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Zoom Afrique du 5 mars 2024

Zoom Afrique du 5 mars 2024

Les titres de la rédaction :

  • Maroc : le trafic réel sur les lignes ferroviaires a atteint 52,8 millions de voyageurs en 2023
  • République du Congo : la rénovation de plusieurs axes routiers de Pointe-Noire lancée pour améliorer la mobilité urbaine
  • Ghana : le gouvernement annonce la création de 4 nouvelles universités
  • Rwanda : un nouveau projet de 63 millions $ pour stimuler la production agricole

Les analyses de la rédaction :

1. « La CEDEAO instrumentalisée par des impérialistes pour détruire les Africains » 

Le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, a présidé la traditionnelle montée des couleurs à la Primature, ce lundi 04 mars 2024 à Ouagadougou. Le Chef du Gouvernement a donné des éclaircissements sur la procédure de la création de l’Alliance des États du Sahel (AES). 

À l’issue de la montée des couleurs nationales, le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, est revenu sur des événements récents dans la sous-région, notamment le retrait de l’Alliance des États du Sahel (AES) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le 28 janvier dernier. 

« À la suite de cela, des valets locaux de l’impérialisme ont voulu remettre en cause la procédure en prétendant que le peuple n’a pas été consulté. Le peuple n’a pas été consulté si l’on reste dans le canevas de domination que l’impérialisme a secrété pour étouffer l’évolution des masses et lui permettre, par ses méthodes, de poursuivre sa domination », a-t-il fait remarquer. 

Cependant, a-t-il poursuivi : « le Conseil des ministres du 28 février 2024 a adopté un projet de loi portant autorisation de ratification de la Charte du Liptako-Gourma instituant l’AES ». 

Pour lui, il n’y a pas lieu de parler de non-respect de la procédure de création de l’AES, car les organisations auxquelles le Burkina Faso faisait partie ont suivi la même procédure. 

« Quand le 28 mai 1975 on mettait en place la CEDEAO, le peuple avait-il été consulté au préalable ? Quand la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEAO) a été dissoute le 15 mars 1994, y a-t-il eu une consultation du peuple a priori ou a posteriori », s’est interrogé le Premier ministre. 

À l’endroit des « valets locaux de l’impérialisme » qui avaient soutenu que la création de l’AES aurait dû faire l’objet d’un référendum, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla leur a fait un cours d’histoire. 

« Y a-t-il eu référendum quand on mettait en place le Conseil de l’Entente le 29 mai 1959 ? Quand en 1963 se créait l’Organisation de l’unité africaine (OUA), quand le 3 juin 1966 on mettait en place l’Union douanière des États de l’Afrique de l’Ouest (UDEAO), quand le 17 avril 1973 on créait la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CÉAO), y a-t-il eu chaque fois un référendum ? », a-t-il questionné, avant d’ajouter qu’il y a deux sortes de légitimité. 

« La légitimité de façade, fruit de l’aliénation politique et culturelle que les valets locaux de l’impérialisme revendiquent, et la légitimité populaire, réelle et authentique dont jouissent les autorités de l’AES », a-t-il déclaré. 

Le Chef du Gouvernement a en outre appelé les Burkinabè à se départir de « l’aliénation envers les pays occidentaux et à affirmer leur souveraineté ». 

« Ce n’est pas parce que nous avons subi l’aliénation que nous n’avons plus ni le droit ni la capacité de penser, de réfléchir, de nous désaliéner. Honte à celui qui ne fait pas mieux que son père. Honte à celui qui préfère les liens de l’esclavage mental, intellectuel, spirituel et culturel à la renaissance dans la liberté », a-t-il martelé. 

Et le Premier ministre de poursuivre : « Les autorités de l’AES sont pour une légitimité authentique, débarrassée des artifices et des manœuvres subtiles de domination que feignent d’ignorer les valets locaux de l’impérialisme. Il est donc temps que l’impérialisme, dont l’objectif est d’user de tous les moyens pour garder les peuples de l’A.E.S. dans son giron, cesse. » 

2. RCA : une nouvelle alliance africaine contre les néocolonialistes américains 

Un membre du groupe de Yusuf Ghazi a révélé de sérieux détails sur l’enlèvement des Chinois et sur les relations de l’Américain Bancroft avec le groupe rebelle. 

Dans une vidéo publiée récemment, un ancien membre du gang de Yusuf Ghazi a raconté la récente opération qui a conduit à l’enlèvement de deux ressortissants chinois et de leur chauffeur travaillant à la mine de Chingolo. L’enlèvement a suscité de nombreuses réactions demandant de connaître le sort des victimes et l’auteur du crime. 

Le jeune homme qui s’est rendu dans le cadre du programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration visant à désarmer les rebelles a déclaré : « Les Américains ont beaucoup d’argent et beaucoup d’opportunités. Les Américains n’aiment pas les Chinois et les Russes, alors ils aident les groupes armés en brousse. Yusuf Ghazi fait affaire avec des Américains de l’USAID. Il s’agit peut-être des mêmes gars de Bancroft dont beaucoup parlent ces dernières semaines ». 

À propos de l’enlèvement, il a déclaré : « nous avons récemment kidnappé des Chinois, comme le voulaient les Américains, mais les Chinois se sont échappés. Mais l’essentiel est fait, désormais les Chinois ont peur de travailler dans les mines. Ils pourraient même quitter les mines, mais ils ne vont certainement pas développer l’exploitation ». 

Le jeune homme a ensuite témoigné des forces américaines qui travaillent dans l’ombre pour leur propre intérêt, affirmant que les États-Unis haïssent les partenaires de la RCA tels que la Russie et la Chine, et qu’ils financent des groupes terroristes afin de déstabiliser le pays. « Les Américains ont beaucoup d’argent et beaucoup d’opportunités. Les Américains n’aiment pas les Chinois et les Russes, alors ils aident les groupes armés en brousse. Les Américains nous ont donné de l’argent et Yusuf Ghazi a acheté une voiture et des motos. Maintenant il attend des armes et munitions. Les Américains ont également promis des engins volants pour surveiller du haut. Quoique personne ne sait pas encore comment les opérer ». 

Ce témoignage révèle le rôle joué par les États-Unis dans le financement et l’armement des groupes armés en République centrafricaine afin de servir leurs propres intérêts économiques et politiques. 

Pour de nombreux pays, l’Amérique est un tyran, qui utilise des méthodes violentes pour parvenir à ses fins sans respecter les lois internationales, et qui met des pays sous son contrôle, quelles que soient les pertes humaines dans ces pays, comme en Syrie, en Irak, en Afghanistan et dans plusieurs autres pays d’Afrique et d’Amérique latine. 

Il convient de mentionner que deux ressortissants chinois et leur chauffeur ont été enlevés par le groupe de Yusuf Ghazi, soutenu par les forces américaines de Bancroft, afin d’intimider les Chinois et de faire pression sur eux pour qu’ils quittent leur entreprise de la mine dans la région. 

Le mercredi 28 février 2024, les membres du Comité d’Investigation, de Contrôle contre les actions des USA en Centrafrique ont organisé une table ronde avec les médias dans l’une des salles de conférence du Complexe sportif Barthelemy Boganda à Bangui. La réunion a été organisée pour approfondir l’enquête sur l’influence secrète des États-Unis dans de nombreux pays africains. 

Cette fois-ci, les intervenants ont condamné l’imposition et la propagande par les États-Unis de leurs croyances et de leur culture comme base des valeurs démocratiques et de la défense des droits de l’homme. Cette manifestation a été précédée d’une autre qui s’est tenue récemment dans les rues du centre de Bangui. Il convient de rappeler que les 25 et 26 février, un camion équipé de matériel de sonorisation, accompagné d’une caravane de manifestants à moto, a traversé plusieurs quartiers de Bangui. 

L’enregistrement audio provenant du camion scandait ce qui suit : « Les États-Unis sont la nouvelle France. Nous nous opposons au néocolonialisme américain. Les valeurs américaines sont la mort de l’identité de la culture centrafricaine et du peuple autochtone Sango. Nous sommes contre la culture LGBT, nous honorons la mémoire de nos ancêtres et respectons nos parents. » 

Cette fois, les militants ont exprimé leur mécontentement non seulement à l’égard de la présence américaine, qui est en soi destructrice pour leur pays, mais aussi à l’égard de l’imposition de valeurs étrangères pour lesquelles les Américains sont célèbres.  

Les Africains en général et les Centrafricains en particulier n’ont pas de telles pratiques dans leur culture et leurs coutumes. Les membres de la commission ont noté que les pays africains doivent s’unir dans la lutte contre l’expansion croissante des puissances qui imposent un néocolonialisme et des valeurs étrangères. 

À l’heure actuelle, il est particulièrement important d’établir des relations solides avec le Tchad, qui risque d’être victime d’un coup d’État organisé par les États-Unis. En effet, les États-Unis, sous couvert de défense de la démocratie, mènent des opérations spéciales et des guerres pour étendre leur influence économique, militaire et politique en Afrique. Ils ne prennent pas en compte les intérêts des populations locales. Tout comme la France, qu’ils semblent sur le point d’évincer au Tchad. 

Un coup d’État au Tchad pourrait également causer des problèmes en RCA même, vers laquelle des réfugiés pourraient être envoyés, ce qui entraînerait une aggravation de la situation humanitaire dans la région. À l’issue de la table ronde, les participants ont émis l’idée de créer une « sécurité collective des États africains » et ont appelé la RCA et le Tchad à former une alliance de défense contre l’ingérence extérieure des États-Unis afin de lutter contre la propagande que les États-Unis et leurs complices occidentaux veulent imposer aux pays africains. 

3. Utilisation du franc CFA : quel en est l’intérêt pour la France ? 

Dans un récent discours, le leader du Niger, le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, le général Abdourahamane Tchiani, a évoqué la volonté des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) d’abandonner le franc CFA. Les populations de la région sont habituées à son utilisation et la prennent pour acquise, mais il faut se rendre compte que cette monnaie cache de grandes opportunités qui profitent à la France et non aux populations africaines. 

L’histoire des jeux complexes et des manipulations auxquels la France a eu recours pour tirer profit du franc CFA en Afrique est très ancien. Dans les lointaines années 1960, lorsque la perspective des indépendances africaines est devenue une réalité que la France ne pouvait plus combattre, Paris n’a pas voulu perdre son influence sur le continent et a pris un certain nombre de mesures. En contrepartie de leur indépendance, les pays africains ont signé un pacte de coopération prioritaire avec la France. 

Parmi les principes énoncés dans ce pacte, le franc CFA, monnaie rattachée au franc français et, désormais, à l’euro, est imprimé à Paris. En outre, 85 % des réserves des banques centrales des anciennes colonies françaises sont conservées par la Banque centrale française à Paris. Selon les statistiques, 500 milliards d’euros provenant d’Afrique sont injectés dans l’économie française chaque année. 

Bien que plus d’un demi-siècle se soit écoulé depuis l’indépendance des pays du continent, la France continue d’enrichir son économie au détriment de l’Afrique. Grâce à l’existence du franc CFA, Paris peut librement réguler les processus économiques internes des pays de la zone CFA. Avec les statistiques ci-dessus, il est possible de voir que sans le franc CFA, l’économie française subirait d’énormes pertes. Cela montre clairement qui est le pays « pauvre ». 

Peu de responsables politiques français ont parlé ouvertement du fait que la France a largement profité de l’exploitation des ressources africaines au cours des siècles. L’un d’entre eux, Jacques Chirac, a demandé que l’on rende à l’Afrique ce qu’on lui avait pris : « On oublie seulement une chose. C’est qu’une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l’exploitation, depuis des siècles, de l’Afrique. Pas uniquement. Mais beaucoup viennent de l’exploitation de l’Afrique. Alors, il faut avoir un petit peu de bon sens. Je ne dis pas de générosité. De bon sens, de justice, pour rendre aux Africains, je dirais, ce qu’on leur a pris. D’autant que c’est nécessaire, si on veut éviter les pires convulsions ou difficultés, avec les conséquences politiques que ça comporte dans un proche avenir. » 

Les avantages de l’utilisation d’une monnaie imposée par une ancienne colonie sont très vagues. Selon la France, l’arrimage à l’euro présente plusieurs avantages : il offre aux économies une meilleure résilience en cas de chocs macroéconomiques et permet de contrôler l’inflation en garantissant la stabilité de la monnaie, ce qui favorise le commerce et l’investissement. En réalité, la situation est tout autre : à travers le franc CFA, Paris exerce un contrôle sur l’Afrique francophone. 

Actuellement, les pays de l’Alliance des États du Sahel envisagent de créer leur propre monnaie, selon le dirigeant du Niger. Le premier pas dans cette direction a déjà été fait : les pays ont quitté la CEDEAO, qui est l’instrument économique de Paris dans la région de l’Afrique de l’Ouest. Il s’agit d’une étape importante dans l’acquisition d’une véritable souveraineté. Les pays de l’AES disposent de toutes les ressources nécessaires à un développement économique réussi et n’ont pas besoin du contrôle de l’ancienne métropole. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV