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La « menace nucléaire » de Netanyahu contre l’Iran dans son discours à l’ONU sent la frustration

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Xavier Villar

L’Assemblée générale des Nations unies de cette année à New York a prouvé une fois de plus que le monde est en train de passer d’un ordre unipolaire à un ordre multipolaire dans un contexte de montée en puissance du Sud.

Le discours du président iranien Ebrahim Raïssi a été le point culminant du sommet qui a révélé au grand jour l’hypocrisie des pays occidentaux en matière de droits de l’homme et annoncé la fin de l’hégémonie occidentale.

Le Premier ministre du régime israélien, Benjamin Netanyahu, s’est également adressé à la tribune de l’Assemblée générale, dans une salle presque vide, alors que la plupart des dirigeants mondiaux ont sauté son discours alors qu’il répétait de nouveau ses menaces creuses contre l’Iran.

Son discours incluait une « menace nucléaire » directe contre la République islamique d’Iran, même si ses conseillers ont ensuite fait marche arrière et ont déclaré qu’il avait été mal lu par le Premier ministre mégalomane du régime israélien.

« Avant tout, l'Iran doit faire face à une menace nucléaire crédible. Tant que je serai Premier ministre d'Israël, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher l'Iran d'acquérir des armes nucléaires », a-t-il proféré lors de son discours, dans un silence assourdissant.

Cette menace, en violation directe de la Charte des Nations unies, a relancé le débat sur le programme nucléaire clandestin de l'entité sioniste, qu'elle avait caché au monde pendant des décennies.

Les régimes successifs de Tel-Aviv ont toujours démenti la possession d'armes nucléaires, mais la déclaration de Netanyahu a mis fin à toutes les spéculations et confirmé ce qui était déjà connu.

Ce qui est significatif dans son discours à l'Assemblée générale de l’ONU, outre la grave menace nucléaire, c'est le discours qui, typique des mouvements xénophobes, suggère l'existence d'un « autre » qui jouit excessivement, et cet excès est perçu comme un « vol de son propre plaisir. »

En d’autres termes, le discours a avancé l’argument selon lequel un groupe ou une communauté particulière ne peut pas accéder à ses droits légitimes parce qu’une autre communauté l’en empêche.

Un exemple classique de cette perception du « vol de plaisir » serait la notion exprimée par divers groupes xénophobes, qui affirment que tout leur travail acharné pour construire une communauté où ils peuvent être heureux est entravé par la présence d'étrangers qui bénéficient des efforts des résidents d'origine.

Par conséquent, la communauté ne peut pas profiter pleinement de ses avantages en raison de la croyance que les étrangers ont usurpé la source de jouissance des autochtones.

Dans ce cas, le discours de Netanyahu la jouissance politique sioniste qui est la capacité de trouver satisfaction à travers la construction d'une communauté politique stable, est perturbé par la présence de divers signifiants, qui s'articulent dans une chaîne d'équivalence.

Ces signifiants deviennent les symboles d’une totalité qui s’oppose à la possibilité de maintenir la stabilité politique du projet sioniste.

Ces multiples signifiants peuvent être considérés comme des revendications politiques. Chacune de ces revendications est, d'une part, spécifique et concrète, mais d'autre part, par la création de liens équivalents, elles se connectent à l'ensemble des autres revendications.

Pour mieux illustrer ce point, prenons la demande politique spécifique de la Syrie concernant les agressions répétées et les frappes aériennes menées par l'aviation sioniste au-dessus de Damas.

D’une part, cette revendication vise à mettre un terme aux frappes aériennes, mais en même temps, cette demande même devient la partie visible d’un ensemble plus large de revendications politiques contre le sionisme.

Il fonctionne comme la pointe d’un iceberg représentant la totalité d’autres revendications politiques, comme la lutte palestinienne ou la relation entre l’Inde et l’entité sioniste, entre autres.

Simultanément, les revendications politiques qui s’opposent au sionisme génèrent un antagonisme qui est le point de départ de la sphère politique.

Dans ce contexte, l’antagonisme peut être exprimé en termes islamiques comme la confrontation entre les opprimés et les oppresseurs.

En d’autres termes, l’articulation de diverses revendications et la création de cet antagonisme visent à construire une hégémonie qui cherche, d’une part, le démantèlement de l’hégémonie existante et, d’autre part, l’instauration d’un nouvel ordre social pour remplacer l’hégémonie existante.

Une fois de plus, en analysant le discours de Netanyahu à l'Assemblée générale de l’ONU et sa menace envers la République islamique, il devient évident que pour le sionisme, sa jouissance politique, comprise comme stabilité, est entravée par la présence de la République islamique et d'autres membres du soi-disant axe de la Résistance.

Il existe une perception d'un « vol de jouissance politique » de la part d'autrui dont les revendications prennent un caractère totalement antagoniste.

L’opposition au sionisme, dans sa quête de construction d’une hégémonie opposée, suggère que la stabilité du sionisme en tant que projet politique est contingente.

Malgré les efforts visant à contrôler et à apprivoiser ces revendications, il devient évident qu’elles ne peuvent être satisfaites qu’à travers la destruction de la prétendue stabilité du sionisme.

Dans le même temps, il est important de comprendre que les menaces de Netanyahu ne sont pas uniquement dirigées contre l’Iran, mais visent tous les signifiants spécifiques qui s’opposent individuellement à la fois au sionisme et au racisme qu’il représente.

Dans ce contexte, l’Iran, à travers la chaîne d’équivalence, symbolise tous ces mouvements et revendications particuliers. De la même manière, on pourrait dire que la Palestine représente les exigences de la Syrie, l’Iran représente les exigences de la Palestine et le Hezbollah représente les exigences du Hamas ou du Jihad islamique de la Palestine.

C’est pourquoi Netanyahu a lancé sa menace nucléaire contre la construction d’un bloc contre le sionisme. Il l’a fait parce qu’il était conscient que son discours et ses atouts politiques étaient épuisés.

 

Xavier Villar est titulaire d'un doctorat en études islamiques et chercheur qui partage son temps entre l'Espagne et l'Iran.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

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SOURCE: FRENCH PRESS TV