Le président iranien Massoud Pezeshkian et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont exprimé l’espoir que les récentes mesures positives prises entre les deux pays se poursuivront jusqu’à ce que les relations bilatérales soient complètement rétablies.
Les deux présidents se sont rencontrés, ce jeudi 19 décembre, en marge du 11e sommet des dirigeants de l’Organisation de coopération économique D-8, dans la capitale égyptienne, Le Caire, où ils ont passé en revue les mesures récemment prises pour rétablir les relations bilatérales.
M. Pezeshkian a souligné la nécessité de promouvoir la coopération économique et la poursuite des pourparlers entre Téhéran et Le Caire, qui n’ont pas eu de liens diplomatiques depuis plus de quatre décennies.
Au cours de la réunion, les deux présidents ont également discuté des développements régionaux ; Pezeshkian a mis l’accent sur l’importance du partage des capacités et du renforcement de la coopération entre les pays musulmans dans le cadre d’organisations régionales et internationales telles que le D-8 et l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Il a également noté que l’unité est « le besoin le plus essentiel » du monde musulman.
« Tous les pays islamiques doivent s’efforcer d’élargir l’interaction et le dialogue au sein du monde musulman en fonction de leur part, et de surmonter les différences existantes, car ces différences fournissent une base pour les interventions étrangères », a-t-il souligné.
De son côté, Al-Sissi a déclaré que la région de l’Asie de l’Ouest est confrontée à de graves menaces, au milieu de récents développements à Gaza, au Liban et en Syrie.
Il a qualifié de sans précédent, la dernière agression israélienne contre la Syrie, exprimant le soutien de son pays à la formation d’un gouvernement inclusif en Syrie.
Après que des groupes armés, dirigés par Hayat Tahrir al-Cham (HTC), ont pris la capitale syrienne, ce qui a conduit à la chute du gouvernement du président Bachar al-Assad au début du mois, Israël est rapidement intervenu et a saisi la zone tampon séparant les hauteurs occupées du Golan par Israël du territoire syrien. Les troupes israéliennes ont avancé plus profondément en Syrie, les avions de chasse du régime menant des centaines d’attaques aériennes sur le pays.
Jeudi, le conseiller politique de Pezeshkian, Mehdi Sanaï a noté qu’un « bon dialogue » avait eu lieu entre les présidents iranien et égyptien, ajoutant que « des discussions politiques et des actions appropriées ont commencé entre les deux pays ».
« Il y a la volonté nécessaire pour que les deux pays renouent leurs relations, et nous espérons qu'avec les mesures qui ont été prises et qui seront prises à l’avenir, nous irons jusqu'à rouvrir les ambassades dans un avenir proche », a déclaré le conseiller.
L'Iran et l'Égypte, deux pays à majorité musulmane, entretiennent des relations tendues depuis la Révolution islamique de 1979.
Les tensions ont été exacerbées par la décision de l'Égypte d'accorder l'asile au dirigeant iranien déchu Mohammad Reza Pahlavi et par sa reconnaissance d'Israël par le biais des accords de Camp David de 1978.
Cependant, les relations ont commencé à s'améliorer après l'éviction du dictateur égyptien Hosni Moubarak lors du Printemps arabe de 2011.
Les efforts visant à rétablir pleinement les relations diplomatiques ont pris de l'ampleur sous l'ancien président iranien Ebrahim Raïssi.
En novembre 2023, Raïssi et le président égyptien Sissi se sont rencontrés en marge du Sommet arabo-islamique de Riyad, marquant la première rencontre entre les présidents des deux pays depuis plus d'une décennie.
Pezeshkian à Erdogan : l’intégrité territoriale de la Syrie doit être préservée
Jeudi également, Pezeshkian a rencontré son homologue turc Recep Tayyip Erdogan où il a souligné la nécessité de maintenir l’intégrité territoriale de la Syrie.
« Tout développement en Syrie doit préserver l’intégrité territoriale du pays, et même la moindre atteinte à l’intégrité territoriale de la Syrie est absolument inacceptable », a déclaré Pezeshkian.
Le président iranien a ensuite insisté sur la nécessité urgente de mettre un terme aux agressions israéliennes en Asie de l’Ouest, exhortant toutes les nations musulmanes à « accomplir leur devoir » et à combattre les crimes israéliens.
« S’il y a unité et cohésion au sein de l’Oumma islamique, ce régime n’osera pas prendre de telles mesures », a déclaré Pezeshkian.
Pour sa part, M. Erdogan a déclaré que la préservation de l’intégrité territoriale de la Syrie était importante pour la Turquie. Il a également souligné la nécessité de mettre un terme aux attaques israéliennes contre la Syrie. Il a exprimé l’espoir que la stabilité et la sécurité seraient rétablies dans le pays le plus rapidement possible.
Le président turc a également soutenu le cessez-le-feu établi au Liban et appelé à la nécessité d’une trêve à Gaza.
Les deux présidents sont également convenus d’accélérer la mise en œuvre des accords commerciaux entre les deux pays.
Pezeshkian appelle à une monnaie unifiée entre les nations musulmanes
Lors d’une réunion séparée au Caire le même jour, le président iranien s’est entretenu avec le Premier ministre pakistanais Muhammad Shehbaz Sharif.
Soulignant l’importance de renforcer les liens économiques entre les nations musulmanes, Pezeshkian a plaidé pour le lancement d’une monnaie commune.
Le Premier ministre pakistanais a exprimé son soutien à l’idée de créer une monnaie unifiée et de mettre à profit les capacités des marchés partagés entre les nations musulmanes.
Shehbaz Sharif a également souligné l’importance de développer la coopération entre les pays musulmans pour faire face aux menaces communes, condamnant les actes criminels israéliens contre Gaza, le Liban et la Syrie, ainsi que la violation de la souveraineté de l’Iran.
Au cours de leur rencontre, Pezeshkian a affirmé que les relations entre l’Iran et le Pakistan sont amicales et fraternelles, et a appelé à renforcer la coopération mutuelle, tandis que Sharif a souligné les profondes affinités entre Téhéran et Islamabad.