Par le rédacteur de Press TV
Au milieu des attaques aveugles du régime israélien contre la bande de Gaza sous blocus, le nombre de journalistes tués a déjà dépassé les 70, pour la plupart des scribes palestiniens travaillant pour des médias locaux et internationaux.
Des membres de famille de journalistes couvrant la guerre israélo-américaine contre Gaza ont également été tués.
Lundi, le producteur de CNN à Gaza, Ibrahim Dahman, a été choqué d'apprendre qu'au moins neuf membres de sa famille avaient été tués dans une frappe aérienne israélienne contre la maison de sa tante dans le nord de Gaza.
Sa maison d'enfance dans la ville de Gaza a également été détruite lors d'une frappe aérienne le même jour, a rapporté CNN.
Mais bizarrement, la chaîne d'information américaine et les collègues de Dahman ont refusé de dire toute la vérité sur la tragédie qui a frappé le producteur de CNN, ce qui a provoqué un tollé massif sur les réseaux sociaux.
« Dahman, 36 ans, s'est enfui en Égypte avec sa jeune famille après près d'un mois, mais dimanche, il a appris qu'au moins neuf membres de sa famille coincés dans le nord de Gaza avaient été tués dans une frappe contre la maison de sa tante », a rapporté lundi CNN.
La nouvelle était titrée comme suit : « Les proches du journaliste de CNN à Gaza tués et la maison de son enfance détruite lors de deux frappes distinctes », sans mentionner qui les a tués – le régime de Tel-Aviv.
Christiane Amanpour, la principale présentatrice internationale de CNN, s'est adressée à X (anciennement Twitter) pour présenter ses condoléances au meurtre des membres de la famille de Dahman, mais n'a pas nommé les auteurs.
« Terrible nouvelle concernant la famille de notre collègue Ibrahim Dahman : au moins neuf de ses proches ont été tués. Il a courageusement fait des reportages pour CNN depuis Gaza bien avant le début de cette guerre », a-t-elle écrit.
CNN reporter’s family killed, childhood home destroyed in Gaza airstrikes#GazaGenocide pic.twitter.com/2Aj5FziceX
— Press TV (@PressTV) December 6, 2023
Amanpour n'a pas mentionné que c'était le régime israélien qui avait frappé la maison familiale de son collègue et tué neuf membres de sa famille, pour la plupart des enfants et des femmes.
Un autre présentateur et journaliste éminent de CNN, Jim Acosta, l’a décrit comme une « très triste nouvelle ».
« Les proches du journaliste de CNN à Gaza ont été tués et la maison de son enfance détruite lors de deux frappes – mes condoléances à Ibrahim et à sa famille », a écrit Acosta sur son compte X.
Son message ne mentionnait pas non plus qui avait tué la famille du journaliste palestinien.
Larry Madowo, correspondant international de CNN, a suivi la même ligne que ses collègues.
« Ibrahim Dahman, producteur de CNN à Gaza, a perdu 9 membres de sa famille lors d'une frappe aérienne ce week-end. Sa maison d'enfance est en ruine. Sa maison qu'il vient de finir de rénover est en ruine », a-t-il déploré sur X.
Gili Remen, journaliste et productrice de CNN basée à New York, a qualifié la nouvelle de « dévastatrice », mais a fait écho au récit ambigu et n'a pas nommé l'assassin de la famille de Dahman.
Eliza Mackintosh, rédactrice en chef de CNN, a écrit que les proches de Dahman « ont été tués et sa maison d'enfance à Gaza détruite lors de deux frappes distinctes ».
Leurs tweets ont suscité des réactions immédiates de la part des internautes qui ont critiqué la chaîne pour ne pas avoir rappelé le contexte horrifique dans lequel vivent les journalistes et qui se déroule dans ce territoire côtier assiégé.
« Deux journalistes éminents de CNN ont choisi de ne pas mentionner, dans leurs tweets, que leur correspondant à Gaza a été tué dans une frappe israélienne. Même dans l'article de CNN, cette information a été omise dans le premier article », a écrit un utilisateur de X, fustigeant l'hypocrisie du réseau.
« Les journalistes de CNN qui nous informent de la tragédie qui est arrivée à leur producteur de CNN à Gaza, tout en omettant de décrire le contexte dans lequel l’incident est arrivé et qui montre bien que ce sont les forces d'occupation israéliennes qui sont responsables du meurtre ; tout cela témoigne de la complicité des médias internationaux dans le génocide qui se déroule dans l’enclave palestinienne assiégée », a écrit un autre internaute.
Certains utilisateurs des réseaux sociaux ont réagi avec colère au message d'Amanpour, remettant en question son intégrité journalistique.
« Je pense que lorsque neuf membres de la famille de votre collègue ont été tués et que vous décidez de publier un article à ce sujet, vous auriez à la fois l'intégrité journalistique et le respect pour votre collègue pour identifier les meurtriers », a écrit un utilisateur nommé Doc Jazz.
« Amanpour est journaliste et sait que la voix passive est la forme journalistique la plus faible et qu'un bon journaliste ne l'utilise que dans des cas limités. Quelle est l'importance de tout ce bilan journalistique, lorsqu'elle utilise des mots dont un journaliste débutant aurait honte lorsqu'il s'agit des crimes d'Israël », a écrit Fatima Alsmadi, chercheuse chez AJ Studies.
« Qui a tué ses proches, Christiane ? Est-ce qu'ils ont été frappés par le tonnerre», s’est interrogée la journaliste Dima Khatib.
La couverture de la guerre israélo-américaine contre Gaza dans les médias occidentaux fait l’objet d’une attention croissante depuis le 7 octobre, alors que les médias ont fait un effort conscient pour blanchir les crimes israéliens.
Arwa Damon, correspondante de CNN, a récemment admis dans un article que les journalistes des médias occidentaux « doivent faire un meilleur travail pour rapporter la vérité ».
