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Zoom Afrique du 14 septembre 2023

Les titres de la rédaction :

  • Nigeria : la Commission de la Cédéao met en service un nouvel abattoir à Abuja
  • Burkina Faso : le gouvernement veut mieux encadrer le contenu local dans le secteur minier
  • Transport aérien : hausse généralisée du trafic en juillet, l’Afrique enregistre l’une des meilleures performances
  • Sénégal : un 2ème patrouilleur mis à l’essai pour la marine nationale

Les analyses de la rédaction : 

1. « Travailler pour son peuple c’est d’agir contre l’intérêt des Occidentaux » (Yamb) 

L’Occident ne soutient les dirigeants d’autres pays que lorsqu’ils travaillent pour ses intérêts, a indiqué à Sputnik Afrique la militante panafricaniste Nathalie Yamb, au sujet des récents coups d’État sur le continent. Elle a aussi fait valoir que le retrait des militaires français des pays africains rimait avec flambée de violences. 

Tout dirigeant qui décide d’améliorer les conditions de vie de son peuple est considéré par l’Occident comme sapant les intérêts de ce dernier, a déclaré à Sputnik Afrique la militante panafricaniste Nathalie Yamb. 

« Parce que travailler pour son peuple dans le monde actuel, ça signifie travailler contre l’intérêt des Occidentaux », a-t-elle indiqué. 

Selon la panafricaniste, quand l’Occident célèbre un Africain, il faut savoir qu’il travaille pour eux et qu’il ne travaille pas pour les autres Africains. 

« Donc, chaque fois que vous entendez les Occidentaux vanter tel homme politique, vanter tel ou tel Président, vanter telle personne, faites très attention : prenez du recul et méfiez-vous », a-t-elle souligné. 

Mme Yamb estime que le soutien des Occidentaux est volatile. Pour soutenir son propos, elle cite le cas de la chute récente de l’ex-Président gabonais Ali Bongo, qui n’étant plus « un pion sûr » des Occidentaux, a été lâché par ses maîtres. 

« Ali Bongo n’était plus ce que les Américains appellent un “asset” [un atout, en anglais, ndlr], ce n’était plus quelque chose qui leur permettait d’arriver là où ils voulaient. On parle des Américains, mais il y a aussi les Français, naturellement, qui sont eux-mêmes les esclaves des Américains. Donc quand on parle des Américains, on parle de tout le monde. Et donc, c’est pitoyable […] Car le cas Bongo nous montre qu’il n’y a rien de plus volatile que le soutien des Occidentaux. Il n’est pas caractérisé par la loyauté ». 

Selon elle, il s’agit d’un « valet d’un système qu’on a utilisé, qui s’est affaibli, qui n’est plus d’aucune utilité et que ses propres créateurs sacrifient comme un va-nu-pieds sur l’échiquier pour pouvoir rester dans le jeu ». 

La loyauté, pour Mme Yamb, c’est lorsque le président syrien Bachar al-Assad, bien que malmené par l’Occident, a continué d’être soutenu par ses alliés avec lesquels il a une relation qui est mutuellement bénéfique. 

Lorsque la France est chassée par un pays africain, il y a une « fâcheuse tendance à avoir une démultiplication des violences et des attaques terroristes », précise Mme Yamb. 

« Chaque fois que vous chassez l’armée française ou un ambassadeur français, paf ! Dans la foulée, il y a plus d’attaques terroristes au Mali, au Burkina Faso ou même au Niger, là, maintenant. Donc, on connaît le mode opératoire de la puissance française lorsqu’elle doit se retirer la queue entre les jambes ». 

La fin de la présence française est ainsi souvent associée à des périodes difficiles à traverser, raison pour laquelle les Nigériens feraient mieux d’accepter l’aide de leurs alliés dans la sous-région.

« Beaucoup de gens pensent qu’il suffit de chasser la France et tout va aller bien. Non, ce n’est pas comme ça que ça se passe. Il y a une longue période d’efforts, il y a une longue période de violence aussi qui est à anticiper. Mais c’est un processus et l’essentiel, c’est vraiment de s’engager dans la bonne direction et d’avoir le soutien du peuple, le soutien de tous, pour encaisser l’impact et puis pour commencer à distribuer les coups et à construire quelque chose de viable sur la durée », a-t-elle conclu. 

2. La sécurité de la région se joue au Niger  

Les militaires au pouvoir au Niger ont affirmé mardi soir avoir dénoncé un accord de coopération militaire conclu en 2022 avec le Bénin voisin, qu’ils accusent « d’envisager une agression » contre leur pays. 

Dans un communiqué lu à la télévision nationale, Niamey a indiqué « avoir appelé à plusieurs reprises au respect des obligations » de cet accord signé le 11 juillet 2022 avec le Bénin qu’ils ont décidé de « dénoncer ». 

Les militaires arrivés au pouvoir au Niger affirment que le Bénin a « décidé d’envisager une agression contre le Niger au lieu de le soutenir ». 

« La République du Bénin a autorisé le stationnement des militaires mercenaires et matériels de guerre dans la perspective d’une agression voulue par la France en collaboration avec certains pays » de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) contre le Niger, ont-ils assuré mardi tout en réitérant leur « volonté d’éviter l’escalade ». 

La Cédéao brandit depuis plusieurs semaines la menace d’une intervention militaire au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel et réinstaurer dans ses fonctions le président déchu Mohamed Bazoum, retenu prisonnier et qui refuse de démissionner. 

Cet accord avec le Bénin portait notamment sur l’échange de renseignements, l’assistance aérienne pour suivre les mouvements des terroristes et des opérations conjointes entre les deux armées béninoise et nigérienne. 

Le nord du Bénin, frontalier du Niger et du Burkina Faso, deux pays minés par des violences terroristes récurrentes, a été le théâtre ces derniers mois d’attaques et d’incursions de ces groupes. 

Ce week-end, les nouvelles autorités de Niamey avaient également accusé la France de préparer une « agression » en déployant des « forces » dans plusieurs pays ouest-africains. Des accusations démenties par Paris qui ne reconnaît pas le nouveau pouvoir en place. 

Plusieurs accords militaires avec la France ont également été dénoncés par les généraux au pouvoir le 3 août qui affirment que la présence des 1 500 soldats français sur leur territoire est désormais illégale. 

« Toute forme d’agression contre le peuple frère du Niger sera considérée comme une agression du Burkina Faso ». C’est ce qu’a affirmé le ministre en charge de la Communication, porte-parole du gouvernement Jean Emmanuel Ouédraogo. Il répondait aux questions des journalistes au cours d’une conférence de presse initiée ce mardi 12 septembre 2023, à Ouagadougou. 

À cet effet, le porte-parole du gouvernement a déclaré que tous les moyens sont mis en œuvre pour réagir en conséquence. « C’est d’ailleurs en cela que vous avez vu l’adoption d’un projet qui doit être validé par l’Assemblée législative de transition afin d’autoriser le déploiement de personnel militaire combattant aux côtés de nos frères du Niger ». 

Pour faire face aux défis qu’ils ont en commun, Jean Emmanuel Ouédraogo ajoute que le gouvernement burkinabè travaille en parfaite intelligence avec les autorités du Niger et du Mali. 

Il assure de ce fait que tous les engagements qui ont été fermement affirmés par le Burkina Faso et le Mali seront fermement tenus. « Nous nous donnerons tous les moyens de porter assistance au peuple frère du Niger. 

Pour Jean Emmanuel Ouédraogo, la sécurité du Burkina Faso se joue au Niger. 

3. Mali : “Le nord est envahi aujourd’hui d’agents spéciaux” (Maiga)

Va-t-on vers une reprise des hostilités entre l’armée malienne et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ? Ou bien, est-ce un acte de sabotage de la part des groupes terroristes à la solde de l’Occident qui tentent de créer une guerre entre Bamako et la CMA ? Ou on peut-on même penser que la CMA et les groupes terroristes se sont alliés ensemble pour déstabiliser le Mali ? Ou encore que les déstabilisations et les conflits sont l’œuvre d’agents spéciaux provenant d’ailleurs ? 

Ce sont des questions que plus d’un se pose au regard de la montée des tensions sur le terrain où les groupes armés, pour certains signataires de l’Accord d’Alger, ont récemment déclaré qu’ils se préparent à se défendre militairement contre Bamako. 

Si pour de nombreux observateurs l’attaque du 7 septembre 2023 contre le bateau le “Tombouctou” - “un crime de guerre” selon la Fédération internationale pour les droits humains-FIDH- risque de définitivement enterrer l’Accord.

Bien qu’aucune condamnation de cette attaque n’a été prononcé ni par l’ONU, ni par la Cédéao, l’Algérie ainsi que plusieurs pays comme la Tunisie, l’Iran, le Niger, la Russie, la Mauritanie, ont fermement condamné les attaques terroristes qui ont frappé le Mali jeudi dernier et ont exprimé leur sympathie et leur solidarité face à cette épreuve que lui “impose le fléau terroriste”.  

Deux attaques distinctes simultanées survenues jeudi dernier qui ont coûté la vie à une centaine de personnes, dont des militaires, et ont fait de nombreux blessés ainsi que d’importants dégâts matériels. L’attaque la plus meurtrière a visé un bateau de transport fluvial de passagers qui a été la cible de trois roquettes. Une attaque avec des civils comme cible que de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme comme la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ont condamné comme étant un “crime de guerre”. 

Même si elle a été aussitôt revendiquée par un groupe terroriste, le GSIM d’Iyad Ag Ghali, beaucoup d’observateurs pensent qu’elle a été planifiée et exécutée par des éléments de la Coordination des mouvements de l’Azawad. Elle est en tout cas survenue après que les Forces armées maliennes ont empêché l’aile militaire de la CMA d’occuper le camp libéré par la Minusma à Ber et que celle-ci a menacé de livrer une guerre totale au Mali. Depuis, la CMA s’est beaucoup illustrée par des tirs d’obus et de roquettes sur la ville de Tombouctou. Cet acte criminel, selon de nombreux observateurs, risque ainsi de définitivement enterrer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  

Ce qui est sûr, cette responsabilité a sans doute été au centre des échanges entre le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et l’ambassadeur de la République Algérienne Démocratique et Populaire au Mali qu’il a reçu en audience vendredi dernier (8 septembre 2023). Selon les sources diplomatiques maliennes, les échanges ont essentiellement porté sur les perspectives de l’APR dans un contexte de retrait de la Minusma du Mali. Selon elles, la “centralité” de l’Accord dans la recherche de la paix et de la cohésion nationale a été réaffirmée. 

À cet égard, Abdoulaye Diop a renouvelé “l’engagement du gouvernement malien à faire avancer le processus de paix dans une dynamique nouvelle d’internalisation et d’appropriation nationale en privilégiant le dialogue direct et inter-malien, sans interférences extérieures à la région, mues par des intérêts géopolitiques et des desseins inavoués”.  

Le Chef de la diplomatie malienne a salué “les efforts importants et le rôle majeur” de l’Algérie dans la recherche de la paix au Mali. Mais, de l’avis de M. Diop, il est important de poursuivre les échanges autour des mécanismes de suivi de l’APR en vue de faire “progresser le processus dans l’intérêt supérieur du peuple malien”. Des mécanismes auxquels la CMA s’est soustraite depuis décembre dernier et n’a pas cessé de poser des actes de sabordage de l’APR croyant ainsi mettre la pression sur la République du Mali. 

Le processus de retrait de la Minusma a jeté l’huile sur le feu, car se croyant plus royaliste que le roi, la CMA convoitait le camp de Ber (favorable à ses trafics) et ne compte pas abandonner les bases de Tessalit, de Kidal… au Mali. Nous ne savons pas de quel droit elle peut revendiquer cela. Mais, ce qui est sûr, c’est que le Mali aussi compte pleinement jouer sa souveraineté en récupérant toutes les bases de la Minusma au Mali. 

Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maiga, a également dénoncé la situation dans le nord du Mali. Il a rappelé qu’il y avait une guerre subtile dans laquelle l’armée malienne doit déjouer en permanence les plans de “Services spéciaux de certains États”. 

“Certaines personnes mettent le feu dans le Nord pour que des innocents meurent. Il y a des individus qui sont envoyés par des services spéciaux de certains États pour créer le désordre au Mali. Outre la guerre physique, on doit gagner la guerre communicationnelle. Il y a tout qui se passe au Nord actuellement, c’est véritablement une guerre d’intelligence qui se passe, entre notre armée et les adversaires du Mali. Aujourd’hui dès que l’avion se lève pour aller bombarder des groupes organisés, ils ont toujours des habits civils à porter de main, ils se changent en bergers innocents en 5 min. Et dès que vous les touchez, directement ils disent que l’État malien a commencé à bombarder des populations civiles, des massacres de populations, etc.”  

“Le nord est envahi aujourd’hui d’agents spéciaux. Des spécialistes en guerre, en manipulation, en communication en tout pour embrouiller les Maliens. Mais ils vont nous trouver sur leur chemin !” 
En d’autres termes, après avoir été vaincue au Mali, la France cherche en vain à gagner par la manipulation médiatique. Le Mali est bien décidé à gagner cette guerre pour récupérer sa souveraineté et son intégrité.  

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SOURCE: FRENCH PRESS TV