Un tribunal français a finalement ordonné, vendredi 15 novembre, la libération du militant libanais pro-palestinien Georges Abdallah, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1986 pour complicité de l’assassinat de deux agents, un américain et un israélien à Paris.
Abdallah, surnommé le « Nelson Mandela du monde arabe », a été arrêté à Lyon le 24 octobre 1984 et est le plus ancien prisonnier d’Europe occidentale. Sa libération a été autorisée à trois reprises, mais annulée à chaque fois dans le cadre d’une politisation flagrante du système judiciaire français. Libérable depuis 25 ans, toutes ses demandes de libération conditionnelle avaient été retoquées, sauf une en 2013, acceptée sous réserve qu’il fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion.
Le tribunal d’application des peines a finalement accepté vendredi la onzième demande de libération conditionnelle du militant libanais pro-palestinien Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné depuis 40 ans.
« Par décision en date du jour, le tribunal d’application des peines a admis Georges Ibrahim Abdallah au bénéfice de la libération conditionnelle à compter du 6 décembre prochain, subordonnée à la condition de quitter le territoire national et de ne plus y paraître », a indiqué le le parquet national antiterroriste de France dans un communiqué.
Au début des années 1980 et alors que le Liban était en pleine guerre civile, Georges Abdallah, ancien instituteur, était membre du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le chef de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL).
Le groupe de résistance de la Fraction armée révolutionnaire libanaise, a par la suite reconnu la responsabilité en 1982 de la mort des deux agents, israélien et américain en France.
La FARL avait déclaré à l’époque qu’il s’agissait d’actes légitimes de résistance contre l’occupation étrangère, car Israël avait une fois de plus envahi le Liban.
Le militant libanais a été condamné à la prison à vie après avoir été accusé de complicité dans l'assassinat de l’attaché militaire américain Charles Ray et du diplomate du régime israélien Yakov Barsimentov à Paris.
En outre, les autorités françaises ont accusé Abdallah de la tentative d’assassinat du consul général américain Robert Homme à Strasbourg.
Le procès d’Abdallah a été marqué par l’absence de preuves, et son propre avocat a avoué par la suite avoir secrètement été au service du gouvernement.
Si Abdallah n’a pas été libéré pendant toutes ces années, c’est en grande partie parce qu’il refuse de renoncer à son soutien à la Palestine. Son groupe avait revendiqué ces assassinats en affirmant avoir agi en réaction à l’implication de Washington et de Tel-Aviv dans la guerre civile libanaise.
Il faut dire qu’Israël a été fortement impliqué dans la guerre civile au Liban, qui a débuté en 1975 et qui ne s’est officiellement terminée qu’en 1990.
Tel-Aviv et Washington ont soutenu les paramilitaires chrétiens qui affrontaient l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et d’autres factions libanaises pendant la guerre civile au Liban.
Le Liban est alors envahi officiellement par les troupes israéliennes qui occuperont le pays jusqu’en 2000, année de la libération du Sud-Liban par le Hezbollah.
« Je suis un combattant, pas un criminel », a toujours martelé Georges Ibrahim Abdallah qui a passé le plus de la moitié de sa vie à la maison d’arrêt de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées, à 120 kilomètres de Toulouse. Aujourd’hui âgé de 73 ans, l’ancien instituteur était libérable depuis 1999.
Son avocat, Jean-Louis Chalanset, a déclaré que cette libération constituait « une victoire juridique et politique ».