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Les activités sur les réseaux sociaux du musicien iranien emprisonné en France contredisent les accusations

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Ivan Kesic

Cela fait plus de deux semaines que Bashir Biazar, un musicien et cinéaste iranien acclamé, a été arrêté et emprisonné en France pour des accusations largement décrites comme « politiquement motivées ».

Dans un acte d’accusation déposé par le ministère français de l’Intérieur, dont une copie est en possession de Press TV, Biazar est accusé de propagande iranienne, d’antisionisme, d’anti-américanisme et de publications haineuses sur les réseaux sociaux. Il a été accusé d’être un « vecteur de haine » et de constituer une « menace pour l’ordre public en France ».

Les militants des droits de l’homme, les responsables, la famille et les amis de Biazar ont catégoriquement rejeté les accusations sans fondement qui sont basées sur les motivations politiques du gouvernement français contre la République islamique d’Iran.

Une comparaison entre les accusations et les activités sur les réseaux sociaux de Biazar, en particulier ces derniers mois, montre clairement que l’affaire portée contre lui n’est pas basée sur le bien-fondé, mais qu’elle est politiquement motivée.

Né en République islamique d’Iran, Biazar est un compositeur de musique et un cinéaste indépendant reconnu internationalement pour son travail.

Il a été directeur général du New Horizon Institute of Arts and Culture et secrétaire de l’Association des étudiants musulmans basée à Londres.

Pendant plusieurs années, il a travaillé comme directeur de production au Département de musique et de chant de la Radiodiffusion publique de la République islamique d’Iran (IRIB), où il a produit un certain nombre d’œuvres artistiques.

Acte d’accusation français contre Biazar

Le ministère français de l’Intérieur accuse Biazar de diffuser une « propagande d’État » iranienne et de promouvoir « l’antisionisme et l’anti-américanisme », qu’il considère comme une « ingérence politico-religieuse ».

Il prétend aussi que Biazar a une mission opérationnelle pour agir contre les opposants iraniens, les juifs et les cibles israéliennes en France et représente ainsi une menace pour l’intégrité et la sécurité du pays, ainsi que pour ses relations internationales. Les accusations les plus graves sont qu’il incite au terrorisme par la haine, est impliqué dans des publications haineuses sur les réseaux sociaux, soutient le Hamas et le Hezbollah et diffame la France.

Les autorités françaises décrivent Biazar comme « un vecteur de haine qui menace gravement l’ordre public et les intérêts fondamentaux de l’État », et recommandent son expulsion du pays.

Citant son cas comme « une urgence absolue », la France prétend que ses « activités hostiles » nuisent à la situation internationale, et alimente les tensions, la haine et la violence entre les communautés du pays.

Le Point a récemment rapporté que l’arrêté ministériel d’expulsion avait été signé le 22 mai, deux semaines avant son arrestation et son incarcération.

Un tribunal français a ordonné à Biazar de quitter le pays dans les 28 jours, mais la police française ne l’a pas libéré, sans fournir aucune explication pour le maintien en détention.

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Fausses accusations de porter atteinte à la France

Depuis son arrestation, de nombreux commentateurs, responsables et la famille de Biazar ont condamné l’acte d’accusation, le qualifiant de sans fondement et de politiquement motivé.

Un examen attentif de ses activités sur divers réseaux sociaux, notamment la plateforme X (anciennement Twitter) révèle le caractère non fondé des accusations portées contre lui.

Biazar a utilisé X pendant 13 ans avant que son profil ne soit supprimé en 2022 sans explication ni avertissement. Après cela, il a créé un autre compte où il est actif maintenant.

Il a également utilisé Instagram, ne laissant pourtant que 43 publications sur le réseau.

Instagram, un réseau affilié à Meta, a des règles strictes contre les mouvements de résistance pro-palestiniens, ce qui a conduit au blocage ou à la suspension de nombreuses voix pro-palestiniennes.

Le fait que le profil de Biazar n’ait pas été supprimé ou suspendu prouve qu’il n’a enfreint aucune règle.

Tous ses messages, commentaires et tags sur les réseaux sociaux, que ce soit sur X ou Instagram, sont rédigés en persan, ce qui indique qu’ils ne sont pas destinés à un public français.

Selon l’analyse effectuée par Press TV sur ses activités sur les réseaux sociaux, aucun Français ne le suit et aucun citoyen français n’a jamais réagi à ses publications.

Ses activités sur les réseaux sociaux, comme celles de millions de défenseurs de la Palestine à travers le monde, y compris en France, se sont principalement concentrées sur le génocide commis par Israël à Gaza depuis octobre 2023.

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Une voix contre le génocide de Gaza

Biazar, comme d’autres militants pro-palestiniens consciencieux, a élevé la voix contre le génocide commis par Israël à Gaza, qui a coûté la vie à 37 400 Palestiniens, pour la plupart des enfants et des femmes.

Le message épinglé sur le compte X de Biazar présente une vidéo de lui s’adressant à une session des Nations unies sur les sanctions contre l’Iran, les actions israéliennes à Gaza et la passivité de l’organisme mondial.

« Les sionistes n’ont jamais été aussi seuls, détestés, vaincus et humiliés », a-t-il écrit dans le tweet.

Dans un tweet du 28 mai, Biazar a critiqué le silence du président français Emmanuel Macron, des chaînes CNN et BBC quant aux crimes israéliens à Gaza, en particulier le massacre perpétré dans le camp de réfugiés de Rafah.

Il a publié des articles sur des éléments anti-iraniens à Londres, brandissant un drapeau israélien et harcelant une Iranienne qui se rendait à une cérémonie commémorative.

Certains de ses tweets montraient le rassemblement massif dans différentes villes iraniennes pour rendre hommage au défunt président iranien Ebrahim Raïssi et à ses compagnons tués en martyr dans un accident d’hélicoptère.

Mais, ces derniers mois, la plupart de ses activités sur les réseaux sociaux se sont entièrement concentrées sur le génocide à Gaza et sur le silence et la complicité de l’Occident à ce sujet.

Dans un tweet du 9 mai, il a partagé une vidéo de l’émission de Piers Morgan dans lequel un porte-parole du régime israélien n’a pas été capable de défendre les crimes du régime contre les Palestiniens.

Le 27 octobre 2023, il a critiqué la décision de la police française d’annuler l’autorisation accordée à un rassemblement en soutien au peuple palestinien.

Certains de ses tweets étaient consacrés au mouvement des campus américains et aux violences policières contre les étudiants, comme des millions d’autres internautes qui ont réagi à cet événement. 

Biazar n’a commenté les affaires de sécurité intérieure française qu’une seule fois, le 10 mai, comparant la violence des adolescents lors des manifestations anti-gouvernement en France aux émeutes iraniennes soutenues par l’Occident.

Biazar a déclaré que le contrôle des adolescents pendant les troubles sociaux est la responsabilité première de leurs parents, en accord avec la décision du ministère français de la Justice en juillet dernier.

Le ministre français de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a annoncé que les parents qui négligent leurs enfants de moins de 17 ans et les laissent rester dehors la nuit pourraient encourir deux ans de prison et une amende de 30 000 euros.

Biazar a souligné que deux jours seulement après cette déclaration, les manifestations contre le meurtre de Nahel Merzouk par la police ont été complètement éteintes.

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Fausses accusations contre les mouvements de résistance

Depuis le début du génocide commis par Israël à Gaza, Biazar a publié des centaines de tweets sur la Palestine, la souffrance des Palestiniens et des critiques du régime israélien et de l’indifférence des gouvernements occidentaux à l’instar de ce que font régulièrement de nombreux citoyens français et occidentaux.

Parmi ces tweets -tous en persan-, seuls neuf mentionnaient le Hamas. Sept étaient des réponses à d’autres commentaires avec des portées limitées.

Les deux tweets directs commentaient des vidéos de Khaled Machaal et du commandant militaire israélien Gadi Eizenkot discutant de l’impact des opérations du Hamas.

Dans ses commentaires, Biazar a critiqué la manipulation des médias sur le Hamas et a mentionné les objectifs de leurs opérations. Il a déclaré que le Hamas opère dans les territoires occupés conformément aux résolutions de l’ONU et a noté l’ampleur de la brutalité israélienne à Gaza.

Biazar n’a pas commenté le Hezbollah ces derniers mois, à l’exception d’un seul commentaire sur un discours de son secrétaire général, Seyyed Hassan Nasrallah, critiquant la manipulation de ses propos par les médias.

Il n’a jamais publié de documents qui pourraient le relier directement ou indirectement aux accusations, comme des vidéos d’opérations militaires de groupes de résistance palestiniens.

La campagne #FreeBashir prend de l’ampleur

La campagne pour libérer Biazar a pris de l’ampleur ces derniers jours, avec la participation de nombreux journalistes, militants, artistes et universitaires.

Richard Medhurst, un journaliste britannique, a qualifié son arrestation et son emprisonnement de « scandaleux » dans un message sur X.

« La police française a convoqué un musicien iranien, le 4 juin, sans aucune explication, l’a immédiatement arrêté pour soutien au terrorisme et l’a conduit dans un camp destiné aux immigrants illégaux. C’est purement politique et ridicule », a écrit Medhurst.

Ramy Abdu, président de l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, a partagé un article sur X affirmant que Biazar « croupit dans une prison française depuis près de deux semaines après son arrestation arbitraire pour activisme pro-palestinien ».

Tim Anderson, un universitaire et écrivain australien, a déclaré que le régime de Macron en France avait emprisonné le musicien iranien « pour activisme pro-palestinien ».

Marwa Osman, journaliste et animatrice de télévision libanaise, a demandé si Macron avait pris en « otage » le ressortissant iranien pour « libérer ses agents qu’il a envoyés espionner l’Iran en 2022 ». Elle a écrit sur X : « C’est comme ça que #France va jouer maintenant ? Eh bien, je dirais que c’est un jeu risqué auquel Macron joue. Parce que vous savez, les adversaires peuvent aussi jouer à ce petit jeu avec les mêmes règles... toujours. »

Ivan Kesic est un journaliste et chercheur indépendant spécialisé dans les affaires de l'Asie de l'Ouest.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV.)

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SOURCE: FRENCH PRESS TV