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Zoom Afrique du 23 juillet 2024

Zoom Afrique du 23 juillet 2024

Les titres de la rédaction :

  • Namibie : les expéditions de la mine d’uranium Langer Heinrich ont repris
  • Gabon : réforme du Code minier en vue pour attirer plus d’investissements
  • Tunisair veut desservir Libreville et Douala dès décembre
  • Nigeria : Aruwa Capital renforce son engagement dans AgroEknor

Les analyses de la rédaction :

1. Mali : les Fama prennent le contrôle d’In-Afarak ; nouvelle victoire dans la reconquête du territoire 

L’État-major des forces armées maliennes (FAMa) a annoncé, dans un communiqué ce lundi 22 juillet 2024, la prise de contrôle de la localité d’In-Afarak, située à environ 122 km au nord-ouest de Tessalit, dans la région de Kidal. Cet important carrefour commercial, pas très loin de la frontière algérienne et qui était selon l’Armée « sujet à plusieurs trafics », était depuis quelques années aux mains des groupes rebelles qui ont été déjà délogés par les soldats maliens de Kidal, il y a presque une année. 

C’est une nouvelle victoire pour l’Armée malienne dans son opération de reconquête du territoire avec la prise de contrôle, ce lundi 22 juillet 2024, de la localité d’In-Afarak, à une dizaine de kilomètres de la frontière avec l’Algérie. Dans un communiqué, l’État-major des FAMa a indiqué que le village situé à environ 122 km au nord-ouest de Tessalit, dans la région de Kidal, « est un carrefour commercial très important sujet à plusieurs trafics ». 

Selon l’Armée malienne, « cette action rentre dans le cadre de la Défense du territoire nationale et de la protection des personnes et de leurs biens ». Et d’ajouter que « les Unités FAMa recherchent et détruisent la coalition mafieuse des groupes armés, auteurs d’abus et de rackets sur les paisibles populations avec la mise en place des postes de contrôle illégaux sur les axes restreignant la liberté de mouvement des transporteurs ». 

En tout état de cause, l’État-major a assuré, dans son communiqué, que la sécurisation des populations reste « une priorité » et que les unités FAMa continueront « des actions similaires » jusqu’à la garantie de la liberté des mouvements des populations. 

Selon des sources locales, c’est avec une importante colonne de véhicules militaires lourdement armés dont des blindés, que les soldats maliens ont fait leur entrée dans In-Afarak, accompagnés par des membres de groupe de sécurité militaire russe que Bamako présente comme des instructeurs. Les membres des groupes rebelles qui contrôlaient jusque-là la localité ont préféré éviter la confrontation et se sont repliés à une dizaine de kilomètres des lieux d’après les mêmes sources. 

In-Afarak, qui constitue également un centre stratégique pour le ravitaillement des villes de Tombouctou et de Gao, était depuis 2012 dans les mains des groupes rebelles armés qui ont pris le contrôle du nord-mali depuis plus d’une décennie maintenant. Après la prise de contrôle symbolique par les FAMa de la ville de Kidal, l’année dernière, c’est autour d’In-Afarak de repasser sous le contrôle des soldats maliens qui ont engagé une véritable opération de reconquête du territoire national depuis le départ, sous les pressions du régime militaire de transition dirigé par le colonel Assimi Goita, des soldats de la force française Barkhane, de leurs homologues européens de « Takuba » ainsi que des Casques bleus de la Minusma. 

2. L’AES doit avoir une force de nuisance pour faire peur 

Depuis le 16 septembre 2023, un nouvel espace d’intégration régionale a été créé. Il s’agit de l’Alliance des États du Sahel (AES) qui regroupe le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Le 28 janvier 2024, ces trois pays signent un communiqué conjoint marquant leur divorce avec la communauté ouest-africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Un divorce consommé au vu de l’engagement des trois pays à mutualiser leurs forces pour non seulement faire face au terrorisme, mais aussi travailler à œuvrer pour le développement socio-économique.  

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, trois pays du Sahel qui partagent la même histoire. Partis d’une domination coloniale française, ces pays sont tous indépendants en 1960. Aujourd’hui, ces pays ont un destin commun. Un destin qui tourne autour de plusieurs défis à savoir la sécurité, le développement socio-économique et l’intégration des peuples. 

« L’AES s’est vue abandonnée à son propre sort par la CEDEAO » 

Tous, pays membres fondateurs de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ces pays ont claqué la porte de cette organisation d’intégration sous régionale à travers une note conjointe le 28 janvier 2024. 

Pour le professeur Yacouba Zerbo, enseignant-chercheur en relations internationales à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, l’Alliance des Etats du Sahel n’a pas tort de claquer la porte de l’institution régionale. Il précise que la CEDEAO, censée être le Léviathan des peuples de ces pays membres a échoué dans sa mission. 

Selon lui, la création de l’AES est une réaction face à une situation donnée à savoir la question sécuritaire qui avait ébranlé ces différents États pendant plusieurs années. « Pendant des années, ces pays étaient vraiment sous l’emprise terroriste et ils se battaient de toute manière pour défendre leur territoire et leurs populations. Ces États ont décidé de s’organiser intérieurement pour faire face à cette situation. 

Retenez bien que cette réaction n’est pas contre la CEDEAO seulement, mais aussi contre un certain nombre de pays qui ont une vision différente du monde. Depuis 2021, il y avait une politique au niveau de la CEDEAO, adoptée par les États unis. Cette politique avait permis la création de l’Afrique occidentale côtière. Et par cette politique, cet ensemble de pays allaient bénéficier de la protection des autorités américaines. Cette configuration correspond à un certain nombre de pays membres de la CEDEAO sans les États du Sahel, à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger », explique-t-il. 

Il indique que cette politique adoptée par les États unis au profit des pays côtiers de l’espace CEDEAO portait des germes d’un abandon absolu des États du Sahel par la CEDEAO. Une politique qui laisse entrevoir une exclusion dans la politique internationale de sécurité. Partant de ce point de vue le Burkina Faso, le Mali et le Niger ne sont pas protégés face à l’hydre terroriste qui sème la terreur au sein des populations et met les économies en berne. 

« L’AES nous réserve un avenir prometteur si tout est mis en œuvre » 

Avec une population estimée à plus de 72 millions d’habitants, l’espace AES constitue un vaste marché de consommation. Mais pour y arriver, les autorités doivent prendre un certain nombre de mesures pour faciliter l’intégration des peuples et booster un nouvel élan de développement socio-économique. 

Pour le professeur Yacouba Zerbo, la responsabilité de l’AES est énorme. Pour ce faire, les autorités doivent développer une stratégie de mobilisation des ressources, développer une stratégie de tissu diplomatique adapté, une politique de s’adosser aux personnalités physiques et morales et investir dans la sécurité et développer une stratégie de coopération correspondant aux réalités actuelles. 

« Quand on quitte une institution pour créer une nouvelle, on doit adopter des stratégies dans les domaines de développement socio-économique. Que ça soit l’intégration, la mobilisation des ressources, la diplomatie, la coopération et surtout dans le domaine sécuritaire. Tout ça pour répondre aux défis du moment qui ne sont rien d’autre que la sécurité et l’économie. L’AES doit avoir une force de nuisance pour faire peur, mais aussi pour sa propre sécurité afin de pouvoir faire face aux défis du moment », souligne-t-il. 

« La monnaie : un levier de développement économique et social » 

La monnaie reste un moyen d’échange des économies contemporaines. Elle doit avoir une certaine considération pour assurer sa valeur et son équilibre. Pour l’enseignant chercheur à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, une monnaie, sur le marché doit bénéficier d’une stabilité politique et de l’équilibre des secteurs d’activités de développement économique. 

« La monnaie n’aime pas le risque, l’instabilité politique, elle n’aime pas le déséquilibre des secteurs d’activités. La monnaie veut avoir de l’assurance pour assurer la confiance des partenaires, sa transférabilité, sa convertibilité, son dynamisme sur le marché concurrentiel », poursuit-il. 

Levier de développement économique d’un pays, la monnaie est manipulable en fonction des intérêts des pays tributaires de la monnaie. Et dans une économie d’investissement et d’importation, la monnaie est fluctuante, due aux manipulations pour répondre aux besoins du moment. Chose qui n’est pas nouveau, selon notre interlocuteur. Le développement des économies nationales, du commerce, le contrôle strict de change sont, entre autres, les avantages d’une souveraineté monétaire. 

Le Professeur Yacouba Zerbo indique que ces trois pays connaissent des situations difficiles dues à l’insécurité, mais estime que des situations difficiles qui font naître un nouveau dynamisme pour acquérir leur souveraineté et les populations doivent taire toutes sortes divergences qui pourraient enfreindre à ce dynamisme. 

« Ces pays sont dans une nouvelle dynamique en particulier le Burkina Faso pour reconquérir l’intégralité de son territoire, sécuriser l’Etat et ses populations face au terrorisme et d’autres adversités de nature différente. Cela a amené les autorités à tracer des objectifs qu’ils veulent atteindre sur le plan militaire, économique, social et politique, diplomatique, mais également dans le domaine de l’intégration.  

Et c’est déjà prendre en compte les efforts fournis et si ces efforts sont vraiment pris en compte il faut bien qu’on puisse faire taire forcément la persistance de certaines contradictions internes qui ne construisent pas une nation », conclut le professeur Yacouba Zerbo, enseignant chercheur à l’université Joseph Ki-Zerbo. Les chefs d’État de l’AES se sont réunis le 6 juillet 2024 à Niamey en marge d’un premier sommet. L’acte d’une confédération a été signé par les 3 dirigeants. 

3. Khartoum et Téhéran : Un rapprochement stratégique pour le Soudan 

Khartoum et Téhéran ont décidé de mettre fin à leur brouille diplomatique de près de huit ans. À preuve, le 21 juillet dernier, le président soudanais Abdel Fattah al-Burhan a reçu en audience l’ambassadeur d’Iran à Port-Soudan devenue par la force des choses, la capitale administrative du Soudan depuis le début de la guerre. Au même moment, l’ambassadeur du Soudan prenait aussi ses quartiers à Téhéran. Si les premiers signes du rapprochement entre le Soudan et l’Iran remontent à juillet 2023, lors de la rencontre entre les chefs de la diplomatie des deux pays à Bakou en République d’Azerbaïdjan, les causes, quant à elles, sont à rechercher dans la guerre pour le pouvoir que se livrent les deux généraux que sont Abdel Fattah al-Burhan et Mohammed Hamdan Daglo, dit Hemetti. 

Les États-Unis, soutenant Hemetti, ont créé cette guerre pour déstabiliser le Soudan et empêcher Khartoum de vouloir accueillir une base militaire russe. Washington craint en effet que le rapprochement de Burhan avec des puissances comme l’Iran, la Chine ou encore la Russie ne menace ses intérêts géopolitiques dans la région. 

Se rapprocher de l’Iran présente de nombreux avantages pour le Soudan, en particulier en ces temps de crise. Avec ce nouvel allié, Khartoum espère se renforcer militairement. En effet, l’Iran, avec son expérience militaire et technologique, peut fournir au Soudan des armes sophistiquées, notamment des drones, pour freiner la progression sur le terrain des Forces de soutien rapide (FSR) de Hemetti, qui continue de vouloir mener la guerre contre Khartoum pour livrer le Soudan à Washington. 

En choisissant de se rapprocher de l’Iran, le Soudan envoie un message fort à la communauté internationale, en particulier à l’Arabie Saoudite et aux États-Unis. Ce rapprochement n’est pas seulement une réaction à la pression américaine, mais également une tentative de diversifier ses alliances et de renforcer sa souveraineté face aux ingérences extérieures. En 2016, Khartoum avait rompu ses relations avec Téhéran par solidarité avec Riyad. Aujourd’hui, en renouant avec l’Iran, le Soudan montre qu’il est prêt à prendre des décisions stratégiques indépendantes, malgré les risques de nouvelles escalades dans le conflit armé en cours. 

La réconciliation entre Khartoum et Téhéran pourrait également redessiner les alliances au Moyen-Orient. Alors que les relations entre Riyad et Téhéran évoluent, le rapprochement entre le Soudan et l’Iran pourrait créer une nouvelle dynamique régionale. En s’alliant avec l’Iran, le Soudan se positionne comme un acteur clé qui pourrait influencer les équilibres de pouvoir dans la région. 

Pour le Soudan, se rapprocher de l’Iran plutôt que des États-Unis ou d’un pays occidental semble être une stratégie plus avantageuse à long terme. Ce choix permet à Khartoum de renforcer ses capacités militaires, d’affirmer son indépendance politique et de redéfinir ses alliances régionales. Dans un contexte où les États-Unis sont perçus comme ayant alimenté le conflit pour des raisons géopolitiques, le partenariat avec l’Iran offre au Soudan une alternative pour stabiliser le pays et protéger ses intérêts nationaux. 

La question demeure toutefois, qui donc pour sauver le peuple soudanais ? Le drame qui se joue au Soudan continue de susciter l’inquiétude des observateurs internationaux, conscients de la complexité du conflit et de ses conséquences humanitaires désastreuses. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV