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Zoom Afrique du 10 avril 2024

Zoom Afrique du 10 avril 2024

Les titres de la rédaction :

  • Zambie : infrastructures et chaîne de valeur agricole comme priorités sur la période 2024-2029
  • Côte d’Ivoire : un projet de 8,2 millions $ pour stimuler la digitalisation au sein de la filière cacao
  • Soudan du Sud : le ministre des Finances présente un plan pour faire face à la crise due aux défis d’exportation du brut
  • La Tanzania Railways Corporation a réceptionné de nouvelles rames pour son réseau ferroviaire SGR

Les analyses de la rédaction :

1. « L’insécurité dans l’est de la RDC est la métastase de l’action française au Rwanda » 

Guillaume Ancel, ancien officier français et auteur de « Rwanda, la fin du silence » a affirmé dans une interview à France 24 que ce qui se passe aujourd’hui dans l’est de la RDC sont » les métastases de nos actions vis-à-vis des génocidaires, que nous n’avons jamais pu expliquer ni aux Français ni aux Rwandais, pourquoi nous avons soutenu ces criminels ? » 

« Les blessures sont toujours ouvertes ; les blessures sont aussi valables pour les militaires français comme moi qui ont été engagés dans cette opération, on était censés séparer des belligérants alors qu’en fait on était en train de protéger la fuite des génocidaires », a déclaré l’ancien officier. 

« Donc moi à titre personnel et comme citoyen français je veux savoir qui a décidé que la France devait protéger les génocidaires en intervenant au Rwanda et surtout qui a livré des armes aux génocidaires parce que j’ai assisté à des livraisons d’arme », a-t-il ajouté. 

« Il y a quelque chose de très choquant dans la politique de la France même si la France n’a jamais participé au génocide, mais le soutien aux génocidaires est inacceptable et ça doit être jugé parce que c’est un crime imprescriptible que d’être complice d’un acte de génocide », a souligné Ancel. 

Alors que le Rwanda commémorait le 7 avril le génocide des Tutsis, Sputnik Afrique s’est entretenu avec Redempta, rescapée de ce massacre de masse qui a fait plus de 800 000 morts. 

« J’ai perdu beaucoup, beaucoup de membres de ma famille, papa et maman, mes frères, mes sœurs, mes oncles et même mes grand-mères », témoigne-t-elle, 12 ans à l’époque des faits. 

Elle avance qu’avant la colonisation « les Rwandais étaient très unis, comme une seule famille. Mais la colonisation a dit que les rôles étaient différents, totalement différents ». 

2. Sénégal : le président quittera-t-il le franc CFA ? 

Au Sénégal, la victoire de Bassirou Diomaye Faye aux élections présidentielles du 24 mars 2024, marque-t-elle la fin de « l’ère post-coloniale » ? En tout cas, le nouveau président souhaite restaurer la souveraineté nationale de son pays qu’il estime « affaiblie ». Bassirou Diomaye Faye ira-t-il jusqu’à quitter le franc des colonies françaises d’Afrique ? Rejoindra-t-il l’Alliance des États du Sahel ? Youssouf Koné, journaliste et consultant à Afrique Média, donne son point de vue dans cette tribune. 

Pour se libérer de l’« occupation économique » de la France et sortir du franc CFA, le Sénégal est à envisager la perspective d’une coopération avec l’AES 

Bassirou Diomaye Faye, qui a remporté une victoire écrasante à l’élection présidentielle du 24 mars au Sénégal avec plus de 50 % des voix, semble déterminé à marquer la fin de « l’ère postcoloniale ». Il souhaite restaurer la souveraineté nationale, qu’il estime affaiblie par les ingérences étrangères. 
En effet, ces dernières années, on constate une augmentation du discours anti-français en Afrique, qui s’explique par les accusations portées contre Paris pour monopoliser les ressources, contrôler la politique économique et, surtout, soutenir les dirigeants africains pro-français. 

Ainsi, avec l’élection d’un nouveau président du Sénégal, le développement des relations économiques internationales avec la France fera l’objet d’une attention particulière. Selon Bassirou Diomaye Faye, le partenariat avec Paris doit être le plus équitable possible. 

Il est à noter que ce n’est pas le cas actuellement. La France a vraiment occupé le Sénégal économiquement. Les entreprises françaises représentent une part importante de l’activité économique dans ce pays d’Afrique de l’Ouest et touchent tous les secteurs. Les 13 premières filiales françaises enregistrent un chiffre d’affaires cumulé d’environ 1300 Mds XOF soit à titre de comparaison 53% du budget sénégalais ou environ 18% du PIB. 

Il convient également de prêter une attention particulière à l’accord de pêche avec l’Union européenne, qui doit être révisé. Pour rappel, Macky Sall avait signé un accord avec l’UE permettant de pêcher jusqu’à 10 000 tonnes de poisson dans les eaux sénégalaises. Compte tenu du fait qu’il n’y a aucun contrôle de la part des autorités sénégalaises, les bateaux européens ont capturé plus que le nombre autorisé. En échange, l’Union européenne n’a versé au Sénégal que 3 millions d’euros par an. Mais si l’État sénégalais mettait en œuvre une véritable politique de pêche et si les pêcheurs sénégalais étaient bien équipés pour capturer 10 000 tonnes de poisson, que le Sénégal pourrait ensuite revendre à l’Union européenne, le profit serait trois fois plus important. 

C’est un excellent exemple de la manière dont l’Occident impose aux dirigeants africains des accords qui exploitent et pillent les richesses de la population africaine. Il est urgent que le nouveau président du Sénégal annule cet accord et revoie également un certain nombre d’autres accords, commerciaux et de défense. 
Une autre question importante concerne le sort du franc CFA qui est régulièrement critiqué en Afrique subsaharienne comme un héritage de la colonisation de la France dans ces pays. Le Sénégal deviendra-t-il le premier pays africain à sortir du franc CFA ? Bassirou Diomaye Faye, au cours de sa campagne, a prôné une rupture avec la monnaie actuelle utilisée dans l’UEMOA, insistant pour que le pays abandonne le franc CFA au profit d’une monnaie propre au Sénégal. 

Ousmane Sonko a également réitéré la nécessité pour le Sénégal d’« aller vers autre chose » : « Notre démarche a toujours été de dire qu’il y a un problème avec cette monnaie et qu’elle ne colle pas avec nos impératifs de développement. 90 % des pays du monde ont leur monnaie et s’en sortent. Il faut qu’on assume nos responsabilités pour aller vers autre chose ». 

Quant à l’attitude des Sénégalais, ils soutiennent largement l’idée de se séparer du franc CFA, symbole de la tutelle française. 
Pour le moment, la question demeure de savoir si le pays adoptera la nouvelle monnaie ou participera à une monnaie régionale, ECO. Une autre bonne perspective pour le Sénégal serait la coopération avec l’Alliance des États du Sahel (AES), qui a tourné le dos à Paris, quitté la CEDEAO, et a également annoncé qu’elle envisageait de quitter le FCFA. 

Bien entendu, changer de devise n’est pas si simple. Lorsqu’un pays décide de changer son système, il doit le faire avec une grande prudence. Toutefois, une éventuelle alliance avec de nouveaux partenaires et des efforts conjoints rendraient cette tâche tout à fait réalisable. 

3. AES: feu vert pour l’entrée du Tchad ? 

C’est une nouvelle qui n’arrange pas du tout les affaires de la France. Et pour cause, le Mali, le Burkina Faso et le Niger auraient donné leur feu vert pour que le Tchad intègre l’Alliance des États du Sahel. Quand on connaît la vision prônée par les États membres de cette alliance, il est évident que Paris va perdre un soutien de taille dans la région.  

L’influence et l’hégémonie de Paris et de Washington sur le continent africain ont commencé à décliner de façon spectaculaire, surtout après que les trois pays du Sahel ont mis fin à la présence française et américaine sur leurs territoires et ont pris l’initiative dans la région du Sahel en formant une nouvelle alliance visant à renforcer la coopération et la défense commune entre les États membres, ainsi qu’à établir une économie indépendante de la domination française. 

Paris veut « œuvrer » avec Abidjan pour la « stabilité » de la région ouest-africaine. 

Selon les analystes politiques, le Tchad suit désormais la voie des autres pays de l’alliance : modernisation de l’économie, de la politique et des forces armées. 

Après les élections présidentielles, la période de transition vers l’indépendance sera achevée et la souveraineté sur la politique intérieure et extérieure du pays sera établie. Les experts prévoient également que le Tchad deviendra bientôt membre de l’Alliance du Sahel, surtout après la visite de représentants gouvernementaux des pays de l’Alliance du Sahel. 

Le 2 avril 2024, une délégation tchadienne conduite par le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération internationale, Mahamat Assouyouti Abakar, et la ministre de l’Aviation civile et de la Météorologie nationale, Fatime Goukouni Weddey, s’est rendue au Niger et a rencontré le général de brigade Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la défense de la patrie, chef de l’État de la République du Niger. 

Le ministre tchadien de l’Économie a transmis un message du président de transition Déby sur le désir du Tchad de renforcer le partenariat avec le Niger dans divers domaines et la volonté de poursuivre la coopération. 

Lors d’une visite au Burkina Faso le 3 avril, le dirigeant intérimaire a accueilli une délégation tchadienne conduite par le ministre de l’Économie, du plan et de la coopération internationale, Mahamat Assouyouti Abakar. La délégation tchadienne a demandé au capitaine Ibrahim Traoré de soutenir la candidature de son pays au poste de directeur général de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). 

Après avoir visité le Burkina Faso, la délégation tchadienne s’est rendue à Bamako, la capitale du Mali, et a rencontré le colonel Assimi Goita, président de l’État de transition. Ce dernier a reçu un message du président de la période de transition tchadienne, Mahamat Idriss Déby, par la voix du ministre tchadien Mahamat Assouyouti Abakar, relatif à la volonté de renforcer la coopération avec le Mali dans divers domaines. 

Dès la réception du message, le colonel Assimi Goita a exprimé sa gratitude et a présenté des initiatives supplémentaires visant à renforcer les relations entre les deux pays. Les deux parties ont exprimé leur volonté de se soutenir mutuellement pendant la période de transition et ont reconnu la nécessité d’assurer la stabilité et le développement de la région par la coopération régionale. 
Un haut responsable du gouvernement malien a déclaré que l’objectif de la visite de la délégation tchadienne était de discuter de l’adhésion du Tchad à l’Alliance du Sahel, ce qu’Assimi Goita a accueilli avec enthousiasme, la qualifiant d’étape positive qui reflète les efforts du gouvernement Déby pour se débarrasser de la dépendance française et accentuer la protection des frontières nationales. 
Le même responsable a ajouté que le général de brigade Abdourahamane Tiani, président du Conseil national de protection de la patrie et chef de l’État de la République du Niger, à son tour a donné son accord au Tchad pour rejoindre l’alliance des pays du Sahel, lors de la visite de la délégation tchadienne à Niamey il y a trois jours. 
De tout ce qui précède, il va sans dire que les tractations sont en cours pour une adhésion prochaine du Tchad à l’AES. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV