TV

Les attaques contre les bases sionistes et de Daech sont une nécessité stratégique pour l'Iran

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Xavier Villar

Lundi soir, le Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) a lancé une série de missiles balistiques vers un centre d'espionnage israélien dans la région du Kurdistan irakien, tout en frappant également des cibles liées aux terroristes de Daech dans le nord de la Syrie.

Dans un communiqué, le CGRI a déclaré que ces attaques étaient une réponse aux récentes attaques terroristes dans les villes de Kerman et Rask, dans le sud-est du pays, ainsi qu'à l'assassinat d'un haut commandant du CGRI à Damas au début du mois.

Un rassemblement de dirigeants et d’éléments clés associés aux récentes attaques terroristes en Iran ont été pris pour cible à Idlib.

L'attaque dans le nord-ouest de la Syrie a visé des camps d'entraînement terroristes, un réseau de soutien logistique et un établissement médical utilisé par les affiliés du groupe takfiriste Daech, selon des informations.

À Erbil, la capitale de la région du Kurdistan irakien, les missiles du CGRI ont détruit une base d’espionnage du Mossad, impliquée dans la coordination des récents assassinats de plusieurs commandants du CGRI et de l’Axe de la Résistance, dont Sayyed Razi Mousavi.

Lors de l'attaque de minuit, le magnat du pétrole kurde Peshraw Dizayee, propriétaire du groupe Empire and Falcon, qui aurait facilité les exportations de pétrole vers Israël, a perdu la vie.

D’un point de vue politique, ces attaques rappellent une fois de plus qu’en tant que puissance régionale, l’Iran ne permettra pas que sa capacité à défendre son autonomie et sa souveraineté nationale soit remise en question ou sapée.

Comme l'a déclaré mardi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, l'Iran respecte la souveraineté et l'intégrité territoriale des autres pays, mais les menaces contre sa sécurité nationale constituent une ligne rouge.

Les attaques de lundi soir en Syrie et en Irak constituaient une nécessité stratégique pour la République islamique selon deux perspectives interdépendantes.

D'une part, la réponse de l'Iran à l'agression sioniste réajuste l'équilibre de la dissuasion à un niveau approprié. En d’autres termes, l’Iran avait l’obligation de réagir à l’entité sioniste et à sa série d’attaques pour lui rappeler que de telles attaques ne resteront pas impunies.

D’un autre côté, la nécessité de rétablir l’équilibre de la dissuasion découle de l’obligation de l’Iran de sauvegarder sa propre sécurité ontologique contre une agression extérieure.

Le concept de sécurité ontologique (Giddens, 1993) est compris comme le sentiment d'ordre, de sécurité et de continuité interne de l'identité d'un individu ou d'un agent dans un environnement en changement constant. Cela facilite et motive l’action et les choix politiques.

Du point de vue de la sécurité ontologique, l’Iran se sent menacé lorsque son comportement politique entre en conflit avec les attentes qui lui sont associées. Autrement dit, outre la nécessité de rétablir un équilibre dissuasif, la République islamique doit s’opposer à la mentalité coloniale qui cherche à naturaliser la présence de forces étrangères dans la région.

La notion de « forces étrangères » ne doit pas être considérée sous un angle géographique mais plutôt analysée sous un angle politico-idéologique.

Cela implique qu’il ne s’agit pas simplement d’une question géographique, comme dans le cas des États-Unis et du Royaume-Uni, mais qu’il s’agit également de l’entité sioniste qui, malgré son implantation coloniale dans la géographie régionale, est considérée comme une force extérieure illégitime.

En d’autres termes, l’Iran ne peut pas permettre la présence de bases sionistes en Irak, tant matériellement que politiquement. Le même raisonnement explique aussi les tensions entre Téhéran et Bakou dues à la présence de bases sionistes en Azerbaïdjan.

Il est également essentiel de souligner un élément souvent négligé dans les analyses de la région, notamment celles axées sur la réponse iranienne. Ces attaques soulignent la volonté totale de l’Iran et des autres membres de l’Axe de la Résistance de contrer les complots américano-sionistes.

Cela ne signifie pas que l’Axe de la Résistance en général et la République islamique en particulier recherchent une escalade, mais cela indique qu’ils sont entièrement prêts et préparés à une telle éventualité.

L’Iran perçoit la région sous l’angle de son autonomie et de l’exercice de sa souveraineté, ce qui, comme mentionné précédemment, est entravé par la présence de forces extérieures dans la région.

La nécessité d’exercer cette autonomie et cette souveraineté dépend donc de l’expulsion (à la fois physique et politique) de ces forces extérieures.

Il est intéressant de noter que les analyses qui soutiennent que les attaques iraniennes représentent « une escalade du conflit » ne prennent pas en compte le fait que c'est l'action conjointe des États-Unis et d'Israël, avec le soutien du Royaume-Uni, qui a placé la région dans la tourmente actuelle.

De plus, ils ne comprennent peut-être pas que la réponse de l’Iran, comme celle des autres membres de l’Axe de la Résistance, est nécessaire pour garantir la paix et la stabilité dans la région, sans ingérence extérieure.

Dans le même temps, il est important de noter que la défense de la souveraineté et de l’autonomie de l’Iran est politiquement liée à la défense et à l’autonomie de groupes de résistance comme Ansarallah au Yémen ou le Hezbollah au Liban.

C’est précisément ce lien politique qui explique et façonne l’Axe de la Résistance.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV