La poursuite de la politique de répression du régime d’Al-Khalifa à Bahreïn pourrait déboucher sur une résistance armée contre Manama.
Le lundi 20 juin 2016, les autorités bahreïnies ont décidé de déchoir de sa nationalité le cheikh Issa Qassem, principal dignitaire religieux chiite dans le pays. La tension est donc montée d'un cran aussi bien à Bahreïn que dans d’autres pays musulmans dont l’Iran, l’Irak et le Liban et même non-musulmans, et ce à telle enseigne que certaines instances internationales dont Human Rights Watch (HRW) ont condamné cette mesure du régime de Bahreïn.
Selon les analystes politiques, le retrait de la nationalité du cheikh représente le dernier clou dans le cercueil des Al-Khalifa et de nombreux experts estiment que par cette erreur, Manama a marqué un nouveau tour de la résistance populaire à son encontre qui pourrait prendre une « tournure armée ».
Aucun tribunal n’a condamné le cheikh Issa Qassem, donc la décision du régime en place à Bahreïn de le déchoir de sa nationalité est un acte entièrement illégal.
Pourtant, la dynastie sunnite a déjà privé des centaines de personnes de leurs droits à la citoyenneté et même exilé certains d’entre eux.
La dynastie Al-Khalifa est arrivée au pouvoir à l’aide de la Grande-Bretagne. (A l’occasion du 90e anniversaire de la reine Elizabeth, le roi de Bahreïn avait été invité à s'asseoir à côté de la souveraine, qui règne sur le Royaume-Uni depuis 1952. Selon Daily Mail, toute la famille était réunie dans la tribune royale et Hamad Ben Issa Al-Khalifa y était présente. Il y aurait peut-être un lien de parenté entre eux !)
La dynastie d’Al-Khalifa s’est aussi transformée en une marionnette dont les ficelles sont tirées par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite. Cela fait longtemps que le peuple bahreïni exige la réhabilitation de son droit légitime et en particulier il a multiplié ses efforts, en février 2011, en vue d’accéder à ses revendications.
Pendant ce temps, le régime n’a cessé d’avoir recours aux tactiques répressives mais sans résultat puisque le peuple reste droit dans ses bottes et ne cède pas face à la politique répressive et discriminatoire du régime de Manama.
Selon un analyste du monde arabe, également directeur de l’Institut de la pensée islamique contemporaine à Toronto au Canada, Zafar Bangash, si le régime en place ne change pas de cap, il ne connaîtra certainement pas d’autre destin que la chute.
« Ce qu'ignore les oppresseurs est que leur oppression n’aboutira pas à la résignation du peuple, au contraire, elle renforcera sa volonté de résistance », a-t-il ajouté.
Selon ce dernier, en cas de poursuite de la politique répressive du régime, il se peut que les Bahreïnis arrivent à cette conclusion qu’ils n’auront d’autres choix que de recourir à la résistance armée en vue de renverser le régime en place.
Dans ce contexte, il ne faut pas oublier que les Saoudiens exercent une très grande influence à Bahreïn. En quelque sorte, Al-Khalifa doit son existence et sa survie aux Saoudiens.
En février 2011, lorsque le peuple s’est soulevé contre le régime, c’étaient les troupes et les blindés militaires saoudiens qui ont débarqué immédiatement sur la péninsule bahreïnie et sauvé le gouvernement de Manama.
A vrai dire, les Saoud abhorrent les chiites où qu’ils soient en Arabie saoudite ou bien dans d’autres points du globe.
Près d’un an après l’assassinat du leader des chiites saoudiens, Cheikh Nimr Baqer al Nimr et alors que le leader des chiites nigérians se trouve toujours en prison en attente de son procès pour la trahison, tout porte à croire que le monde est témoin d’un complot anti-chiite et plus particulièrement anti-musulman dont le but est de semer la zizanie entre les Musulmans.
La coalition des jeunes du 14 février, mouvement à l’origine du soulèvement populaire de 2011 a reconnu dans un communiqué le risque énorme que fait encourir la décision de Manama à l’ensemble du pays et au-delà, à la région entière :
« Le régime des Al-Khalifa, est déterminé à déclencher un bain de sang chiito-sunnite à Bahreïn au moment où la région traverse une période très difficile. »
La coalition accuse les Etats-Unis et la Grande Bretagne mais aussi l’Arabie saoudite d’attiser le feu du conflit confessionnel en poussant à bout le régime de Manama.
En s’ingérant dans les affaires intérieures de Bahreïn, Riyad cherche à assurer la survie d’Al-Khalifa. Le point qui mérite réflexion est que Bahreïn est l’un des principaux pays membres du Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP) et s’il arrive à se faire libérer du joug d’Al-Khalifa, le CCGP risquera de s’effondrer et de se dissoudre.
Un tel scenario signifiera le renforcement de la place de l’Iran islamique au Moyen-Orient et sont rares ceux qui doutent de l’objectif réel de l’Arabie saoudite qu'est l’affaiblissement de l’Iran. Jusqu’ici leur tentative a échoué et le cours des évolutions dans la région témoigne du fait que les autres politiques de Riyad perdront des bons points !