Le Hamas rejette l'idée d'une jetée flottante américaine pour l'aide à Gaza, la prenant comme un stratagème de propagande pour leurrer l'opinion mondiale en pleine guerre génocidaire dans la zone complètement assiégée.
Le gouvernement du Hamas à Gaza a rejeté l’idée américaine d’une jetée flottante temporaire destinée à augmenter la quantité d’aide transférée dans la bande assiégée, la qualifiant de stratagème de propagande « pour embellir son laid visage ».
« Le port flottant au large de la côte de Gaza ne répond pas aux besoins alimentaires de notre peuple palestinien. Nous exigeons l'ouverture des points de passage terrestres et l'entrée immédiate et urgente de l'aide et des marchandises par eux », a déclaré le bureau des médias du gouvernement de Gaza dans un communiqué publié vendredi soir.
Le président américain, Joe Biden, a ordonné la construction de la jetée en mars. Peu de temps après, les États-Unis ont déployé des navires de guerre en Méditerranée orientale pour construire la « jetée flottante » qui devrait recevoir l'aide de Chypre et l'envoyer ensuite vers Gaza.
La décision de Washington a été prise dans un moment où l’étau se resserre autour d’Israël pour le forcer à autoriser le transfert de l'aide à Gaza. Dans le même contexte, l'ONU et d'autres agences humanitaires ont mis en garde contre une famine imminente en raison de la tergiversation d’Israël dans le domaine de l’acheminement par voie terrestre d’une aide vitale à Gaza.
L'armée américaine a annoncé vendredi que les camions transportant de l'aide humanitaire commenceraient bientôt à débarquer « dans les prochains jours »
Le directeur de la réponse de l'USAID, Dan Dieckhaus, a déclaré mercredi que la construction de la jetée - connue sous le nom de système Joint Logistics Over-the-Shore (JLOTS) - était terminée.
Des centaines de tonnes d'aide seraient arrivées à Chypre où elles seraient contrôlées avant d'être chargées sur des navires pour être livrées aux quais.
L'armée américaine a déclaré que des navires commerciaux collecteraient des palettes à Chypre et qu’ils les livreraient à un port flottant ancré à plusieurs kilomètres au large de Gaza.
Le gouvernement de Gaza déclare dans le communiqué que « l’administration américaine tente d’embellir son visage laid et de paraître civilisée en établissant une jetée flottante au large de la ville de Gaza. « Son objectif est, précise-t-il, de fournir de l’aide humanitaire et de la nourriture à notre peuple palestinien dans la bande de Gaza, alors qu'il est soumis à des politiques de famine, de déplacement forcé et de génocide menées par l'armée d'occupation israélienne, avec une participation active, une pleine implication et un réel soutien de l'administration américaine, elle-même »
« Depuis le début de la guerre génocidaire à Gaza, les États-Unis ont fournit à l’armée usurpatrice sioniste plus de 200 000 roquettes et bombes, certaines pesant 2 000 livres d’explosifs, utilisées par les sionistes pour anéantir des quartiers résidentiels entiers. Cela a fait plus de 35 000 martyrs, plus de 79 000 blessés et 10 000 disparus », indique le communiqué.
« Nous remettons en question les intentions de l’administration américaine, qui gère la guerre de génocide, forme un mur de protection pour l’occupation « israélienne » et maintient son soutien absolu à la guerre contre les civils », ajoute le texte.
Le gouvernement de Gaza a déclaré que les États-Unis s’étaient opposés à plusieurs reprises au sein du Conseil de sécurité à la cessation de la guerre contre les civils, les enfants et les femmes ainsi que des attaques contre les infrastructures et les services humanitaires ».
« De plus, Washington n’a pas exercé de réelle pression sur les occupants sionistes pour ouvrir les points de passage et permettre l’entrée de l’aide, elle a plutôt entravé toute solution à la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza », ajoute-t-il.
« Au milieu de la politique consistant à affamer 2,4 millions de personnes dans la bande de Gaza, y compris 2 millions de personnes déplacées qui vivent de l'aide quotidienne et qui ont besoin de plus de 7 millions de repas par jour, ce que Washington fournira, ne mettra pas fin à la famine ni ne couvrira cet immense besoin de notre peuple dans la bande de Gaza. Au lieu de cela, cela donnera aux forces d’occupation une chance de prolonger cette guerre qui a tout consumé », note-t-il.
« Nous exigeons l’ouverture immédiate et urgente des passages terrestres et l’entrée de diverses aides et carburants par eux. Nous exprimons également notre profond étonnement face au recours aux solutions disparates et partielles, au mépris des solutions réelles à la profonde crise humanitaire dans la bande de Gaza qui continue d’affecter durement les civils », indique le communiqué.
Le gouvernement de Gaza a déclaré qu'il considérait Israël et le gouvernement américain « entièrement responsables de la politique délibérée et planifiée de famine et de blocus contre notre peuple palestinien sans défense de la bande de Gaza ».
« Nous les tenons également pour responsables de la poursuite de la guerre génocidaire et pour les crimes contre l'humanité [sans oublier les violations répétées] du droit international et des principes mondiaux des droits de l'Homme », a-t-il fait noter.
En mars, des experts ont déclaré qu'Israël avait soutenu le projet américain de la construction de la jetée flottante afin de conserver le contrôle des livraisons d'aide et comme moyen de déplacer les Palestiniens de la bande assiégée via la mer Méditerranée, en prévision d'une invasion attendue de la ville méridionale de Rafah où près de la moitié des 2,4 habitants de Gaza ont cherché refuge.
Israël a déclenché l'offensive terrestre dans la bande de Gaza le 7 octobre 2023 après que des groupes de résistance palestiniens dirigés par le Hamas ont mené l'opération Tempête d’Al-Aqsa ; une opération en représailles à l'intensification depuis plusieurs mois des atrocités commises contre le peuple palestinien.
Le régime de Tel-Aviv a jusqu’à présent tué au moins 35 303 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants. Et, il en a blessé 79 261 autres.
L’entité occupante a également imposé un « siège complet » sur le territoire, coupant le carburant, l’électricité, la nourriture et l’eau à plus de deux millions de Palestiniens.
