Enseignants, infirmiers, collectivités territoriales... La fonction publique en France s’est mobilisée pour de meilleurs salaires mardi 19 mars 2024.
Les fonctionnaires ont marché aujourd’hui à travers la France pour tenter d’obtenir au gouvernement des hausses de salaire malgré un contexte budgétaire contraint, rapporte l'AFP.
« Il n’y aucun investissement dans l’éducation, aucune considération », s’attriste Nathalie Lacuy, professeure d’EPS, qui manifeste à Bordeaux, « Quand j’ai commencé en 1990, on était payé à 2,2 SMIC, maintenant c’est 1,3 ! ». « On touche la moitié du salaire de nos voisins allemands, je ne pense pas qu’on fasse moins bien notre travail qu’eux », renchérit Frédérique Nykolyszak, enseignante de 56 ans.
Comme elles, fonctionnaires de tous bord ont manifesté dans des dizaines de villes françaises à l’appel des huit syndicats représentatifs, qui réclament de nouvelles augmentations générales.
L’évènement s’est déroulé dans une rare unité intersyndicale suite à l’appel à la mobilisation adressé aux 5,7 millions d’agents publics. Son ampleur constitue un enjeu central pour les syndicats, à quatre mois de Jeux olympiques et paralympiques durant lesquels la CGT et FO ont déjà promis de déposer des préavis de grève.
Outre une hausse des salaires, les manifestants s’alarment aussi du manque croissant de moyens, que ce soit dans l’enseignement ou l’hôpital public. Dans le cortège bordelais, Rose, animatrice en gérontologie, raconte « l’auto-remplacement sur les jours de repos » et sa crainte de « participer à la maltraitance » faute d’effectifs, avec des patients qui « passent quatre semaines sans douche ».
Mais à l’heure où le gouvernement promet 10 milliards d’euros d’économies budgétaires en 2024 et le double en 2025, le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, refuse de ressortir le chéquier.
Ce fidèle du chef de l’État, Emmanuel Macron, met en avant les près de 14 milliards d’euros dépensés depuis 2022 pour soutenir le pouvoir d’achat des fonctionnaires et propose d’instaurer des négociations salariales annuelles dans la fonction publique, à l’image de ce qui se pratique dans les entreprises.
« On ne nie pas qu’il y a un problème de budget, mais on peut augmenter les recettes », estime Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, qui suggère au gouvernement d’aller piocher dans les « 200 milliards d’euros d’aides aux entreprises sans contreparties ».
Quand bien même des négociations salariales annuelles se tiendraient, elles n’aboutiraient à des hausses de salaires qu’en 2025, ce qui ferait de 2024 une « année blanche », s’inquiètent à l’unisson les huit syndicats représentatifs.
« Il faut que le gouvernement ouvre de vraies négociations et nous tienne un langage de vérité », résume Stanislas Gaudon, président de la fédération des services publics CFE-CGC. « On nous dit qu’il faut faire de l’attractivité avec un grand A, et on ne nous donne pas d’élément d’attractivité », regrette-t-il.