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Pourquoi les théoriciens du complot occidental nient les faits sur le cas d’Armita

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Xavier Villar

Ces derniers jours, un autre événement a placé l'Iran sous le feu des projecteurs des médias occidentaux : le cas d'Armita Geravand, une jeune fille de 16 ans qui s'est évanouie dans un métro de Téhéran et qui est actuellement hospitalisée.

Pour quiconque suit l'actualité iranienne, ne serait-ce qu'un minimum, il est évident que l'histoire d'Armita est étonnamment similaire dans les médias occidentaux à celle de Mahsa Amini, lorsque l’on a cherché à utiliser l’événement dans le cadre de la propagande anti-iranienne.

Dans le cas d’Armita, une fois de plus, les médias occidentaux ont pointé du doigt le gouvernement iranien.

Tout comme pour le dossier Amini, l'accent est mis sur le code vestimentaire de la jeune femme et sur sa prétendue « rencontre » avec des membres de la « police des mœurs » à l'intérieur du métro.

Le point crucial à considérer ici, tout comme dans le cas précédent, est que tous les éléments nécessaires sont une fois de plus déployés pour dépeindre la République islamique comme « l’autre » de la « vérité ».

Dans cette perspective discursive, l’Iran est perçu comme un lieu où accéder à la vérité ou l’exprimer est jugé impossible, ce qui est en réalité loin de la vérité.

Cela peut être interprété à travers une lentille coloniale, vestige du paradigme orientaliste qui pose la vision eurocentrique comme la seule à avoir un accès illimité à la « vérité ».

Dans le cas d'Armita, l'explication fournie par les autorités iraniennes, qui fait référence à une chute de tension artérielle suivie d'un traumatisme crânien, n'a pas été prise en compte par les théoriciens du complot occidental.

Cette explication ne contredit pas les seules images disponibles d'une caméra de sécurité située sur les quais du métro où l'on voit que deux des amis de la jeune femme la font descendre du wagon, apparemment inconsciente.

Ses amies ont déjà parlé aux médias de ce qui s'est passé dans le wagon et de la façon dont elle s'est effondrée et a été emmenée immédiatement à l'hôpital le plus proche.

Il est important de se rappeler que voir n’est pas simplement un acte mécanique. Comme le souligne l'auteur Sara Ahmed, voir implique une décision politique sur ce qui est vu, ce qui est laissé derrière et ce qui est laissé sur les côtés ; c'est-à-dire ce qui reste en dehors du champ de vision.

Il est important de considérer que le racisme imprègne la perception des Blancs de telle manière que le champ visuel n'est pas un espace neutre sans implications raciales.

Il existe de nombreux exemples de cette « vision raciale ». Par exemple, le procès Rodney King, au cours duquel un Afro-Américain a été brutalement battu par un groupe de policiers blancs à Los Angeles en 1991, a démontré que dans de nombreux cas, les preuves visuelles ne sont pas prises en compte lorsque les corps « racialisés » sont relégués aux marges.

Même les images les plus marquantes, comme dans le cas de King, ne constituent pas nécessairement une preuve sans équivoque de la brutalité policière américaine.

On trouve de nombreux exemples aux États-Unis où la police parvient souvent à échapper à des accusations ou à des condamnations pénales malgré la présence de preuves visuelles de la brutalité policière.

Un exemple en est le cas d'Eric Garner, dont la séquence vidéo le montre encerclé par des policiers qui l'ont finalement étranglé pour avoir prétendument vendu illégalement des cigarettes.

Malgré le recours manifeste à une force excessive et des preuves à l'appui, le grand jury n'a pas porté d'accusations contre l'officier responsable de sa mort brutale.

Il est également crucial de s'attaquer au mythe entourant l'objectivité mécanique de l'appareil photo.

Au lieu de cela, comme l'a exprimé John Berger, « la façon dont nous voyons les choses est influencée par ce que nous savons ou ce que nous croyons ».

Les objets que nous observons dans les vidéos et les photographies acquièrent un sens grâce à nos expériences et notre connaissance du monde. Notre façon de voir est, au moins en partie, déterminée par les idéologies raciales qui visent à définir qui est un sujet reconnaissable et qui par conséquent, sa vulnérabilité compte.

Tout ce réseau de significations politiques et raciales amène les images d’Armita dans le métro de Téhéran à transcender ce que ces mêmes images représentent et à acquérir une signification prédéfinie et sans rapport avec les images elles-mêmes.

Voir n’est jamais un processus mécanique ; c'est toujours lié au politique.

Dans ce cas, visionner les images de la jeune Iranienne sur le quai du métro de Téhéran est un processus qui, comme on le voit, s’organise autour d’une série de problématiques politiques et raciales.

Les images acquièrent un sens lorsqu'elles sont intégrées à un discours. Ce que les médias occidentaux présentent ne se résume pas à quelques secondes d’images de caméras de sécurité.

Ils présentent un discours rempli de préjugés et de méfiance à l'égard de toute déclaration faite par les autorités de la République islamique.

Si une jeune fille est inconsciente sur un quai du métro de Téhéran, ce qui s'est passé est évident, selon les médias occidentaux. Voir n’est pas nécessaire pour croire, du moins dans leur cas.

 

Xavier Villar est titulaire d'un doctorat en études islamiques et un chercheur qui partage son temps entre l'Espagne et l'Iran.

 

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

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SOURCE: FRENCH PRESS TV