L’ancien Premier ministre français Dominique De Villepin a sévèrement dénoncé le massacre que perpètre Israël à Gaza et le silence de la France et de l’Occident.
Invité de France Inter, jeudi 12 septembre, Dominique De Villepin a lancé une critique sévère contre la guerre israélienne à Gaza, où se déroule un « désastre humanitaire ». Il est en fait l’une des premières personnalités politiques occidentales à appeler à un cessez-le-feu et à mettre en garde contre un massacre de grande ampleur dans la bande assiégée palestinienne dès le déclenchement de la guerre, le 7 octobre dernier.
« Gaza est sans doute le plus gros scandale historique et dont plus personne ne parle dans ce pays. C’est le silence, c’est la chape de plomb… C’est un véritable scandale sur le plan de la démocratie », a dénoncé De Villepin sur les ondes de France Inter.
Tout cela se fait évidemment « au nom de la guerre », mais l’ancien chef de la diplomatie française souligne qu’il ne s’agit pas d’une « guerre tout à fait comme les autres », parce que « ce sont les populations civiles qui meurent ».
Sur un ton plus amer, De Villepin a dénoncé le silence médiatique en France concernant le conflit à Gaza. Il a expliqué devoir « googler » pour trouver des nouvelles, qualifiant cette absence de couverture d’« étouffement démocratique ».
Dominique De Villepin, ancien Premier ministre français, a lancé une critique sévère contre la guerre israélienne à Gaza, qualifiant la situation de « désastre humanitaire ». pic.twitter.com/mEfhQyYIEy
— Press TV Français (@PressTVFrench) September 13, 2024
Au sujet du nombre de 40 000 morts évoqué par les chiffres du ministère de la Santé de Gaza, De Villepin a déploré: « Il y en a vraisemblablement beaucoup plus. Malheureusement, c’est une réalité de tous les jours à Gaza, les corps sont en morceaux, les cœurs sont en morceaux, les âmes sont en morceaux, les têtes sont en morceaux ».
Face à un tel désastre, « il n’y a aucune perspective », regrette le diplomate français, soulignant qu’Israël « est en train de créer les conditions d’une réoccupation de Gaza ».
« Gaza est complètement assiégée un moment où la Cisjordanie est en train elle-même de se décomposer. Nous sommes devant une véritable cocotte-minute », s’est-il alarmé.
L’ancien chef de la Diplomatie française a appelé à une révision des politiques françaises face à Israël, déplorant que Paris et l’Union européenne n’utilisent pas les leviers dont elles disposent, notamment en matière d’armement et de commerce avec les territoires palestiniens, colonisés par Israël.
Selon lui, les justifications avancées par des chancelleries européennes pour soutenir Israël, telles que « laisser Israël mener sa guerre jusqu’au bout », manquent de clarté. Il a ironisé en demandant : « Mais quel bout ? » Il a aussi noté l’absence d’« objectif politique » de la part d’Israël, et plus largement, d’une stratégie politique claire dans les conflits modernes. « Quand vous n’avez pas d’objectif politique, la seule chose que vous savez faire, c’est la guerre », a-t-il martelé, comparant la situation à celle de l’Ukraine.
De Villepin a également étendu ses critiques aux États-Unis, qu’il considère comme un acteur « dysfonctionnel » sur la scène mondiale.
Pour conclure, Dominique de Villepin a averti que l’Europe, tout comme la France, se trouve face à une crise existentielle, se contentant de « se gargariser » que « tout va bien », alors que, selon lui, « tout fout le camp ». Il a exhorté à une prise de conscience face aux crises internationales, tout en regrettant « l’effacement » progressif de la voix française dans les affaires mondiales.
Le contexte humanitaire à Gaza reste dramatique. Depuis le début des offensives israéliennes en octobre 2023, le ministère de la Santé de Gaza rapporte un bilan de plus de 41 000 morts et près de 95 000 blessés. Les attaques continues ont dévasté une grande partie de l’enclave palestinienne et de ses infrastructures civiles, notamment les hôpitaux, les écoles et les canalisations.
La bande de Gaza reste sous un blocus israélien qui empêche l’accès aux biens de première nécessité.
Israël fait face à des accusations de génocide devant la Cour internationale de Justice.