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Les analyses de la rédaction :
1. Sonko : « Personne ne passera par le Sénégal pour déstabiliser le Mali »
Lors d’une visite au Mali, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a examiné sans détour avec les autorités maliennes les principaux axes de coopération entre les deux pays, les rassurant sur les défis sécuritaires.
Le 12 août, Ousmane Sonko est allé au Mali pour une visite d’amitié et de travail. Cette visite intervient dans un contexte régional tendu, marqué par des divergences politiques et des défis sécuritaires.
Accueilli par son homologue malien, Choguel Maïga, Sonko a ensuite rencontré le président Assimi Goïta. En effet, il a exprimé ses condoléances au peuple malien pour la perte de ses soldats lors des affrontements à Tinzaouatène du 25 au 27 juillet, qualifiant ses échanges avec les autorités maliennes de « très instructifs » et fraternels.
Interrogé sur un prétendu changement de position du Sénégal concernant l’Alliance des États du Sahel (AES), Sonko a mis au défi quiconque de prouver un quelconque revirement dans ses déclarations. Il a réaffirmé son opposition à l’embargo imposé au Mali après le coup d’État de 2020 contre Ibrahim Boubacar Keïta et a assuré que sous son gouvernement, de telles pratiques ne seraient jamais tolérées.
De plus, il a souligné que personne ne pourrait utiliser le Sénégal pour déstabiliser le Mali ou d’autres nations africaines ni pour imposer des sanctions, une position qui reste proposée. Sonko a également réitéré sa critique des projets d’intervention au Niger par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) suite au renversement du régime de Mohamed Bazoum en juillet 2023.
Reconnaissant les erreurs passées de la CEDEAO, il a plaidé pour l’unité africaine, a démontré l’importance de maintenir des cadres solides et de surmonter les divergences pour rassembler les Africains au-delà de leurs différends. Il a évoqué l’exemple européen pour illustrer qu’une réconciliation après des conflits majeurs est possible.
Enfin, Ousmane Sonko a réaffirmé la volonté de maintenir des liens solides entre le Sénégal et le Mali, en accord avec leurs réalités géographiques, historiques, économiques et sociales, qui imposent aux deux nations de rester unies et de continuer à coopérer à tous les niveaux.
Pour rappel, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé en janvier dernier leur retrait de la CEDEAO, qu’ils accusent d’être manipulée par des puissances étrangères.
2. Avec l’AES, l’Uemoa pourrait voler en éclats
Les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) – le Mali, le Niger et le Burkina Faso – se préparent activement à la date historique du 23 janvier prochain, marquant leur divorce annoncé avec la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce processus, inévitable et irréversible, place ces nations face à des défis douaniers et monétaires qu’elles doivent aborder avec résilience et détermination.
Lors d’un récent sommet à Niamey, les responsables des douanes des pays sahéliens ont entamé un processus d’harmonisation de leurs politiques, comparable à une union douanière au sein de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Cette initiative vise à compenser la perte des facilités et privilèges douaniers offerts par la CEDEAO, en renforçant la solidarité et la coopération régionale.
Cependant, cette solidarité confédérale pourrait rencontrer des obstacles en raison de la remise en question de certaines directives jugées défavorables aux pays de l’hinterland. Ces nations pourraient exprimer des réserves quant à l’accès à leurs marchés de divers produits, en raison de l’application stricte des règles d’origine, particulièrement pour les produits issus de multinationales délocalisées.
La règle d’origine, qui détermine l’origine des produits en fonction de critères spécifiques, représente un point de tension majeur. Elle peut désavantager certains pays, notamment ceux de l’AES, en empêchant les produits fabriqués par des multinationales délocalisées de bénéficier des mêmes privilèges douaniers que ceux produits localement. Ce déséquilibre doit être corrigé pour assurer une coopération économique équitable et bénéfique pour tous.
Le franc CFA, utilisé par plusieurs pays de l’UEMOA, est une monnaie coloniale imposée par la France. Cette devise, symbole d’une dépendance économique persistante, limite la souveraineté monétaire des nations africaines. L’introduction imminente de l’ECO, la monnaie unique de la CEDEAO, ne fait qu’ajouter à cette problématique.
L’ECO, bien que présenté comme une avancée vers l’intégration régionale, pourrait en réalité renforcer la mainmise de la France sur les économies africaines, en maintenant des mécanismes de contrôle monétaire similaires à ceux du franc CFA. Cette nouvelle devise pourrait donc s’avérer être un cheval de Troie, compromettant la souveraineté économique des pays de l’AES et de toute la région ouest-africaine.
Face à ces défis, les pays de l’AES doivent faire preuve de résilience et de détermination pour défendre leur souveraineté économique et monétaire. L’harmonisation douanière et la gestion équitable des règles d’origine sont essentielles pour maintenir une coopération régionale stable et bénéfique. De plus, l’AES doit rejeter le franc CFA et l’ECO, et œuvrer pour la création d’une monnaie véritablement panafricaine, libérée de toute influence coloniale.
Le 23 janvier marquera une étape décisive dans l’évolution des relations entre les pays de l’AES et la CEDEAO. Ce divorce, bien que source de défis, offre également une opportunité unique de réaffirmer leur souveraineté et de renforcer la coopération régionale sur des bases plus équitables et autonomes. Les nations sahéliennes, en s’unissant et en défendant leur indépendance économique, peuvent ouvrir la voie à un avenir plus prospère et souverain pour toute l’Afrique de l’Ouest.