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Zoom Afrique du 3 juin 2024

Zoom Afrique du 3 juin 2024

Les titres de la rédaction :

  • Aura en quête de financement pour la première mine d’uranium de Mauritanie
  • Nigéria : 6 nouvelles stations-service pour soutenir l’utilisation du gaz
  • Angola : la centrale hydroélectrique de Luachimo est à nouveau opérationnelle
  • Train urbain de Kinshasa : Alstom s’associe à l’AFC pour le projet MetroKin

 

Les analyses de la rédaction :

1. Burkina: un avocat arrêté pour complot contre la sûreté de l’État 

L’avocat burkinabè, Me Guy Hervé Kam a été mis en examen et placé en détention provisoire le 29 mai 2024 pour “complicité de complot contre la sûreté de l’État et association de malfaiteurs”, a annoncé samedi le procureur militaire, le capitaine Ferdinand Ahmed Sountoura, lors d’une conférence de presse. 

Le 24 janvier 2024, aux environs de 23 heures, Guy Hervé Kam de retour de Bobo-Dioulasso (ouest), avait été arrêté à son arrivée à l’aéroport de Ouagadougou par des agents qui se sont présentés comme étant de la Direction de la sûreté de l’Etat.  

L’avocat et cofondateur du mouvement de la société civile Balai Citoyen, avait été accusé d’atteinte à la sûreté de l’État. Le 18 avril 2024, la Cour administrative d’appel de Ouagadougou a ordonné sa libération. Le 29 mai, alors qu’il était enfin libéré près de son domicile, il a été arrêté par les forces de sécurité de l’Etat.  

Le procureur militaire le capitaine Ferdinand Ahmed Sountoura a expliqué que Me Guy Hervé Kam et trois autres civils à savoir Mathias Ouédraogo, Mahamadi Ouédraogo et Amado Ouédraogo se sont associés à des militaires et ex militaires pour porter atteinte à la sûreté de l’État, courant août 2023.  

“Il (Me Guy Hervé Kam) a donc été entendu, mis en examen puis placé en détention provisoire par le juge, le même jour, pour des faits de complot contre la sûreté de l’État et association de malfaiteurs. L’instruction suit son cours au cabinet n°2 du Tribunal Militaire”, a souligné le capitaine Sountoura Ahmed Ferdinand.  

Lors de sa conférence de presse, le parquet militaire du Burkina Faso a en outre expliqué que l’ex-chef d’état-major de la Gendarmerie nationale, le lieutenant-colonel Evrard Somda été mis sous mandat de dépôt et gardé-à-vue le 06 octobre 2023 pour des faits de ” complot contre la sûreté de l’État, association de malfaiteurs, violation de consignes et incitation à commettre des actes contraires aux devoirs ou à la discipline”.  

Quatre autres officiers supérieurs de l’armée sont également mis en cause pour les mêmes faits, a-t-il ajouté.  

Le capitaine Ibrahim Traoré, président du Burkina est arrivé au pouvoir le 30 septembre 2022 suite à un coup d’État contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui avait lui-même fait tomber le Président Roch Marc Christian Kaboré, huit mois plus tôt.  

Depuis, les nouvelles autorités ont affirmé avoir déjoué à plusieurs reprises des tentatives de coups d’État.  

Fin septembre 2023, des officiers militaires, des soldats de [haut] rang, des militaires radiés, des civils et des activistes entre autres, soupçonnés de “complot contre la sûreté de l’État” avaient été interpellés par les autorités.  

La durée de la transition au Burkina Faso a été prolongée de 5 ans à compter du 2 juillet 2024, selon les conclusions des Assises nationales tenues samedi dernier, à Ouagadougou. 

 

2. Sénégal: Diomaye Faye veut recréer la Cédéao? 

Lors de sa première visite officielle au Mali depuis son élection en mars dernier, le Président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye a clairement défini son rôle face aux crises régionales. « Je ne suis le médiateur de personne, ni de la Cédéao », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse à Bamako. 

Cette déclaration survient dans un contexte de tensions politiques en Afrique de l’Ouest où trois pays dont le Mali, ont annoncé leur retrait de l’organisation ouest-africaine. Le Président Faye a souligné que l’objectif principal de sa visite était de renforcer les « relations bilatérales entre le Sénégal et le Mali » et non, de jouer un rôle de médiateur. 

Accompagné d’une délégation comprenant des ministres clés, Faye a discuté avec son homologue malien de « diverses questions d’intérêt commun », notamment la coopération économique, la sécurité transfrontalière et les projets de développement. 

« Le Mali est un partenaire crucial pour le Sénégal. Nos deux nations partagent une histoire et des défis communs, et il est essentiel que nous travaillions ensemble pour assurer la stabilité et la prospérité de notre région », a déclaré Faye. 

Tout en refusant le rôle de médiateur, Faye a exprimé son soutien aux efforts de la Cédéao pour résoudre les crises régionales, particulièrement celles liées aux défections. Il a ajouté que chaque pays devait jouer un rôle actif et indépendant dans la résolution de ses propres problèmes, tout en bénéficiant du soutien des organisations régionales. 

« Il est important que nous respections la souveraineté de chaque nation et que nous soutenions les initiatives locales pour la paix et la stabilité », a-t-il déclaré. 

Faye a lancé un appel à la solidarité et à la coopération régionale, soulignant que « la stabilité de notre région dépend de notre capacité à travailler ensemble. Nous devons unir nos forces pour faire face aux défis communs tels que le terrorisme, le changement climatique et la pauvreté ». 

La deuxième étape du voyage de Bassirou Diomaye Faye dans l’espace de l’alliance des États du Sahel (AES) l’a conduit à Ouagadougou où il a été reçu par le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. 

Les deux présidents ont eu un tête-à-tête sur des sujets d’intérêt commun aux deux peuples burkinabè et sénégalais, mais aussi ils ont parlé de l’intégration sous régionale, marquée par le retrait du Burkina de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à l’instar du Mali et du Niger. 

Le président sénégalais a déploré le fait que les portes du dialogue se soient fermées au sein de l’organisation régionale. Selon lui : « il ne nous faut pas non plus fermer les fenêtres et tirer les rideaux ; il faut laisser des espaces ». 

À l’issue de son entrevue avec le capitaine Traoré, il a dit « comprendre aujourd’hui que les positions soient quelque peu figées » ajoutant : « mais je perçois dans chacune de ces positions une fenêtre d’ouverture qui permet de nouer un fil de dialogue ». 

Même si le président Sénégalais a affirmé à Bamako n’être pas « mandaté » par l’instance régionale, il a affiché sa volonté à œuvrer au rapprochement des différentes parties. 

Le président Bassirou Diomaye Faye a montré sa « disponibilité à travailler de part et d’autre, pour qu’il y ait des plages de convergences » qui permettent de discuter de ce qui ne marche pas et de voir comment changer ce qui ne marche justement pas. 

« Nous avons la responsabilité historique et l’héritage de nos pères fondateurs de nous battre au sein de la Cédéao et ensemble pour que la Cédéao reste ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être », a martelé le président Faye. 

Il a invité ses paires à ne pas « détourner la Cédéao de son objectif d’intégration africaine et de sa nature, à savoir la Cédéao des peuples ». 

Après avoir créé l’AES, le Burkina, le Mali et le Niger ont annoncé leur intention de quitter l’instance régionale, en fin janvier 2024, l’accusant d’être inféodée à la France. 

Lors de sa visite au Nigeria à la mi-mai 2024, le président Bola Tinubu avait exhorté son homologue sénégalais à « ramener au bercail » les pays « frères » de l’Afrique de l’Ouest, affectés par des « renversements anticonstitutionnels de gouvernement ». 

Le Nigeria faisait référence au Niger, au Burkina Faso et au Mali, des pays dirigés par des militaires, qui ont annoncé au début de l’année leur retrait de l’organisation communautaire. 

Le président de la République cap-verdienne, José Maria Neves, a estimé ce mardi que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest avait dévié de sa vocation initiale d’organe d’intégration économique. « L’un des problèmes de la Cédéao réside justement dans son évolution vers une entité politique au-delà de sa vocation initiale d’intégration économique », a déclaré José Maria Neves. Il a également indiqué qu’après quarante-neuf (49) ans d’existence, la Cédéao a manifesté une certaine incapacité à répondre à l’instabilité et à l’insécurité dans la région. 

Des réformes s’imposent, a dit encore José Maria Neves. En rappel, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest traverse une crise majeure avec les sorties programmées du Burkina Faso, du Mali et du Niger qui l’accusent de non-assistance face au terrorisme et d’être inféodée à des puissances étrangères. 

 

3. Bénin: des témoins affirment qu’il y a des bases militaires françaises

Depuis plusieurs mois, la nébuleuse d’une base militaire française persiste au Bénin. Les autorités de Cotonou assument juste la présence des instructeurs sur le sol béninois, pendant ce temps les occupants des lieux affirment la présence d’un contingent français important, pour la plupart des jeunes âgés de moins de 30 ans. 

Plusieurs pays de la région ont assumé la présence des troupes françaises dans leurs pays respectifs, mais le gouvernement béninois continue à garder le mystère de la présence des forces militaires dans le pays. Est-ce que réellement le Bénin héberge uniquement les instructeurs ? 

Un soldat béninois joint et interrogé par notre correspondant, sous couvert d’anonymat, a raconté avoir suivi une formation d’ingénieur-sapeur avec des instructeurs français dans leur base militaire au nord du Bénin, à 50 km de la frontière avec le Niger : « Les français nous aident comment traquer les terroristes, ils interviennent directement parce qu’ils ont l’autorisation ; nous menons des opérations ensemble. Ils sont venus pour former et aussi pour lancer des assauts devant nous avant de repartir ; ils ont fait déjà deux ans à Tanguiéta ; ils ont leur cargo qui [a] atterri sur la piste pour apporter le matériel qu’il faut ». 

Dans son message, le soldat a également évoqué les opérations militaires conjointes menées avec les Français fin 2023. Ce témoignage enlève le voile. Les autorités béninoises affirment qu’il n’y a que des instructeurs français dans le pays, mais pas d’effectifs ni de bases militaires de Paris. Cependant, les instructeurs ne participent qu’à la formation des forces armées et n’ont pas la charge de participer aux opérations militaires. Les propos du soldat béninois prouvent le contraire : il ne s’agit pas d’instructeurs français déployés au Bénin, mais plutôt d’éléments militaires. 

Il sied de rappeler qu’il y a un risque que la population béninoise apprend la présence d’une base militaire étrangère sur son sol ; il existe des mouvements politiques qui se sont frontalement opposés à une présence militaire française dans ce pays qui n’a jamais connu de guerre depuis l’indépendance. Cela a été le cas à Ouagadougou avec le régime de Blaise Compaoré, un détachement de l’armée française, appelé Sabre, était installé au Burkina Faso, les deux protagonistes qui sont la France et le gouvernement burkinabé n’avaient point reconnu les faits et il n’y avait aucune communication officielle à ce sujet. 

Bio Gawé, citoyen béninois et partisan de l’opposition, vivant au nord du pays interrogé sur la présence d’une base militaire française s’est exprimé en ces termes : « On voit des militaires un peu partout dans la ville de Kandi, précisément dans le département de l’Alibori, on voit une base militaire françaises qui est là. Ils sont situés dans un coin du camp militaire de Kandi, ils ont créé une base à côté. On se pose la question : quel est leur rôle ? Malgré la présence de cette base militaire françaises, les terroristes sont venus frapper la prison civile de Kandi trois fois ». 

La France semble avoir des intentions quant à faire du Bénin le quartier général (QG) de ses troupes dans la région ouest-africaine. Trois pays du Sahel ont expulsé les militaires français qui ont lutté inefficacement contre le terrorisme pendant plus d’une décennie. Ainsi, le Bénin partageant la frontière avec le Burkina et le Niger est un pays stratégique pour le renseignement français qui veut à tout prix avoir toujours des informations sur le Niger où une firme française exploite la ressource principale du pays. 

Plus longtemps, les autorités de Cotonou réfuteront la réalité des faits, plus la communauté internationale devra se douter de la présence des militaires français au Bénin. Alors que Patrice Talon nie toutes les accusations des autorités nigériennes et envoie des lettres d’apaisement au général Tchiani, de nouvelles preuves apparaissent chaque jour sur le fait que des soldats français opèrent bel et bien au Bénin. En d’autres termes, les craintes du Niger, qui refuse d’ouvrir ses frontières avec le Bénin en raison des menaces sécuritaires, sont justifiées.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV