Après des années de négociations, la Commission européenne a finalement pris position sur la question des migrants, la plus dure.
Bruxelles a dit qu’il soutiendra en effet la ligne dure du gouvernement italien d’extrême droite sur la migration.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a salué un plan en dix points sur les migrants présenté dimanche par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Lampedusa.
« Je suis convaincue que la question de la migration sera ajoutée à l’ordre du jour du prochain sommet de l’UE en octobre », a-t-elle dit avant de renchérir : « Nous devons arrêter les départs d’Afrique et expulser rapidement ceux dont l’asile a été refusé ».
Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni se sont rendues ce dimanche à Lampedusa. Entre lundi et mercredi, environ 8500 personnes, soit plus que l’ensemble de la population de Lampedusa, sont arrivées à bord de 199 bateaux, selon les chiffres de l’agence des Nations unies pour les migrations.
“L’avenir de l’Europe se joue ici”, a déclaré Giorgia Meloni, Première ministre d’Italie
Suite à une recrudescence des arrivées de migrants sur les côtes italiennes, von der Leyen s’est rendue dimanche sur l’île méridionale de Lampedusa, où la situation est tendue depuis le début de l’année, avec des milliers de migrants bloqués dans des conditions difficiles.
Ursula von der Leyen a annoncé un nouveau plan d’action pour les migrants qui comprend la lutte contre la traite et le retour des migrants dans leur pays d’origine et le transfert des migrants d’Italie vers d’autres États membres de l’UE.
“C’est très important pour moi, car la migration irrégulière est un défi européen et nécessite une réponse européenne. Nous sommes donc dans le même bateau”, a-t-elle insisté.
Pour Giogia Meloni, “c’est l’avenir que l’Europe veut se donner qui est en jeu ici, car l’avenir de l’Europe dépend de la capacité de l’Europe d’affronter de grands défis”.
Comme chaque année en cette période d’été, l’île de Lampedusa est confrontée à l’arrivée de dizaines de milliers de migrants, car cette route est considérée comme la plus sûre par les migrants pour rejoindre l’Europe. Depuis le début de l’année, près de 2 100 migrants auraient officiellement perdu la vie sur les routes migratoires en Méditerranée, soit un nombre déjà supérieur aux bilans sur douze mois des quatre dernières années.
L’Allemagne a rapidement exprimé son soutien à une autre proposition faite par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, concernant l’expansion de la surveillance aérienne et navale des frontières extérieures de l’Union européenne.
Certains experts estiment qu’une telle mesure serait contraire au droit maritime international, dans la mesure où les navires de l’UE ne seraient pas autorisés à opérer dans des zones territoriales à qui seuls les États d’Afrique du Nord ont juridiquement l’accès.
Pour certains commentateurs la surveillance aérienne et navale de la Méditerranée par l’UE équivaudrait à un acte guerrier. Nous savons tous ce qui est arrivé à la Libye après l’attaque de l’OTAN menée par les Français déplore Ahmed Ejaz, analyste politique et spécialiste de la Migration.
Le 19 mars 2011, plusieurs États membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), parmi lesquels les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Une intervention militaire qui a abouti au chaos et la déstabilisation du pays africain et par conséquent l’aggravation de la crise des migrants…
Pour les experts, tous les pays d’origine des migrants doivent être impliqués dans un processus plus démocratique de gestion des migrants. Le plan en dix points de von der Leyen sur les migrants est également plein d’incohérences.
Parallèlement, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a effectué lundi une visite éclair en Italie.
Dans une interview à la radio Europe 1, Darmanin a déclaré que la France était prête à aider l’Italie à sécuriser ses frontières, mais qu’elle n’accepterait aucun migrant en provenance de l’île de Lampedusa.
Ces derniers jours, des milliers de personnes, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne, ont afflué sur la petite île italienne de Lampedusa. Elles y sont prises en charge par des autorités et des ONG débordées, et accueillies dans des structures au bord de l’effondrement.
“La crise des migrants entrant en Europe par la Méditerranée peut conduire l’Union européenne au bord de l’effondrement”, a écrit cette semaine dans un article le quotidien d’information britannique dans une réaction aux évolutions.