L’ancien ministre britannique des Affaires étrangères a déclaré que Londres devrait enfin reconnaître son rôle, aux côtés des États-Unis, dans le coup d’État de 1953 contre le gouvernement démocratiquement élu du Premier ministre iranien de l’époque Mohammad Mosaddegh.
David Owen a fait ces remarques au journal The Guardian, mardi 15 août, à l’occasion du 70e anniversaire du coup d’État de 1953.
Le coup d’État a été orchestré par l’agence de renseignement britannique MI6 et son homologue américain CIA sous le nom de « Projet TPAJAX » ou « Opération Ajax ».
Il a déclaré : « Il y a de bonnes raisons de reconnaître le rôle du Royaume-Uni avec les États-Unis en 1953 dans le renversement d’un gouvernement démocratique en Iran. Il faut admettre que nous avons eu tort de le faire et que nous avons endommagé les étapes qui se développaient vers un Iran démocratique. »
Richard Norton-Taylor, l’auteur de « The State of Secrecy », un livre sur le renseignement britannique et les médias, a également critiqué le Royaume-Uni pour n’avoir ni admis ni nié son rôle dans le coup d’État de 1953.
« Il est triste, absurde et, en effet, contre-productif pour le gouvernement britannique de continuer à se cacher derrière son mantra séculaire de “ni confirmer ni nier” et de refuser toujours d’admettre le rôle du MI6 dans le renversement de Mosaddegh alors que tant de choses, y compris les documents officiels de CIA, a été révélé à ce sujet pendant tant d’années. »
Les États-Unis ont officiellement reconnu leur rôle dans le coup d’État il y a 10 ans avec la déclassification de documents de renseignement, ce qui a clairement indiqué que le renversement de Mosaddegh était un projet conjoint CIA-MI6.
En août 1953, le coup d’État a déclenché une série d’événements, y compris des émeutes dans les rues de Téhéran, conduisant au renversement et à l’arrestation de Mosaddegh, qui était populaire en Iran pour avoir nationalisé l’industrie pétrolière du pays.
Le coup d’État a permis le retour du monarque pro-occidental, Mohammad Reza Pahlavi, d’exil en Italie et a consolidé son règne pendant les 26 années suivantes jusqu’à la victoire de la Révolution islamique de 1979 sous la direction de l’Imam Khomeiny.
Mosaddegh, qui a été reconnu coupable de trahison par une cour martiale après le coup d’État, a passé trois ans à l’isolement et est finalement mort en résidence surveillée en exil en 1967.
Le coup d’État de 1953, cependant, est toujours évoqué comme une raison de la méfiance des Iraniens envers le Royaume-Uni et les États-Unis.
Les experts disent que le coup d’État avait pour but de s’assurer que la monarchie iranienne protégerait les intérêts pétroliers de l’Occident dans le pays.