Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a mis en garde contre une reprise des tensions au Yémen, affirmant qu’elle ne profiterait qu’au régime israélien et à sa stratégie de fragmentation des pays de l’Asie de l’Ouest.
Esmaïl Baghaï s’est exprimé en ces termes dimanche 14 décembre lors d’une conférence de presse, alors que les affrontements armés s’intensifient dans le sud du Yémen entre des milices soutenues par l’Arabie saoudite et des groupes séparatistes alliés aux Émirats arabes unis.
« L’évolution de la situation au Yémen devrait susciter de vives inquiétudes parmi les États de la région, car elle s’inscrit dans la politique du régime sioniste visant à désintégrer les pays régionaux », a-t-il averti.
Il a par ailleurs réaffirmé l’importance du dialogue entre les factions yéménites pour garantir la stabilité, la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.
« Toute mesure qui s’écarte de cet objectif, a-t-il ajouté, sert les intérêts des parties dont le seul but est de semer la discorde entre les États islamiques et régionaux. »
« La Syrie ne doit pas devenir un foyer du terrorisme »
Interrogé sur le meurtre de trois Américains par des militants en Syrie, Baghaï a estimé que cet événement ne devait surprendre personne.
Il a rappelé que la Syrie a perdu, au cours des huit dernières décennies, une partie de son territoire, notamment le plateau du Golan, au profit du régime sioniste.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a ajouté que le Yémen avait en outre subi des attaques continues de la part du régime occupant, intensifiées depuis la chute du gouvernement du président Bachar Assad, le 8 décembre 2024, et la prise de pouvoir par le groupe armé Hayat Tahrir al-Cham (HTC).
Il a également averti que la poursuite des crimes et des attaques israéliennes contre la Syrie, ainsi que l’occupation de portions importantes du territoire syrien par différents acteurs, y compris les États-Unis, pouvaient entraver le rétablissement de la stabilité et de la sécurité dans le pays.
« L’Iran a mis en garde à plusieurs reprises contre le risque que la Syrie devienne un terrain propice à la consolidation et à la propagation du terrorisme », a-t-il déclaré.
Cette mise en garde intervient dans un contexte où l’organisation américaine ACLED (Armed Conflict Location and Event Data), qui surveille les conflits armés, a recensé plus de 600 attaques israéliennes contre la Syrie au cours de la seule année écoulée, et ce, malgré les promesses de coopération de HTC avec Tel-Aviv, qui n’ont pas conduit à un retrait israélien du territoire syrien.
L’Iran respecte le choix des talibans de ne pas participer à la réunion sur l’Afghanistan
Par ailleurs, le porte-parole a abordé la question de l’Afghanistan, évoquant la réunion tenue dimanche à Téhéran entre les représentants spéciaux des pays voisins et de la Russie, à laquelle le gouvernement des talibans n’a pas participé.
« L’Iran respecte la décision des talibans de ne pas prendre part à cette réunion », a-t-il indiqué, précisant que l’objectif de cette rencontre était avant tout le dialogue et les échanges de vues sur l’évolution de la situation en Afghanistan.
« Les relations de bon voisinage sont une priorité absolue pour nous, et la stabilité de notre frontière orientale est cruciale. Le fait de partager près de 2 000 kilomètres de frontières avec l’Afghanistan et le Pakistan implique que toute escalade entre ces pays a des répercussions inévitables sur l’Iran, comme sur d’autres États de la région. »
Il a précisé : « Nous avons adressé une invitation à toutes les parties concernées, y compris à l’Afghanistan, dont la présence était jugée essentielle pour faciliter la compréhension mutuelle et résoudre les problèmes régionaux. Néanmoins, cette absence relevait d’un choix souverain de Kaboul, et nous le respectons. »
Baghaï a souligné que, par le biais de telles réunions, la République islamique d’Iran cherche à contribuer à la formation d’un consensus régional et à aider à identifier des solutions qui renforcent la stabilité et la sécurité régionales.
Les allégations concernant une ingérence iranienne au Venezuela sont « hors de propos »
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a catégoriquement rejeté les allégations d’ingérence de l’Iran au Venezuela, les qualifiant de « totalement hors de propos ».
Il a profité de l’occasion pour rappeler « le long et sombre bilan des États-Unis en matière d’ingérence, de coups d’État et de changements de gouvernements nationaux en Amérique latine ».
« En tant que nation indépendante et souveraine, le Venezuela a le plein droit de décider comment gérer ses relations étrangères et d’entretenir des relations avec les États qui le traitent sur la base du respect mutuel et d’intérêts partagés », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « La responsabilité incombe à ceux qui violent systématiquement le droit du peuple vénézuélien à l’autodétermination et cherchent à imposer leurs vues aux pays indépendants de l’hémisphère ouest et d’Amérique latine ».
Les États-Unis ont intensifié la pression coercitive sur le Venezuela en déployant des forces militaires dans les Caraïbes sous prétexte d’une opération « contre le trafic de drogue ». Or, Caracas juge ces allégations comme non fondées.
Depuis le mois de septembre, les forces américaines ont mené au moins 21 frappes contre des navires dans les Caraïbes et le Pacifique, et ce, sous le prétexte de lutter contre le trafic de stupéfiants. Ces opérations ont causé la mort d’au moins 83 personnes.
Les autorités vénézuéliennes dénoncent cette campagne comme une agression à peine déguisée pour renverser leur gouvernement, avertissant que le véritable objectif de Washington est un « changement de régime » et la saisie éventuelle d’immenses ressources pétrolières du pays.