Martin Griffiths, secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d'urgence a tiré la sonnette d’alarme sur une famine « apocalyptique » à Gaza.
« Si le carburant vient de manquer, si l'aide ne parvient pas aux personnes qui en ont besoin, la famine dont nous parlons depuis si longtemps et qui menace, ne sera plus une menace. Elle sera présente », a mis en garde Griffiths, lors d'un entretien à l’AFP, le dimanche 19 mai.
« Et je pense que notre préoccupation, en tant que citoyens de la communauté internationale, est que les conséquences seront très, très dures. Dures, difficiles et apocalyptiques. »
Griffiths a estimé qu’environ 50 camions d'aide pourraient acheminer vers le nord de Gaza via le passage d'Erez récemment rouvert. Cependant, compte tenu des combats en cours dans le sud et le centre de la bande de Gaza et eu égard la fermeture des passages frontières, très peu d'aide pourrait parvenir aux Palestiniens à Rafah où l'armée israélienne s'est emparée du principal point de passage de la bande de Gaza avec l'Égypte.
« L’aide qui transite par les routes terrestres vers le sud et pour Rafah ainsi que pour les personnes délogées de Rafah est donc presque nulle et, nous l’avons tous dit très clairement qu'une opération à Rafah est un désastre en terme humanitaire, un désastre pour les personnes déjà déplacées à Rafah. Il s’agit maintenant de leur quatrième ou cinquième déplacement ».
La jetée flottante construite par les États-Unis au large de la côte de Gaza a ouvert ses portes il y a quelques jours et une partie de l'aide peut y transiter mais Griffiths a déclaré que cette jetée ne peut compenser le manque de routes terrestres.
Israël a prétendu faire tout ce qui était en son pouvoir pour faciliter l'aide humanitaire à Gaza, mais les organisations humanitaires ont constaté à plusieurs reprises que les responsables israéliens entravaient leurs actions.
Depuis des mois, les colons israéliens bloquent l’acheminement de l’aide vers Gaza, souvent alors que la police et les forces militaires israéliennes restent les bras croisés. Ces incidents ont atteint leur paroxysme la semaine dernière avec la survenue de plusieurs événements d’une importante violence.