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Zoom Afrique du 10 juin 2024

Zoom Afrique du 10 juin 2024

Les titres de la rédaction :

  • Sommet Corée du Sud-Afrique : Madagascar signe un accord dans la riziculture
  • Accord entre le Burkina Faso et la Russie pour la formation dans le nucléaire
  • Guinée : nouvelle raffinerie de bauxite en projet
  • Kenya Railways dévoile un plan stratégique horizon 2027

 

Les analyses de la rédaction :

1. Sénégal : l’Union européenne dans le viseur de Diomaye Faye 

Le nouveau président est pris entre la colère froide des chalutiers internationaux qui se livraient à des activités de pêche dans les eaux du pays sous faux drapeau sénégalais et l’avertissement de l’Union européenne qui ne veut pas renégocier les accords de 2014 qui lui garantissent des ressources halieutiques à peu de frais. 

Changer ou ne pas changer, telle est désormais la question pour Bassirou Diomaye Faye qui avait promis, durant sa campagne électorale victorieuse, de renégocier les accords de pêche entre l’Union européenne et son pays afin de soulager 600 mille Sénégalais qui vivent directement ou indirectement de la pêche artisanale.  

La pêche n’est au demeurant pas une activité banale au Sénégal puisque près de 20% de la population active est concernée et que le poisson constitue une denrée alimentaire vitale pour les populations. Depuis son arrivée au pouvoir, Bassirou Diomaye Faye a sensiblement fait baisser le coût du poisson sur les marchés locaux afin de lutter contre la cherté de la vie. Mais il a également mis un terme aux activités de chalutiers étrangers qui menaient des activités de pêche sous faux drapeau sénégalais. Le nouveau ministre de la Pêche a en effet dressé une liste de 151 navires industriels qui sont désormais les seuls autorisés à pêcher dans les eaux nationales. 

La diminution des stocks de poissons et l’augmentation du coût de la vie qui font qu’il est difficile de joindre les deux bouts dans le pays, selon des habitants interrogés par des médias, sont les conséquences de la surpêche pratiquée par les chalutiers internationaux qui disposent d’infrastructures extrêmement efficaces. Ceux-ci exportent par la suite le poisson sénégalais vers des marchés occidentaux pendant que les petits bateaux qui desservent le marché intérieur ne sont pas compétitifs. 

L’activité est également victime de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (dite pêche INN) qui représente au moins 15 % de la pêche mondiale. Cette pratique constitue l’une des principales menaces pour les écosystèmes marins et l’économie bleue. Estimant que les dernières décisions du gouvernement sénégalais les mettent en péril, l’Union européenne a adressé le 27 mai un « carton jaune » au Sénégal pour le mettre en garde contre des pratiques de pêche jugées « illicites », à cinq mois de la fin de l’accord de pêche qui expire en novembre 2024. 

L’Union européenne considère que la récente désignation de 151 navires comme les seuls à pratiquer la pêche dans les eaux sénégalaises est la preuve que le Sénégal est devenu un « pays non coopératif » dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée – la pêche dite INN, alors que la pêche concerne plus de 600 mille Sénégalais qui risquent d’être touchés par la précarité. « Ceci est un avertissement, le temps d’entamer un dialogue et de laisser la possibilité aux nouvelles autorités de proposer des solutions », a indiqué l’UE qui menace de devoir interdire l’exportation de produits de la mer venant du Sénégal vers le territoire européen. Selon Fatou Niang, la vice-présidente du Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (GAIPES), l’avertissement de l’UE « vient corroborer nos doutes sur les nouvelles immatriculations des bateaux qui avaient un passé de pêche INN et qui débarquent sur nos côtes », assure-t-elle. 

L’Union européenne menace également de mettre fin à sa contrepartie financière de quelque 3 millions d’euros. En revanche, elle se couperait d’une grande variété de ressources halieutiques. L’accord de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne existe depuis 1979. Il a été renouvelé régulièrement jusqu’en 2014 et transformé par la suite en un accord thonier de cinq ans tacitement reconductibles. Depuis 2020, le nouveau protocole d’accord permet à l’Union européenne de pêcher jusqu’à 28 thoniers congélateurs, 10 bateaux utilisant des cannes à pêche et 5 différents types de filet utilisés en Espagne, au Portugal et en France, représentant un tonnage de référence de 10 000 tonnes de thon par an et 1700 tonnes de merlus noirs au bénéfice de deux navires espagnols. 

Le nouveau gouvernement sénégalais a donc mis l’Union européenne dans son viseur. Son duo d’Exécutif porté par des millions de jeunes majoritairement frappés par le chômage et la désespérance attend la concrétisation du changement et de la rupture promis par le président et son Premier ministre. Le chantier de la pêche est, à cet égard, d’une grande importance. 

2. Niger: Niamey dénonce les manœuvres du Bénin et appelle la Chine à prendre ses responsabilités 

Dans un communiqué publié dans la soirée du samedi 8 juin 2024, le gouvernement nigérien a dénoncé les manœuvres des autorités béninoises concernant le différend entre les deux pays, qui s’est envenimé cette semaine avec le blocage du chargement de pétrole nigérien destiné à l’export au port de Sèmè, ainsi que l’interpellation, jeudi dernier, de cinq agents nigériens de l’entreprise chinoise WAPCO. Tout en dénonçant ces manœuvres, Niamey tient le Président Talon pour seul responsable de toute violation de l’intégrité physique et morale de ses citoyens, avant d’annoncer qu’il prend toutes les dispositions pour obtenir leur libération sans conditions, défendre ses droits et préserver ses intérêts vitaux. Les autorités nigériennes ont également demandé à la République Populaire de Chine, partenaire stratégique dans l’exploitation du pétrole, de prendre ses responsabilités en s’engageant clairement dans le respect de toutes les clauses contractuelles. 

Dans le communiqué lu à la télévision publique par son porte-parole, le colonel-major Abdourahmane Amadou Djibo, le Gouvernement du Niger rappelle d’abord que le transport du pétrole brut nigérien, le Meleck, via la République du Bénin, pour l’export est encadré par trois (3) accords principaux dont l’Accord bilatéral entre la République du Niger et la République du Bénin relatif à la construction et l’exploitation d’un système de transport des hydrocarbures par pipeline du 23 janvier 2019 ; l’Accord de Gouvernement Hôte relatif à la construction et à l’exploitation d’un système de transport des hydrocarbures par pipeline entre la République du Bénin et la West African Oil Pipeline-Bénin Company S.A du 5 août 2019 ; et la Convention de Transport entre la République du Niger et la West African Oil Pipeline-Niger Company, relative au système de transport des hydrocarbures par canalisation du 15 septembre 2019. Pour les autorités nigériennes, ces accords, qui encadrent le système de transport des hydrocarbures entre le Niger et le Bénin n’ouvrent nulle part le blocage pour quel que motif que ce soit du fonctionnement régulier du système de transport, et qu’aussi, aucune circonstance n’est reconnue à une partie prenante à ces contrats d’entraver ce transport. « Même un éventuel conflit entre le Niger et le Bénin ne saurait, de droit, justifier une entrave au fonctionnement du système du transport », lit-on dans le communiqué dans lequel le gouvernement précise « qu’aucun lien ne peut être fait entre la fermeture par le Niger - pour raison de sécurité - de sa frontière avec le Bénin ». 

Selon les autorités nigériennes, depuis le 26 juillet 2023, date de l’avènement du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), « le Président Patrice Talon multiplie les violations des accords que son pays a souscrits, en usant de subterfuges discréditant sa signature, renforçant ainsi les très mauvais préjugés distillés par les ennemis de l’Afrique sur le non-respect des engagements librement pris ». En ce sens, le communiqué rappelle qu’après l’épisode du 16 mai 2024 qui a consacré l’interdiction par le Gouvernement du Bénin de l’entrée dans ses eaux territoriales du premier navire devant charger le brut nigérien à partir de la plateforme de Sémé,  le mercredi 5 juin 2024, une équipe de WAPCO-Niger en mission officielle de supervision et de contrôle des chargements sur demande expresse et insistante de la CNPC, qui est kidnappée par les autorités béninoises sur la plateforme de Sémé, au mépris notamment des dispositions de l’article 29.6 de l’Accord du gouvernement Hôte (AGH). « Face à cette situation et tout en tenant pour seul responsable le Président Patrice Talon de toute violation de l’intégrité physique et morale de ses citoyens », poursuit le communiqué dans lequel les autorités nigériennes affirment également que « le Niger entend prendre toutes les dispositions pour obtenir la libération sans condition de ses citoyens pris en otage, défendre ses droits et préserver ses intérêts vitaux ». 

Enfin, est-il noté dans le même communiqué du gouvernement, « il revient à la République Populaire de Chine, partenaire stratégique dans l’exploitation du pétrole nigérien, de prendre ses responsabilités en s’engageant clairement dans le respect de toutes les clauses contractuelles ». 

« Le Président Patrice Talon manœuvre en terrain découvert. Refusant de prendre en compte les impératifs de sécurité nationale du Niger, il ne dit mot des bases abritant des forces françaises subversives de déstabilisation installées au Bénin, le long de notre frontière commune, bases à partir desquelles les vrais terroristes formés et équipés par des puissances étrangères, mènent des raids meurtriers contre nos forces de défense et de Sécurité et nos populations civiles».   

Dans un point de presse tenu le même jour, le ministre nigérien du Pétrole et son homologue de la Justice ont annoncé un ultimatum aux autorités du Bénin pour libérer les agents nigériens, dont la DGA de WAPCO Niger ainsi que les quatre autres membres de sa délégation. Faute de quoi, avaient indiqué les ministres Moustapha Barké et Alio Daouda, la Station Initiale de Koulélé au Niger, dans les champs pétroliers d’Agadem, sera fermée à compter du jeudi 6 juin à 17h. Un ultimatum ordonné par le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l’État du Niger, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani. Et jusqu’à l’expiration de l’ultimatum, les agents nigériens n’ont pas été libérés et le Niger a mis sa menace à exécution. 

3. Burkina: une nation unie et déterminée ! 

Au Burkina Faso, la Coordination nationale des associations de la veille citoyenne (CNAVC) a organisé un sit-in devant le Haut-commissariat des Nations unies au Burkina Faso ce vendredi 7 juin 2024 pour exiger des excuses publiques après les déclarations de la structure onusienne sur de supposées exactions commises sur des civils par des FDS et des VDP. 

Ils étaient nombreux à répondre à l’appel de la CNAVC devant la représentation des nations unies pour ce sit-in. Ils ont fait le pied de grue pour manifester leur désapprobation vis-à-vis de la déclaration de l’ONU sur de « supposées » exactions commises sur des civils par les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Sur les pancartes brandies par les manifestants, on pouvait lire : « A bas l’ONU », « ONU, faites la lumière sur les massacres des enfants, des femmes et des hôpitaux bombardés en Palestine », « Qu’est-ce que l’ONU a apporté comme contribution depuis le début des attaques terroristes ? », « ONU dégage, ici c’est le Burkina Faso », « L’ONU peut aller faire ses enquêtes en Israël, en Irak, en Palestine et en Ukraine », etc. 

Dans sa déclaration lue par Ghislain Dabiré, membre de la CNAVC, transmise ensuite au représentant résident de l’ONU au Burkina Faso, la CNAVC a exigé que ces accusations soient « publiquement rétractées » afin de rétablir l’honneur des soldats et de la nation. La coordination invite également l’organisation onusienne à méditer cette citation de Martin Lutter King qui dit : « Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier ». 

La CNAVC a fait également ce rappel : « Le Burkina Faso, membre de l’ONU, fait face à une guerre qui lui a été imposée depuis plus de huit ans par des terroristes soutenus par des puissances extérieures. Durant cette longue traversée du désert, le peuple burkinabè a attendu anxieusement la main secourable de cette grande organisation de défense des droits des peuples qu’est l’ONU. Mais l’attente fut vaine ! C’est donc avec surprise et indignation que nous apprenons ces accusations formulées par l’Organisation des Nations unies à l’encontre de nos vaillants soldats burkinabè, les accusant de massacrer des civils », a-t-il déclaré. 

Pour la CNAVC, ces allégations « gravissimes » sont non seulement injustes, mais aussi profondément blessantes pour ceux qui risquent leur vie quotidiennement pour protéger les populations. « Monsieur le haut-commissaire, notre armée est composée de soldats consciencieux qui ont démontré leur professionnalisme dans plusieurs missions onusiennes à travers le monde. Comment ose-t-on les accuser de massacrer leurs propres frères et sœurs qu’ils sont en train de protéger comme la prunelle de leurs yeux ? », a questionné cette organisation de veille citoyenne, avant de soutenir que les propos de l’ONU ne les étonnent pas. 

Car, poursuit M. Dabiré, l’histoire récente montre que ce sont des alibis analogues qui ont été utilisés pour commettre les insoutenables exactions en Côte d’Ivoire, en Syrie, en Libye, en Irak, au Congo et même au Rwanda sur les Tutsis. 

Selon le Razang Naaba, il faut tout faire pour quitter l’ONU. « Si le président IB m’entend, moi, Razang Naaba, il n’a qu’à tout mettre en œuvre pour quitter l’ONU. Parce que si quelqu’un est dans ta maison et puis il amène des déchets chez toi, il faut le chasser pour que la maison redevienne propre », a-t-il analysé. Il a indiqué que ces déclarations de l’ONU sont des manipulations de la France. 

Le Burkina Faso, a ajouté le Razang Naaba, est en guerre et son seul ennemi, ce sont les terroristes. « La copie de la déclaration qui a été donnée à la représentation de l’ONU doit leur permettre d’avoir une idée de la détermination du peuple. La patrie ou la mort, nous vaincrons ! », a-t-il terminé. « Pourquoi l’ONU, au lieu de prendre la parole pour exprimer sa solidarité envers notre peuple, jette plutôt du discrédit sur notre armée ? Nous avons une armée républicaine », a lancé Lucien Zié, secrétaire général du mouvement Le Faso ma patrie. De son avis, si l’ONU ne peut pas aider le Burkina Faso à lutter contre les groupes armés terroristes, qu’elle se taise et qu’elle laisse le peuple résilient, résistant du Burkina mener sa guerre et remporter sa victoire. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV