundi, le Ministère britannique de la Défense s'est excusé d'avoir bombardé aux côtés des Américains les positions de l'armée syrienne. L’Australie, elle aussi présente le jour des frappes, a présenté ses condoléances aux familles des victimes. Reste que les frappes sont loin d'avoir été conduites par erreur.

Dans les minutes suivant la fin de la trêve les combats ont repris de plus bel, l'aviation syrienne ayant déclenché leurs raids contre les quartiers rebelles de l'Est d'Alep.

Mais pourquoi les Etats-Unis ont-ils choisi cette manière brutale et sanglante pour rompre la trêve?

Force est de constater que Kerry, d'habitude si bavard, a choisi de se taire et évite toute déclaration publique. Les raisons qui ont présidé cette attitude des Américains pourraient s'énumérer de la manière suivante :

1. Les Etats-Unis n'ont aucune hâte pour parvenir à une solution en Syrie et cherchent à maintenir le statu quo, quitte à épuiser l'adversaire russe et ses alliés à longueur de temps.

2. Or pour épuiser les Russes, il faudrait renforcer Fatah al Cham ( ex-Front al Nosra) et la coalition que ce dernier dirige et qui est composée de Jaysh al Fatah, de Ahrar al Cham et de Filaq al Cham et autre. Les Américains devront rameuter ces takfiristes de façon à ce qu'ils poursuivent tous des objectifs militaires bien précis comme cela a été le cas il y a plus de 30 ans en Afghanistan. L’intéressant est que les pays du Golfe (persique), qui soutenaient dans le temps " d'anciens takfiristes", continuent aujourd'hui encore à soutenir " les nouveaux takfiristes".

Tertio- Empêcher l'armée syrienne de reprendre Deir ez-Zor, région pétrolifère qui au cas d'un retour dans le giron syrien, pourrait aider le gouvernement de Damas à se relever économiquement.

Quarto- Une course est déclenchée entre les deux rivaux que sont les Etats-Unis et la Russie pour reprendre Raqqa, capitale autoproclamée de Daech . Les forces spéciales US accompagnées des combattants kurdes auraient été déployées sur les frontières syro-irakiennes. Les Etats-Unis ne veulent pas que l'expérience de la libération de Palmyre par l'armée syrienne et ses alliés soit reconduite à Deir ez-Zor ou à Raqqa, même si cela profiterait à Daech;

Quinto- Une victoire de Daech à Deir ez-Zor et la reprise des régions aux alentours de l'aéroport militaire de de cette province, reviennent en effet à menacer le seul aéroport que l'armée syrienne détient encore dans l'Est du pays.

Cette nouvelle stratégie US dont les ficelles sont tirées par le Pentagone relève du pur aventurisme car à terme, elle laisse présager une réelle confrontation avec Moscou. Les frappes US contre Deir ez-Zor ont été une manœuvre destinée à ternir l'image et la crédibilité de la Russie auprès de ses alliés, une tentative pour pousser ces derniers à changer les clauses de la trêve.

Une reconduction du scénario afghan en Syrie qui a consisté à affaiblir la Russie via des "djihadistes" et qui a préparé le terrain à l'invasion de l'Afghanistan, de l'Irak et de la Libye par la suite, n'est pas à écarter. A une différence près toutefois : la Russie de Poutine est bien différente de l'ex-URSS!! "

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV