Le 14e anniversaire de la Révolution tunisienne de 2011 a été marqué par des manifestations à Tunis, où plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées pour exiger la libération des opposants et protester contre la politique du président Kaïs Saïed . Ces protestations se sont déroulées en l’honneur de la chute du dictateur Ben Ali, survenue en janvier 2011.
Dans l’après-midi de ce mardi 14 janvier, une cinquantaine de jeunes ont scandé des slogans tels que « La Révolution reviendra », tout en se rassemblant devant le Théâtre municipal de Tunis. Ils ont brandi des pancartes où l’on pouvait lire « La Révolution est une idée et une idée ne meurt jamais », ou encore « Liberté pour les prisonniers politiques ». Malgré la présence de policiers civils prenant des photos, les manifestants ont poursuivi leurs chants et revendications.
Le matin même, le Front de Salut National (FSN), principale coalition d’opposition incluant le parti conservateur Ennahdha, a organisé une première manifestation contre ce qu’ils appellent la répression des opposants. Les protestataires ont scandé des slogans tels que « Libertés! Magistrature aux ordres!» et « Fidèles au sang des martyrs » de la Révolution de 2011. Beaucoup d’entre eux arboraient des portraits d’opposants emprisonnés, comme l’ex-Premier ministre Ali Larayadh, dirigeant d’Ennahdha, et le juriste Jawhar Ben Mbarek, co-fondateur du FSN, tous deux accusés dans des affaires liées à la sécurité de l’État.
Le président Saïed, par un décret présidentiel, a modifié la date officielle du début de la Révolution, en supprimant le jour férié du 14 janvier, remplacé par le 17 décembre, date où Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant, s’était immolé par le feu en 2010 pour protester contre la saisie de sa marchandise par la police.
Car ce jour-là, la Tunisie a écrit une page d’Histoire. Des manifestations rassemblant toutes les générations et sensibilités politiques, venues des quatre coins du pays, ont fait fuir Ben Ali après 23 ans d’un règne sans partage. Le point de départ des Printemps arabes qui allaient embraser la région. Plus qu’une date, le 14 janvier est devenu le symbole des espoirs de liberté et de dignité d’un peuple.
Depuis le coup de force de l’été 2021, au cours duquel Kaïs Saïed a pris le contrôle total du pouvoir, des organisations tunisiennes et internationales ainsi que l’opposition dénoncent une dérive autoritaire, marquée par l’affaiblissement des contre-pouvoirs et la répression de la société civile, notamment à travers des arrestations de militants, de syndicalistes, d’avocats et de journalistes. Or, les autorités au pouvoir estiment que les droits et les libertés fondamentales n’ont pas été affectés par de telles mesures.
Le président tunisien, Kaïs Saïed, a déclaré 30 mars 2022 qu’il avait décidé de dissoudre le Parlement, huit mois après l’avoir suspendu pour s’arroger les pleins pouvoirs en juillet 2021. Un choix destiné à « préserver l’Etat et ses institutions et pour préserver le peuple tunisien » a-t-il justifié lors d’une réunion du conseil de sécurité nationale. En formant un comité, il a rédigé le projet de nouvelle constitution et l'a soumis à un référendum, qui a été très faiblement accueilli par la population.
Selon la nouvelle constitution, les pouvoirs du président ont été considérablement accrus et le rôle des partis politiques a été limité, et sur cette base ont eu lieu des élections parlementaires. Les opposants tunisiens considèrent ces actions de Kaïs Saïed comme un coup d'État contre la révolution et le retour de la dictature dans le pays, tandis que les partisans du président tunisien qualifient ces mesures exceptionnelles de conformes à la réforme de la révolution de 2011.