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Zoom Afrique du 31 octobre 2024

Zoom Afrique du 31 octobre 2024

Les titres de la rédaction :

  • Togo : 54 % des ménages ciblés, raccordés aux réseaux électriques en 2 ans
  • Cap de Bonne-Espérance : +89 % de fret à mi-2024, depuis les contournements du canal de Suez
  • L’Ouganda et la Serbie signent un accord de coopération aérienne
  • Mali : la Russie construira une raffinerie d’or et une usine de transformation de coton

Les analyses de la rédaction :

1. Zimbabwe : Le parti Zanu-PF exhorte à rebaptiser les provinces pour remplacer les « noms coloniaux »

Le Zimbabwe a pris un nouvel élan vers la décolonisation culturelle avec une annonce récente du Zanu-PF, le parti au pouvoir, visant à accélérer le processus de renommage des provinces et des lieux publics. Cette décision, lancée le 26 octobre dernier lors de la conférence nationale annuelle du parti, a pour objectif de promouvoir un héritage culturel et historique aligné sur l’identité nationale du Zimbabwe, en remplacement des références coloniales.

Patrick Chinamasa, secrétaire aux affaires juridiques du Zanu-PF, a exprimé le souhait du parti que cette initiative soit une priorité pour le gouvernement. « Concernant l’héritage de la guerre de libération, le parti exhorte le gouvernement d’accélérer le changement de nom des provinces et de supprimer les noms coloniaux, qui divisent la nation », a-t-il déclaré. Selon Chinamasa, ce changement vise à renforcer la cohésion nationale en éradiquant les symboles rappelant une ère de domination étrangère, souvent associée aux injustices et aux souffrances endurées pendant la colonisation.

Au-delà de l’effacement des noms coloniaux, le Zanu-PF appelle également à une revitalisation des monuments aux héros nationaux. L’entretien et la rénovation de ces lieux de mémoire, répartis dans les provinces et les districts, sont jugés essentiels pour préserver l’héritage des anciens combattants qui ont lutté pour l’indépendance du Zimbabwe. Ces monuments rappellent la résilience du peuple zimbabwéen et des figures emblématiques de la lutte de libération, une histoire que le parti veut rendre plus visible et accessible.

En outre, le Zanu-PF a encouragé le gouvernement à allouer des ressources pour une tâche hautement symbolique : l’exhumation et la réinhumation des combattants de la guerre de libération. Ce processus permettrait de rendre hommage aux vétérans et de renforcer les liens historiques de la nation avec son passé.

Cette initiative s’inscrit dans une tendance plus large observée dans plusieurs pays africains. Mi-octobre, les autorités militaires du Niger ont également entrepris de rebaptiser des rues et des monuments à Niamey, afin d’effacer les stigmates laissés par l’ère coloniale. Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au Niger a souligné que ces changements étaient motivés par une volonté de rupture avec les souffrances et les injustices infligées au peuple nigérien durant la colonisation française.

Ces initiatives de renommer les espaces publics et de renforcer la mémoire historique témoignent d’une prise de conscience croissante dans les États africains. Ce mouvement s’étend au-delà des symboles : il cherche à restaurer une identité culturelle décolonisée et à réécrire l’histoire africaine selon une perspective locale et autonome. De nombreux pays, inspirés par des leaders historiques comme Thomas Sankara au Burkina Faso, estiment que la valorisation des héros africains est une étape essentielle pour se réapproprier leur héritage et renforcer l’unité nationale.

Ces changements montrent un désir d’affirmer l'indépendance culturelle en Afrique et de guérir des blessures coloniales. En changeant les noms de rues et en honorant les héros nationaux, des pays comme le Zimbabwe et le Niger redéfinissent leurs identités et revendiquent une histoire réappropriée.

Ainsi, l’initiative du Zimbabwe, portée par le Zanu-PF, pourrait inspirer d’autres nations africaines à prendre des mesures similaires, renforçant un mouvement de fond en faveur de la décolonisation symbolique et de la souveraineté culturelle du continent africain.

2. Tchad-Barkaram : vers une intégration du Tchad dans l’AES ?

Dans un contexte où la menace terroriste dépasse les frontières et touche les populations civiles et militaires des pays sahéliens, la République du Mali a exprimé un soutien marqué aux autorités et au peuple tchadien après l’attaque tragique survenue dans la nuit du 27 octobre 2024. En effet, une base militaire de l’île de Barkaram, située à l’ouest de Ngouboua dans la province du Lac, a été visée par une attaque attribuée à la secte Boko Haram, entraînant la mort d’une quarantaine de soldats tchadiens et causant de nombreux blessés.

Le Mali, à travers le Général Assimi Goïta, président de la Transition et chef de l’État, ainsi que par le gouvernement et le peuple malien, a fait part de ses sincères condoléances au président tchadien, Mahamat Idriss Déby Itno, ainsi qu’à tout le peuple du Tchad. Cette attaque, qualifiée de « lâche et barbare » dans un communiqué officiel du Gouvernement de la Transition, ne fait que renforcer la volonté de Bamako de coopérer activement avec le Tchad dans la lutte contre le terrorisme, qui représente un défi commun pour toute la région du Sahel.

Signé par le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Général de Division Abdoulaye Maïga, le communiqué N° 071 réaffirme l’engagement du Mali à œuvrer aux côtés du Tchad dans des actions coordonnées de sécurité pour endiguer la montée en puissance de ces groupes armés. Le Mali, qui fait lui-même face à des défis sécuritaires majeurs, connaît bien l’impact destructeur du terrorisme, et par conséquent, il se déclare solidaire du Tchad dans cet épisode douloureux.

L’opération militaire « Haskanite », lancée par le Tchad en réponse à cette attaque, témoigne de la détermination de ce pays à traquer les assaillants et à garantir la sécurité de la région. Le Président Mahamat Idriss Déby Itno, présent sur les lieux de l’attaque, a annoncé son intention de superviser personnellement cette opération, affirmant que cette riposte ne se limitera pas aux frontières tchadiennes si la traque des responsables exige une extension géographique. Il a affirmé que « ces bandits ont fui, mais nous n’allons pas les laisser », marquant ainsi une volonté claire de neutraliser les groupes terroristes qui menacent la paix et la stabilité régionale.

Le Premier ministre par intérim tchadien, Abderahim Bireme Hamid, a également pris la parole pour rappeler que cette opération militaire de grande ampleur est une réponse légitime à une agression contre les Forces de Défense et de Sécurité tchadiennes, lesquelles assument la lourde responsabilité de veiller sur la sécurité du pays et de ses populations.

Pour le Mali, ce drame souligne une fois de plus la nécessité d’une coopération renforcée entre les États sahéliens. La solidarité exprimée par Bamako envers N’Djamena illustre l’importance d’une union régionale contre les groupes terroristes. Alors que les pays du Sahel sont engagés dans une lutte acharnée pour préserver la sécurité et la stabilité, cet événement rappelle que le combat contre le terrorisme ne saurait être gagné de manière isolée, mais plutôt par une alliance de forces, de stratégies et de ressources communes.

Dans ce contexte de solidarité régionale, certains observateurs envisagent la possibilité que le Tchad rejoigne l’Alliance des États du Sahel (AES), afin de renforcer encore les liens stratégiques et sécuritaires avec des pays tels que le Mali, le Niger et le Burkina Faso. La situation tragique de Barkaram pourrait en effet accélérer les discussions autour de cette alliance, notamment dans un souci de partage de renseignements, de stratégies de défense et d’actions militaires coordonnées.

L’alliance entre le Mali et le Tchad apparaît ainsi comme une réponse forte à cette violence insidieuse, une réponse que l’AES pourrait consolider et amplifier. Le Mali, uni dans la douleur avec le Tchad, réaffirme son engagement à soutenir toute initiative visant à renforcer la paix et la sécurité dans le Sahel, pour que la stabilité et la prospérité puissent s’ancrer durablement dans cette région traversée par de nombreuses turbulences.

3. Un réseau d’espionnage français démantelé au Sahel

La France est-elle prête à tout pour conserver son emprise sur l’Afrique de l’Ouest ? Une enquête récente d’AES Info jette une lumière crue sur les relations entre Paris et le Sahel, mettant en évidence ce qui pourrait être une vaste opération d’espionnage orchestrée par la France à travers un réseau d’agents infiltrés sous couvert d’organisations humanitaires. Cette révélation secoue les relations franco-sahéliennes, et suscite un nouvel appel à la souveraineté de la région.

Selon AES Info, un média créé par l’Alliance des États du Sahel (AES) -regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger- la France aurait mis en place un réseau complexe d’agents œuvrant sous des identités fictives dans des ONG, et opérant dans des pays tels que le Niger, le Bénin, et le Tchad. L’enquête met particulièrement en cause Thomas Giozzo, présenté comme un officier de liaison de la Direction Générale des Services Extérieurs (DGSE) française, ayant exercé à l’ambassade de France à Niamey jusqu’au récent renversement du président Bazoum en juillet 2023. Ces agents infiltrés sont accusés d’utiliser les ressources humanitaires comme couverture pour des actions en faveur de l’instabilité régionale.

AES Info expose un schéma particulièrement troublant : en finançant et en armant des groupes terroristes comme Boko Haram sous le couvert d’ONG, ces agents français contribueraient directement à entretenir des crises humanitaires. Celles-ci justifieraient ensuite la présence de « fausses » ONG dans des zones stratégiques, fournissant ainsi une logistique idéale pour les activités de renseignement françaises.

Cette stratégie semble coordonnée pour affaiblir les nations membres de l’AES, qui ont récemment pris une position ferme en faveur de leur indépendance politique et militaire vis-à-vis de Paris. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, membres fondateurs de l’AES, cherchent aujourd’hui à réduire la dépendance héritée des relations coloniales avec la France et à se tourner vers de nouvelles alliances internationales. Ce nouvel épisode d’influence présumée de la France serait une tentative désespérée de réaffirmer une influence déclinante.

Selon l’enquête, la France ne se limiterait pas à des actions d’espionnage ponctuelles. AES Info affirme que des infrastructures militaires sont en cours de construction au Nigeria dans des camps situés à Guigani et Garingata, conçus pour armer et soutenir des groupes terroristes dans des régions sensibles. Ces installations seraient reliées par une future « autoroute logistique » qui permettrait des frappes coordonnées contre les pays de l’AES.

La révélation de ces opérations présumées intervient à un moment critique. Les récents retraits militaires français du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont renforcé le mouvement souverainiste en Afrique de l’Ouest, et l’opinion publique exige de plus en plus la fin de l’ingérence étrangère. En révélant cette opération d’espionnage présumée, AES Info alimente la volonté des peuples sahéliens de renforcer leur souveraineté et de se libérer de l’emprise coloniale française.

Pour l’instant, les autorités françaises n’ont pas réagi publiquement à ces allégations, mais le silence de Paris ne fait que nourrir les soupçons de collusion et d’ingérence. Cette situation, si elle n’est pas clarifiée, pourrait conduire à une rupture plus prononcée entre la France et les pays du Sahel.

La dénonciation de cette prétendue opération par l’AES montre que l’Afrique de l’Ouest refuse désormais d’être un terrain de jeu pour les ambitions géopolitiques des puissances étrangères. Face à cette situation, les pays membres de l’AES semblent plus déterminés que jamais à se battre pour leur autonomie, renforçant leurs relations diplomatiques avec de nouveaux alliés et redéfinissant leurs intérêts stratégiques en dehors de l’influence française.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV