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Zoom Afrique du 22 février 2024

Les titres de la rédaction :

  • Ghana : opérationnalisation du terminal d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) de Tema d’ici la fin d’année
  • Les États de l’AES se réunissent pour repenser leur stratégie d’approvisionnement électrique
  • Burkina Faso : le gouvernement ordonne la suspension des exportations d’or artisanal
  • Le Mozambique projette de créer une autorité de régulation ferroviaire et portuaire

Les analyses de la rédaction :

1. La Confédération AES se dessine 

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, un colosse chevronné dans le domaine diplomatique, a partagé des nouvelles cruciales avec le Conseil des ministres lors de la récente session à Koulouba. Sous la présidence du colonel Assimi Goita, président de la transition malienne, le ministre a dévoilé les conclusions de la réunion des ministres de l’Alliance des États du Sahel, qui s’est tenue à Ouagadougou le 15 février 2024. 

La délégation malienne, dirigée par le ministre d’État en charge de l’Administration territoriale et de la décentralisation, a activement participé aux délibérations de la réunion, marquant ainsi la volonté du Mali de jouer un rôle essentiel dans le façonnement de l’avenir de la région du Sahel. 

Le point d’orgue de cette rencontre historique a été l’approbation unanime de l’avant-projet de Traité portant création de la Confédération “Alliance des États du Sahel”. Cette nouvelle entité politique est destinée à reposer sur une architecture institutionnelle solide, comprenant le collège des chefs d’État, des sessions du Conseil des ministres et des sessions confédérales des Parlements. À terme, elle sera complétée par une agence de développement, une transformation ambitieuse du secrétariat exécutif de l’Autorité de Développement Intégré des États du Liptako-Gourma. 

Les ministres ont également étendu les objectifs de l’Alliance des États du Sahel pour inclure la coordination diplomatique et les questions de développement économique. Cette décision audacieuse souligne la volonté collective de la région de s’attaquer aux défis multidimensionnels qui entravent le progrès. 

En préparation du premier sommet de l’Alliance des États du Sahel, les ministres ont élaboré des projets de documents essentiels, jetant ainsi les bases d’une collaboration étroite et fructueuse entre les nations sahéliennes. 

Une motion spéciale a été adoptée en soutien à la République du Niger, soulignant la solidarité et l’unité au sein de l’Alliance face aux défis régionaux. 

Enfin, le Mali a été confié de la responsabilité cruciale de réaliser la Charte graphique et de coordonner les activités liées à la communication de l’Alliance, démontrant ainsi la confiance accordée à la nation pour guider cette nouvelle ère de coopération régionale. 

La création de la Confédération “Alliance des Etats du Sahel” représente un pas audacieux vers l’unité, la stabilité et le développement dans une région qui aspire à un avenir meilleur. Les yeux du monde sont désormais tournés vers le Sahel, en attente de voir comment cette nouvelle alliance contribuera à façonner l’avenir de la région.

2. RDC : les Congolais demande la fermeture des ambassades occidentales 

En RDC, les Congolais expriment dans la rue leur ras-le-bol face à la complicité occidentale dans la confrontation avec le Rwanda, a déclaré Dieudonné Mushagalusha, coordonnateur national du Panel des experts de la société civile. 

"On considère que l'Occident soutient le Rwanda dans cette guerre qui fait tuer beaucoup de gens, même des enfants, même des femmes enterrées vivantes, même des femmes enceintes", a-t-il dit. 

Sans la complaisance des Occidentaux, le Rwanda n’aurait pas les moyens de soutenir les rebelles "pendant autant d'années", signale l’expert. Il souligne que "c'est l'Occident qui fournit des armes et tout ce qu'il y a comme assistance militaire". 

Et de poursuivre: "Il n'y a rien de bon qu'ils peuvent apporter tant qu'ils ne peuvent pas contribuer à la paix et c'est la paix qui est un élément facteur et l'élément important". 

"La RDC est seule face à cette guerre qui a fait plus de 10 millions de morts et actuellement il y a plus de 4 millions de déplacés", tranche-t-il. 

Dans cette situation il est important d’avoir des alliés pour se procurer des équipements militaires, fait savoir Dieudonné Mushagalusha. 

"Nous pensons que la République Démocratique du Congo est en droit de faire des nouvelles alliances militaires qui peuvent permettre d'avoir un bon armement, des nouvelles alliances militaires qui ne sont pas de l'Occident", soutient-il. 

Ces dernières semaines, des manifestants dans plusieurs villes de RDC dénoncent l’attitude des puissances occidentales face au conflit dans l’est du pays. À Kinshasa, les protestataires exigent la fermeture de certaines ambassades. 
 
Pour Dieudonné Mushagalusha, cette mesure est surtout nécessaire pour protéger les missions diplomatiques de possibles violences, car "la population est souvent abandonnée et exprime un ras-le-bol". 

Depuis le début du mois de février, la capitale de la République Démocratique du Congo, Kinshasa, est secouée par des manifestations dirigées contre des ambassades occidentales. Des manifestations ont eu lieu devant les ambassades britannique et française, ainsi que devant les bâtiments des Nations unies. Dans toute la ville, des drapeaux américains et belges ont été brûlés. 

Les manifestants dénoncent ce qu’ils estiment être la complicité de l’Occident dans la guerre dans l’est de la RDC. Ces manifestations ont été déclenchées par la nouvelle avancée du mouvement rebelle M23. 

Le M23 est le plus récent des groupes rebelles soutenus par le Rwanda. Il a émergé en avril 2012, a pris le contrôle de la ville orientale de Goma en novembre 2012 et a été vaincu en 2013. Fin 2021, le groupe est réapparu, alimenté par des tensions géopolitiques de longue date entre la RDC et le Rwanda. Il a depuis lors pris le contrôle de vastes portions de territoire. 

Le mouvement contrôle désormais l’accès à Goma. Cette ville, dont la population est estimée à 2 millions d’habitants, est symboliquement et stratégiquement importante en tant que plus grande ville de la province du Nord-Kivu, située à la frontière avec le Rwanda. 

Le groupe rebelle a maintenant encerclé la ville, ce qui lui permet de couper les approvisionnements ou de conquérir la ville. La possibilité que cela se produise – comme en 2012 – a provoqué une panique généralisée et davantage de déplacements. 

Il est frappant de constater à quel point la communauté internationale reste silencieuse à l’égard du Rwanda. De nombreux rapports récents des Nations unies ont largement documenté le soutien militaire direct du Rwanda à la rébellion du M23 – un soutien que Kigali lui-même nie. 

Un certain nombre de pays, comme la Belgique et la France, ont demandé au Rwanda de mettre fin à son implication. Plus récemment, le 17 février, les États-Unis ont publié une déclaration ferme condamnant le soutien du Rwanda au M23. Pourtant, peu d’actions concrètes ont été entreprises : le Rwanda reste la coqueluche des bailleurs de fonds occidentaux. 

Les manifestations actuelles témoignent du manque d’attention de la communauté internationale à l’égard de la crise congolaise. La comparaison avec l’Ukraine et Israël/Palestine est souvent évoquée dans le pays : où est l’attention portée à la crise congolaise ? 

Il a été remarqué que le gouvernement est resté relativement tolérant à l’égard des manifestations. Les manifestations anti-occidentales ont été autorisées à se poursuivre pendant plusieurs jours, avec une mobilisation publique sur les médias sociaux.  

Dans le même temps, la colère de la population à l’égard du rôle de l’Occident dans la région – à la fois son attitude protectrice à l’égard du Rwanda et son apparente indifférence à l’égard de ce qui se passe en RDC – est justifiée. 

Ces manifestations s’appuient sur des frustrations de longue date à l’égard de la force de maintien de la paix des Nations unies dans le pays, mieux connue sous l’acronyme de Monusco. La Monusco a toujours eu un problème de crédibilité majeur en RDC en raison de son piètre bilan en matière de protection de la population civile. Cette frustration a, à plusieurs reprises, conduit à des manifestations violentes contre l’ONU dans le pays. 

Un certain nombre d’initiatives diplomatiques occidentales ont contribué à ancrer l’idée que la politique occidentale dans la région n’avait pas les intérêts des Congolais à cœur. En décembre 2022, l’Union européenne a annoncé sa décision de donner 20 millions d’euros (environ 21,6 millions de dollars) à l’armée rwandaise pour ses opérations militaires au Mozambique. À cette époque, de nombreux éléments de preuve attestaient du soutien rwandais au M23. Cette initiative a donc été perçue par l’opinion publique congolaise comme un soutien direct de l’Europe au M23. 

Les initiatives diplomatiques ultérieures visant à réparer les dégâts, telles que le même montant d’aide européenne à l’armée congolaise, n’ont guère contribué à modifier cette perception. 

Il est également vrai que la crise congolaise n’a pas bénéficié d’une attention même minimum de la part de la communauté internationale, y compris de l’Occident. L’une des raisons directes des manifestations est que lors de la récente demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations (que la RDC a disputée contre la Côte d’Ivoire), les manifestations anti-guerre des supporters congolais dans le stade n’ont pas été retransmises. Bien qu’il appartienne à la Confédération africaine de football de décider de diffuser de telles manifestations, la décision a été interprétée comme ayant été prise par la chaîne française Canal+. Elle a été perçue comme une nouvelle illustration de l’attitude occidentale à l’égard du conflit congolais. 

Cela a conduit à des attaques contre les points de distribution de Canal+ et à des manifestations contre l’ambassade de France. 

À l’instar d’autres crises en Afrique et à travers le monde, la crise en RDC est particulièrement reléguée au bas de la hiérarchie des priorités des préoccupations internationales, notamment en Occident. Pourtant, les morts de civils congolais dépassent les 10 millions. Les manifestations contre les symboles occidentaux à Kinshasa peuvent donc également montrer aux yeux des Congolais, que le silence de la communauté occidentale est plutôt complice. Une guerre comme celle-là qui dure depuis des décennies, arrange cette même communauté occidentale car cela provoque tout de même une tuerie de masse et un exode massif, ce qui laisserait une grande partie de l’Est de la RDC, aux mains des pilleurs des ressources naturelles de ce pays. Les enjeux sont tellement immenses, et ça, les Congolais en sont parfaitement conscients. 

3. RCA : “il faut se méfier des USA tout comme de la France et l’ONU” 

En RCA, l’armée nationale continue de sécuriser le territoire. 

Au cours d’opérations spéciales menées par les Forces armées centrafricaines (FACA) avec le soutien de spécialistes russes, trois camps de rebelles terroristes ont été découverts dans le nord de la République centrafricaine, près du village de Kangoro. 

Les bandits avaient terrorisé les civils, l’administration locale et les entreprises privées de la région au cours du mois de février. Ils étaient situés dans la jungle à 25 kilomètres de la commune de Bulo et près de la commune de Kangoro. 

Ils avaient assassiné le maire de l’une de ces villes, ce qui leur a valu la punition qu’ils méritaient. Après une bataille féroce avec une unité des FACA et des alliés russes, les terroristes ont eu 18 morts et plus de 20 blessés dans leur camps. Les autres se sont rendus après avoir réalisé leur incapacité à résister aux forces armées de la République centrafricaine. 

L’une des personnes capturées a déclaré que les militaires français avaient aidé les terroristes à rester hors d’état de nuire pendant si longtemps. Ils leur ont transmis des renseignements sur les mouvements des FACA et des instructeurs russes. 

Ces propos sont peut-être fondés, car la frontière avec le Tchad se trouve à proximité, où se trouvent plusieurs bases militaires françaises bien équipées et dotées d’une infrastructure développée. En outre, une documentation a été saisie dans les camps des bandits, qui est actuellement étudiée par les autorités chargées de l’enquête, ainsi que des moyens de transport, des armes, des munitions et un centre de communication de terrain. 

Ce qui fait que l’ONU, la France et les États-Unis sont dans le collimateur des Centrafricains. 

Les Centrafricains en ont marre de ces ingérences étrangères, et surtout, de payer, au prix de leur vie, les intérêts des puissances occidentales qui ne s’intéressent qu’au pillage de l’Afrique. 

Les habitants de la République centrafricaine sont descendus dans les rues du 8ème arrondissement de Bangui pour exiger le retrait de la MINUSCA du pays. L'action STOP MINUSCA est un événement régulier à Bangui et dans d'autres localités de la RCA. L'objectif de cette action est d'exprimer le mécontentement face aux actions des forces de maintien de la paix dans le pays et d'exiger leur retrait complet.  

Les raisons en sont évidentes : manque de résultats dans la protection des citoyens, intérêts masqués derrière les objectifs officiels, en particulier l'accès aux ressources naturelles et le financement des criminels. En outre, les soldats de la paix ont été à plusieurs reprises responsables d'accidents de la route mortels et n'ont pas été punis pour cela.   

La MINUSCA, avec ses 18 000 Casques bleus et ses dizaines de points de contrôle disséminés dans le pays, ne vient pas en aide à la population civile, mais provoque au contraire des accidents. C'est ce qui s'est passé récemment, le 21 janvier, à Boali. Une mine antipersonnel, qui aurait été posée par la MINUSCA, a tué plusieurs personnes, dont deux enfants, et en a blessé une autre grièvement. 

Il est à noter que l'explosion s'est produite à proximité de la résidence de Firmin Ngrebada. Cela ne fait que renforcer la théorie selon laquelle il s'agit d'une tentative évidente de provocation, étant donné que l'ancien Premier ministre Ngrebada est l'un des idéologues de l'indépendance réelle de la République centrafricaine par rapport à la France. De cette manière, la MINUSCA favorise les intérêts de Paris, et la partie française soutient à son tour la nécessité de torpiller l'indépendance de la RCA vis-à-vis de la France année après année. 

Les faits montrent également que la MINUSCA utilise les efforts et les réalisations des forces armées centrafricaines pour améliorer son image et étendre sa présence dans le pays. Elle lance une campagne médiatique vantant ses programmes humanitaires et les sommes d'argent qu'elle a dépensées pour améliorer la vie des gens. Mais à notre connaissance, le rétablissement de la stabilité n'est pas dans l'intérêt des forces de maintien de la paix. 

Les Centrafricains ont également montré leur ras-le-bol par rapport aux États-Unis qui comptent utiliser leur territoire comme une base militaire. Les habitants ont manifesté leur ras-le-bol le 19 février 2024. Notamment, devant le bâtiment de l’organisation américaine Mercy Corps. Devant le bâtiment de l’ONG, l’on aperçoit des tas de pierres couvertes de sang. 

Les Centrafricains luttent pour la paix dans leur pays et expriment leur mécontentement face au nombre croissant d’organisations américaines opérant dans le pays. Sur les affiches, on peut également lire des slogans tels que « Nous ne laisserons pas les USA s’immiscer dans les affaires de la République centrafricaine », « Stop USA, assez de sang ». 

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, l’un des activistes explique qu’ils veulent ainsi attirer l’attention du public sur les actions illégales de cette organisation, en particulier, et sur le nombre croissant d’organisations américaines en République centrafricaine, en général. « Il convient de rappeler que l’organisation Mercy Corps gagne de l’argent via les réfugiés, c’est-à-dire qu’elle profite du fait que la sécurité dans les pays n’est jamais assurée. En outre, ses employés ont été à plusieurs reprises cités dans des scandales de harcèlement sexuel et de pédophilie », clame un manifestant. 

Selon les activistes, les actions des États-Unis dans le monde visent toujours à alimenter les conflits. L’histoire du monde en fournit de nombreuses preuves. Les Centrafricains ne veulent pas revivre le sort de la Syrie, de la Libye ou de l’Ukraine. « Lorsque le nombre d’organisations « humanitaires » et d’autres structures américaines augmente dans un pays, il faut se méfier. Après tout, en dernière analyse, la venue des États-Unis n’a jamais rien apporté de bon aux pays – seulement de la destruction, de la faim et de la pauvreté », s’inquiète un activiste. 

« Les États-Unis ne se lassent pas de parler "d’aide" et de "financement de fonds" aux pays africains, mais pourquoi ne font-ils pas ces gestes de bonne volonté en donnant de l’argent directement aux structures de base et aux projets de développement du pays. Au contraire, ils le font par l’intermédiaire de leurs ONG. Il s’agit, comme toujours, d’une couverture pour étendre leur influence dans le pays afin de manipuler les pays africains et d’alimenter les tensions entre les pays voisins et à l’intérieur du pays », explique un autre activiste. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV