Le Premier ministre du gouvernement de transition du Gabon, arrivé au pouvoir à la suite du coup d'État du mois dernier, a déclaré qu'un délai de deux ans avant la tenue des élections libres promises par les nouveaux dirigeants militaires du pays était « raisonnable ».
Après le coup d’État du 30 août dernier, le Premier ministre de transition est revenu dimanche 10 septembre sur les prochaines échéances. « Il est bon de partir sur un objectif raisonnable en disant : nous avons le souhait de voir le processus aboutir en 24 mois pour qu'on puisse revenir à des élections », a déclaré Raymond Ndong Sima, ajoutant que cette période pourrait être « légèrement supérieure ou inférieure ».
Raymond Ndong Sima, civil de 68 ans, a été nommé la semaine dernière à la tête du gouvernement de transition par le général Brice Oligui Nguema, qui a dirigé le coup d'État du 30 août contre le président déchu, Ali Bongo Ondimba.
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Ndong Sima a été Premier ministre de Bongo de 2012 à 2014, puis a démissionné et s'est présenté contre lui à la présidence en 2016, et encore une fois dans le cadre d’une coalition d'opposition cette année.
Les militaires putschistes, qui jouissent du soutien d’une très grande majorité de la population et de l’opposition, assurent avoir agi pour « préserver des vies humaines » après une élection frauduleuse et pour mettre fin à la « mauvaise gouvernance » et la « corruption » dont ils accusent le clan Bongo.
Samedi, Raymond Ndong Sima a annoncé la composition de son gouvernement, qui comprend d’anciens ministres du président déchu, des membres de l’ex-opposition et des personnalités de la société civiles auparavant hostiles à Ali Bongo Ondimba et sa famille, qui dirigeait le pays depuis plus de cinquante-cinq ans.
Le général Brice Oligui Nguema, proclamé président de la transition, a promis aussitôt de rendre le pouvoir aux civils par des élections au terme d’une période dont il n’a pas annoncé la durée.
La Charte de transition mise en place par les militaires interdit aux membres du gouvernement provisoire de se présenter aux prochaines élections, Raymond Ndong Sima compris, mais n’exclut pas explicitement que le général Oligui puisse alors briguer la présidence.
Ce dernier a également promis une nouvelle Constitution, qui sera adoptée par référendum et un nouveau code électoral, avec la participation de « toutes les forces vives de la Nation ». « Le principe annoncé » par les militaires, « c’est qu’il n’y a plus ni opposition ni majorité, donc on prend des gens dans toutes les familles politiques », a commenté le Premier ministre.
« Les gens qui vont (…) préparer différents textes discuteront de cet aspect des choses, c’est-à-dire de la durée (de la transition) et de qui est véritablement habilité à se présenter et à ne pas se présenter», a expliqué Raymond Ndong Sima. « Il ne serait pas bon que les militaires se présentent, pour qu’ils soient des arbitres impartiaux et objectifs de l’élection », a-t-il toutefois estimé.
La prise de pouvoir militaire au Gabon était la huitième en trois ans en Afrique de l’Ouest et centrale, et faisait suite à des coups d’État similaires en Guinée, au Tchad, au Niger, au Mali et au Burkina Faso depuis 2020.
Le président déchu du Gabon a été élu en 2009, succédant à son père Omar Bongo, qui a dirigé le pays pendant 42 ans. Le régime familial avait suscité un mécontentement généralisé, les opposants affirmant que les Bongos ne faisaient pas grand-chose pour partager les richesses pétrolières et minières du pays avec ses 2,3 millions d'habitants.
La Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) a suspendu l'adhésion du Gabon au début du mois.