La diplomatie française n’apprécie pas du tout que Washington soit ouvert à la négociation avec les nouvelles autorités nigériennes, selon Le Figaro. Paris semble lâché par tous ses alliés sur le dossier.
« Avec des alliés comme ça, on n’a pas besoin d’ennemis ». La boutade semble avoir été remise au goût du jour au Quai d’Orsay, alors que la France se fait doubler sur la question nigérienne par son allié américain, rapporte Le Figaro.
Paris est en effet furieux de voir Washington négocier avec les nouveaux maîtres du pays, après que le président Mohamed Bazoum a été mis hors-jeu. La visite au Niger de Victoria Nuland, numéro trois de la diplomatie américaine, exaspère notamment côté français. Les Américains « ont fait tout le contraire de ce qu’on pensait qu’ils feraient », explique-t-on ainsi au Quai d’Orsay.
Autre pomme de discorde entre la France et les États-Unis : une potentielle intervention militaire, sous l’égide de la Cédéao. Alors que Paris pousse très fort en ce sens, Washington a initialement fermé la porte à un recours à la force, voulant préserver avant tout ses intérêts dans la région. « Il n’y a pas de solution militaire acceptable », déclarait ainsi début août le secrétaire d’État américain, Antony Blinken. Un coup dur pour Paris.
« C’était le coup de trop. Pour Emmanuel Macron, la crédibilité de la France, notamment en termes de discours sur la démocratie, était en jeu. Pour les Américains, même s’ils sont aussi préoccupés par un retour rapide à l’ordre constitutionnel, la priorité, c’est la stabilité de la région », explique ainsi un diplomate français au Figaro.
Le 10 août, Washington a néanmoins déclaré soutenir « pleinement » la décision de la Cédéao d’intervenir militairement dans le pays.
Pour les Américains, le principal enjeu au Niger réside dans la préservation de leurs bases militaires, à Niamey et Agadez, souligne encore le quotidien français. Au total, quelque 1 300 soldats américains sont répartis dans le pays. Un pivot capital américain dans la bande sahélo-saharienne. L’aérodrome d’Agadez permet en particulier de faire décoller les drones américains et de déployer leur réseau de surveillance jusqu’en Libye.
L’abandon de l’allié français constitue une rupture dans la politique étrangère américaine, qui jusque-là avait toujours privilégié sa relation avec Paris à ses intérêts au Sahel, explique pour sa part au Figaro Michael Shurkin, chercheur associé à l’Atlantic Council. Mais la France semble vraiment être devenue le mouton noir en Afrique de l’Ouest.
Les autres alliés traditionnels de Paris sont aussi bien discrets sur le dossier nigérien. Ni l’Allemagne, ni l’Italie, ni la Belgique n’ont pour l’heure remis en cause les exigences des nouvelles autorités, notamment lorsqu’elles demandent un retrait militaire français du pays. Berlin a en particulier besoin du Niger pour organiser son propre retrait du Mali, alors que Rome veut éviter une nouvelle crise migratoire, souligne Le Figaro.