Par Alireza Akbari
La campagne pour l’élection présidentielle anticipée du 28 juin en Iran bat son plein. Les six candidats en lice déploient tous leurs efforts pour gagner la faveur des électeurs grâce à des programmes et des politiques méticuleusement élaborés.
La semaine dernière, depuis que la campagne a démarré à la suite de l’approbation des candidats par le principal organe de supervision des élections du pays, l’un des principaux domaines d’intérêt des candidats a été la politique étrangère.
Les six candidats à la plus haute fonction exécutive de la République islamique ont profité de diverses émissions télévisées et d’événements sur le terrain pour exposer leur vision de la politique étrangère du pays.
Presque tous ont salué la politique étrangère centrée sur le regard vers l’Est du président défunt Ebrahim Raïssi, qui a porté ses fruits, tandis que certains ont soutenu un engagement mondial accru.
Jalili met l’accent sur l’exploitation des opportunités mondiales
Lors d’une table ronde en direct organisée vendredi 14 juin, Saïd Jalili, ancien négociateur nucléaire et représentant du Leader de la Révolution au Conseil suprême de sécurité nationale, a engagé une conversation intéressante centrée sur les questions de politique étrangère.
Jalili a souligné l’essence de son slogan de campagne, « Un monde d’opportunités, un grand pas pour l’Iran », mettant l’accent sur son rôle central dans son programme de quatre ans proposé en tant que président potentiel de la République islamique.
Il a évoqué la nécessité de capitaliser sur les opportunités mondiales tout en faisant face aux menaces par le biais d’engagements collaboratifs et diplomatiques avec les nations du monde.
Examinant l’évolution du paysage politique de la région de l’Asie occidentale après l’opération Tempête d’Al-Aqsa menée le 7 octobre 2023 par la Résistance palestinienne, Jalili a fait part des opportunités potentielles pour la République islamique au milieu des changements dans la région.
En outre, il a souligné que des efforts dans le domaine de la politique étrangère devraient profiter directement au peuple iranien, indiquant l’importance de saisir les opportunités mondiales pour améliorer le bien-être de la nation.
Le potentiel de progrès économique grâce au renforcement des relations avec les pays voisins et l’importance d’adopter une approche pragmatique dans les relations étrangères étaient d’autres points abordés par l’homme politique chevronné.
Ailleurs dans ses remarques, il a souligné l’échec lamentable de la « politique de pression maximale » contre la République islamique adoptée par l’ancien président américain Donald Trump et poursuivie par son successeur Joe Biden pendant le mandat du défunt président iranien.
Cette politique avait eu lieu après le retrait unilatéral des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, officiellement connu sous le nom de Plan global d’action commun (PGAC), en mai 2018, malgré le plein respect de l’Iran envers ses engagements prévus dans l’accord multilatéral.
Dans ce droit fil, il a considéré la reconnaissance par le secrétaire d’État américain Antony Blinken de l’augmentation des ventes de pétrole iranien lors d’une session du Sénat américain comme une autre indication de l’échec de la politique intransigeante de Washington envers la République islamique.
Qalibaf compare sa politique étrangère à celle du président Raïssi
Lors de ses apparitions sur l’IRIB au cours d’émissions en direct la semaine dernière, Mohammad Baqer Qalibaf, président du Parlement iranien et candidat à l’élection présidentielle, a également exposé ses points de vue en matière de politique étrangère.
Soulignant la myriade de défis et de pressions auxquels la République islamique est confrontée depuis la Révolution islamique de 1979, Qalibaf a affirmé que la nation a accédé à une position de premier plan sur la scène géopolitique.
Lors de l’une des sessions télévisées, ce politicien chevronné et ancien Maire de Téhéran a fait référence à des initiatives de politique étrangère inachevées et a promis que son administration les poursuivrait avec toute la vigueur voulue.
Dans une interview accordée à la chaîne d’information en arabe Al Alam du service mondial de l’IRIB, Qalibaf a expliqué la stratégie potentielle de son futur gouvernement pour contrer les sanctions occidentales imposées à l’Iran et protéger les intérêts de la nation iranienne.
Il a fait remarquer que le PGAC a servi d’exemple instructif pour façonner la politique étrangère avec les États-Unis. Selon Qalibaf, cet accord est devenu un document dénué de sens après le retrait des États-Unis, révélant l’agenda égoïste et le manque d’intégrité de Washington, les rendant ainsi indignes de confiance.
Le candidat à la présidentielle a comparé son approche à la politique du président défunt Raïssi, qui a donné la priorité aux relations avec les « pays voisins et musulmans », tout en se concentrant sur la sécurité et la coopération économique dans la région du golfe Persique.
Décrivant les liens récemment rétablis avec Riyad comme essentiels à la stabilité et au progrès de la région, M. Qalibaf a identifié des possibilités de collaboration pour résister à des adversaires communs.
En outre, il a évoqué l’importance de la coopération avec l’Irak pour la sécurité des deux pays.
Le législateur chevronné a fait écho aux pensées du fondateur de la Révolution islamique, l’imam Khomeini, selon lesquelles la cause palestinienne n’est pas seulement une question islamique, mais une préoccupation mondiale enracinée dans l’humanité, la liberté et la justice.
Il a qualifié d’un « moment charnière dans l’histoire du monde » l’opération Tempête d’Al-Aqsa qui a été une grande surprise pour le régime de Tel-Aviv et ses alliés occidentaux.
Qalibaf a déclaré que la question de la Palestine ne s’adressait pas seulement à l’Oumma islamique, mais elle résonnait partout dans le monde comme une question d’humanité, de liberté et de résistance à la tyrannie.
S’attardant sur l’importance du front de la Résistance, l’ancien commandant de l’armée de l’air du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) l’a décrit comme un front aux multiples aspects englobant des dimensions géographiques, idéologiques et stratégiques.
Il a affirmé son engagement à défendre et à maintenir le front de la Résistance, s’il est élu président.
Mohammad Baqer Qalibaf a précisé que l’Action stratégique pour lever les sanctions et la protection des intérêts de la nation iranienne seraient la base de son gouvernement.
Lors de la table ronde télévisée de dimanche 16 juin, le candidat a considéré le regard vers l’Est de la République islamique d’Iran comme étant culturel et civilisationnel, soulignant que Téhéran doit utiliser les capacités de l’Asie et de l’Eurasie.
Pezeshkian prône une politique étrangère ancrée dans la diplomatie et le dialogue
Masoud Pezeshkian, ancien ministre de la Santé et l’un des six candidats à la présidentielle, a participé ce vendredi à une table ronde et a présenté un point de vue ancré à la fois dans les idées personnelles et dans le service national.
Ce parlementaire chevronné de la ville de Tabriz, dans le nord-est du pays, a envisagé un avenir caractérisé par la collaboration, l’empathie et une vision nationale commune.
Il a souligné l’unité et la confiance mutuelle comme piliers fondamentaux pour favoriser des progrès significatifs dans la société.
Prônant une approche transformatrice, il a particulièrement insisté sur le rôle central de la jeunesse et de la collaboration dans l’orientation de la trajectoire du pays vers un changement positif tant au niveau national que mondial.
La position de Pezeshkian en matière de politique étrangère est cependant légèrement différente de celle des autres candidats dans le sens où il préfère une interaction accrue à l’échelle mondiale.
Il plaide pour une stratégie fondée sur la diplomatie et le dialogue, rejetant les approches conflictuelles sur la scène mondiale.
Lors de ses émissions en direct et de ses interviews au cours de cette semaine, il a fortement souligné le pouvoir du dialogue en tant qu’outil puissant pour favoriser la compréhension et la coopération.
La politique étrangère de Pourmohammadi est l’extension de la politique intérieure
Mostafa Pourmohammadi, ancien ministre de l’Intérieur et de la Justice, a donné un aperçu du programme de politique étrangère de son gouvernement lors de tables rondes télévisées.
Il a affirmé que la politique étrangère était une extension de la politique intérieure, soulignant qu’une nation capable de sécuriser efficacement ses frontières peut également réussir sur la scène internationale.
Selon ce candidat à la présidentielle, une communication efficace répond à la plupart des exigences du pays, mettant l’accent sur l’importance de la continuité des efforts dans divers domaines, tout en donnant la priorité aux intérêts sécuritaires et économiques.
Lors d’une émission télévisée, Pourmohammadi a précisé que la République islamique « doit s’engager aux côtés de la communauté mondiale, assumer ses responsabilités pour défendre les droits des opprimés et renforcer l’axe des opprimés contre les oppresseurs ».
« Vous ne pouvez pas exercer une influence diplomatique sans puissance nationale », a-t-il affirmé, avant de souligner la nécessité de renforcer la force interne pour atteindre les objectifs diplomatiques.
Pourmohammadi a évoqué l’importance du renseignement et de l’action stratégique dans les sphères régionales, plaidant pour de petites et de grandes alliances, ainsi que le déploiement de diplomates et d’experts chevronnés, engagés dans les intérêts nationaux et connaissant bien les affaires mondiales et les idéaux de la Révolution islamique.
Zakani considère l’Iran comme un acteur clé dans la région
Lors d’une table ronde télévisée ce samedi 15 juin, Alireza Zakani, Maire de Téhéran et ancien législateur, a présenté l’approche de son gouvernement potentiel en matière de politique étrangère, en mettant l’accent sur une stratégie axée sur les idées et ancrée dans la dignité.
Zakani a souligné l’importance primordiale de la politique étrangère dans les priorités gouvernementales, citant le rôle important de la culture islamique de l’Iran dans la région de l’Asie de l’Ouest.
Faisant référence à l’opération Vraie Promesse de l’Iran, lancée en riposte à l’attaque terroriste du régime de Tel-Aviv contre la section consulaire de la République islamique d’Iran en Syrie, Zakani a évoqué comment cette opération a renforcé la crédibilité de l’Iran dans le monde.
« Dans le paysage mondial actuel, il est impératif de nous forger une position distincte. Mon objectif principal en politique étrangère est de défendre la dignité humaine et de favoriser le bonheur », a déclaré ce candidat à la présidentielle.
Abordant la situation géographique stratégique de l’Iran en Asie de l’Ouest, Zakani s’est attardé sur l’importance stratégique du corridor de transport Nord-Sud, préconisant son utilisation pour le bénéfice mutuel des nations de la région.
Il a présenté des projets visant à renforcer la politique de bon voisinage, à consolider l’Axe de la Résistance, à promouvoir l’unité culturelle avec les nations et à favoriser l’unité avec les pays voisins, dont l’Arabie saoudite.
Zakani a proposé des pactes de défense et de sécurité avec les pays voisins, considérant la République islamique d’Iran comme un acteur central dans la région du Caucase, au Yémen, au Liban et en Irak.
« Nous devrions également tirer parti de notre partenariat avec la Chine, d’une valeur de 13 milliards d’euros, pour financer d’autres secteurs à l’étranger », a affirmé Zakani.
Faisant part du potentiel de la République islamique d’Iran, Zakani a envisagé une alliance stratégique avec la Russie et la Chine, formant un triangle équilatéral qui pourrait créer des conditions exclusives bénéfiques pour le pays.
Ghazizadeh Hashemi s’engage à imiter la politique étrangère du gouvernement de Raïssi
Lors de la conférence de presse de samedi matin, Seyyed Amir-Hossein Ghazizadeh Hashemi, ancien parlementaire et président de la Fondation des martyrs et des anciens combattants, a fait part de son slogan dans le domaine de politique étrangère qui seraient « la douceur avec les alliés et la tolérance avec les ennemis », soulignant son alignement sur avec l’approche du défunt président Raïssi.
Ghazizadeh Hashemi a précisé que cette philosophie, associée à une solide projection du pouvoir et à la défense des opprimés, constituait la pierre angulaire d’une diplomatie efficace.
En outre, il a indiqué que le regard stratégique vers l’Est ainsi que la promotion des relations avec les pays voisins se trouvaient au sein de l’agenda de politique étrangère de l’Iran, conformément à la politique du gouvernement de Raïssi qui s’est avérée efficace.
Le candidat à la présidentielle a également plaidé pour des négociations dignes.
Ghazizadeh Hashemi a salué le défunt ministre des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian comme une figure important qui a réussi à apaiser les tensions avec les pays voisins, dont l’Égypte. Il a fait allusion au soutien indéfectible de la République islamique d’Iran à Gaza pendant le mandat d’Amir-Abdollahian.
Il s’est engagé à suivre l’approche d’Amir Abdollahian en matière de politique étrangère.
En ce qui concerne les relations entre Téhéran et Moscou, le président de la Fondation des martyrs et des anciens combattants a mis l’accent sur le renforcement de la coopération de ces deux pays au sein des forums internationaux où ils sont parties prenantes.
Dans la foulée, il a affirmé que la République islamique d’Iran et la Russie devraient partager des positions politiques communes vis-à-vis des États-Unis et de leurs alliés.
Il a salué les alliances existantes dans les domaines de la défense et de la politique. Cependant, il a fait part d’une intégration incomplète dans les domaines économique et culturel.
Ghazizadeh Hashemi a plaidé pour la conclusion d’accords globaux entre les secteurs public et privé afin d’établir des marchés industriels et communs, signalant une position proactive en faveur du renforcement des liens économiques entre l’Iran et la Russie.