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La visite historique du président Raïssi ouvre un nouveau chapitre dans les relations Iran-Pakistan

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Syeda Sana Batool

Dans un contexte de tensions régionales accrues et d’alliances changeantes, la première visite officielle du président iranien Ebrahim Raeisi au Pakistan cette semaine a été historique et a ouvert un nouveau chapitre dans les relations irano-pakistanaises.

L'importance de cette visite est mieux illustrée par les avertissements lancés par les États-Unis au Pakistan, mettant en garde contre les relations commerciales avec l'Iran et menaçant d'éventuelles sanctions.

La visite historique de trois jours s'est terminée par l'annonce par les deux pays de leur intention d'augmenter leur volume commercial à 10 milliards de dollars par an au cours des cinq prochaines années, contre 2 milliards de dollars actuellement.

De nombreux documents de coopération ont été signés par les deux parties en présence du président Raïssi et du Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, dans les domaines du commerce, de la science et de la technologie, de l'agriculture, de la santé, de la culture ainsi que des affaires juridiques et judiciaires.

Du point de vue de l’Iran, l’objectif principal de la visite était de renforcer les liens économiques avec le Pakistan à travers des discussions sur la coopération économique, commerciale, énergétique et frontalière, conformément à la politique révolutionnaire du gouvernement Raïssi, qui donne la priorité à la politique du bon voisinage.

Du point de vue pakistanais, la visite a été l'occasion pour Islamabad d'élargir sa coopération avec Téhéran dans des domaines d'intérêt commun et de résoudre tous les malentendus.

Cette visite a été considérée en particulier comme une tentative des deux voisins à majorité musulmane d'améliorer leurs relations après les tirs de missiles des deux côtés en janvier.

Syed Ali, un analyste financier basé au Pakistan, a déclaré au correspondant de Press TV que cette visite était importante car elle intervenait des mois après des attaques transfrontalières contre des camps terroristes, « ce qui la rend cruciale pour restaurer la normalité entre les nations».

Il est important de noter que la visite du président iranien au Pakistan a été annoncée peu après que les plus hauts diplomates des deux pays se sont entretenus pour apaiser les inquiétudes réciproques suscitées par les frappes de missiles.

La visite a renforcé les efforts du Pakistan et de l'Iran visant à réduire les tensions et à renforcer la coopération en matière de sécurité.

Ils se sont engagés à lutter contre le terrorisme à l’intérieur de leurs frontières et à établir un système de consultations au niveau ministériel pour superviser les progrès dans plusieurs secteurs.

Khwaja Burhan, journaliste et analyste basé à Karachi, a décrit la visite comme une « bouffée d'air frais au milieu de tensions alimentées par le conflit en cours en Asie de l’Ouest ».

Malgré les protestations occidentales, il a souligné les avantages potentiels de la réalisation de projets ambitieux tels que le gazoduc et l’accord de libre-échange soulignant que la dynamique actuelle de coopération pourrait se rendre très bénéfique pour les deux pays.

Les États-Unis secoués par la visite de Raïssi au Pakistan

Le Département d'État américain a mis en garde mardi le gouvernement pakistanais contre toute relation avec l'Iran. Lors d’une conférence de presse, le porte-parole Vedant Patel a évoqué le « risque potentiel » lié à un dialogue avec l’Iran.

« Nous conseillons à toute personne envisageant des accords commerciaux avec l’Iran d’être consciente du risque potentiel de sanctions. Mais en fin de compte, le gouvernement du Pakistan peut s’exprimer sur ses propres objectifs en matière de politique étrangère.

Patel a également discuté d'une décision américaine la semaine dernière sur des sanctions à appliquer à trois entreprises chinoises et à une entreprise biélorusse, pour avoir prétendument vendu des pièces de missiles au Pakistan.

« Les sanctions ont été imposées parce qu'il s'agissait d'entités qui proliféraient des armes de destruction massive […] », a-t-il expliqué.

Nonobstant, le ministère des Affaires étrangères du Pakistan a déclaré que les deux pays étaient parvenus à un accord de collaboration dans le domaine énergétique, englobant le commerce de l'électricité, les infrastructures de transport d'électricité et le projet de gazoduc Iran-Pakistan.

Le projet de gazoduc est bloqué depuis plus de dix ans en raison de l'instabilité politique et des sanctions mondiales. Le gazoduc devait initialement s'étendre sur 1 900 km (1 180 miles) depuis le champ gazier iranien de South Pars jusqu'au Pakistan, dans le but de répondre à la demande énergétique croissante du Pakistan.

Le mois dernier, les autorités pakistanaises ont signalé leur intention de demander une dérogation aux États-Unis pour la construction du gazoduc sur leur sol, tout en rejetant l'opposition américaine au projet.

L'analyste Muhammad Faisal a déclaré que la menace américaine visait principalement à dissuader le Pakistan et à « augmenter le coût de l'engagement avec l'Iran».

Il a ajouté que les progrès des transactions commerciales et bancaires formelles entre les deux pays seraient probablement lents, car les banques pakistanaises hésitent à s'engager directement avec leurs homologues iraniens.

Le président Raïssi a déclaré que le renforcement de la coopération entre les deux parties, en tant que deux pays musulmans importants de la région, pouvait avoir un rôle efficace dans la solution des problèmes régionaux.

Faisant référence aux États-Unis et à leurs alliés, il s'est empressé d'ajouter que la présence d'étrangers dans la région ne faisait qu'aggraver les problèmes.

Raïssi salue la « position antisioniste » du Pakistan

Saluant le peuple et le gouvernement du Pakistan et leur position ferme contre le régime sioniste, le président Raïssi a déclaré que les deux pays avaient une position commune sur la question palestinienne.

Le président iranien a également averti qu’une attaque israélienne sur le sol iranien entraînerait un « changement radical de la situation », notamment la « dissolution complète du régime sioniste ».

Au cours des réunions, Islamabad et Téhéran ont fermement condamné l'escalade de l'agression du régime israélien contre les Palestiniens. Ils ont condamné les conséquences dévastatrices du génocide lancé à Gaza, notamment l'augmentation du nombre de victimes et le déplacement de millions de personnes.

Les deux pays ont exigé un cessez-le-feu immédiat, un accès humanitaire sans entrave à Gaza, le rapatriement des Palestiniens déplacés et la justice pour les crimes de guerre israéliens.

Ils ont souligné leur soutien à une solution juste, globale et à long terme, conforme aux aspirations palestiniennes et à la lutte contre l’occupation israélienne.

Le président Raïssi a exhorté tous les pays musulmans à forger l’unité, affirmant qu’Israël commettait des crimes contre le peuple opprimé de Palestine en raison du manque d’unité et de solidarité entre les nations musulmanes.

Il a déclaré lors du rassemblement des élites : « Ce qui est malheureux, c'est que les États-Unis, l'Angleterre et les pays occidentaux soutiennent ces crimes, et que les organisations internationales qui prétendent défendre les droits de l'homme perdent leur efficacité [pour mettre fin à ces crimes] ».

Le Premier ministre pakistanais a pour sa part salué la détermination de l'Iran à soutenir la libération de Qods et à défendre le peuple opprimé palestinien contre l'occupation israélienne.

Cette visite intervient alors que le bilan des morts dans la bande de Gaza assiégée a dépassé les 34 000 dont plus de 70% de femmes et d'enfants.

Jour férié à Lahore et Karachi

La tournée du président Raïssi au Pakistan, outre des réunions de haut niveau à Islamabad avec le président, Asif Ali Zardarij et le Premier ministre Shahbaz Sharif, comprenait une visite à Lahore au Pendjab et à Karachi dans les provinces du Sind au Pakistan où il a reçu des accueils enthousiastes.

Les deux villes ont prévu des jours fériés pour minimiser les perturbations publiques ; les établissements d'enseignement étant ainsi restés fermés, le gouvernement du Sind ayant interdit l’utilisation des drones à Karachi du 22 au 28 avril.

À Lahore, le président Raïssi a rencontré la ministre en chef du Pendjab, Maryam Nawaz ainsi que le gouverneur Balighur Rehman ; les deux parties en se concentrant sur les échanges culturels. Il a également visité le mausolée d'Allama Iqbal Lahori à Sialkot, montrant son affinité avec le peuple et la culture pakistanais. Et, il a prononcé un discours à l'Université de Lahore.

A Karachi, des banderoles avec des messages de bienvenue ont été installées sur l'artère principale de la ville appelée « Sharea Faisal ».

Le président Raïssi discute des opportunités économiques avec les hautes autorités de la ville portuaire, s'engageant à renforcer les échanges technologiques et à supprimer les barrières commerciales entre l'Iran et le Pakistan.

Syeda Sana Batool est une journaliste pakistanaise indépendante et ses travaux ont été publiés dans diverses revues nationales et internationales.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV