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Zoom Afrique du 14 août 2023

Zoom Afrique du 14 août 2023

Les titres de la rédaction :

  • L'Afrique du Sud et la Chine signent des accords commerciaux d'une valeur de 2,19 milliards $
  • Malawi : les ventes de tabac ont généré des recettes en hausse de 55 % à 282 millions $ en 2023
  • Burkina Faso : les groupes français Meridiam et AMP perdent définitivement la concession de l’aéroport de Donsin
  • Fer de Simandou : Rio Tinto et WCS signent les accords de construction du chemin de fer et des infrastructures portuaires

Les analyses de la rédaction :

1. Burkina : dénonciation des accords de coopération économiques et financiers avec la France 

Après avoir suivi avec grand intérêt la suspension de l’aide au développement français au profit du Burkina Faso, le mouvement « Le Faso, Ma Patrie » dit soutenir fermement le capitaine Ibrahim Traoré et son gouvernement dans leurs engagements de décolonisation du pays et partant de toute l’Afrique. 

Par conséquent, le mouvement invite le gouvernement dans le communiqué ci-dessous à dénoncer les accords de coopération économiques et financiers entre la France et le Burkina Faso et à mettre fin aux interventions des experts français dans l’administration. 

Le mouvement estime aussi nécessaire de mettre un terme aux accords relatifs à la culture, la santé et l’éducation entre l’État français et le Burina Faso.

Le Mouvement « Le Faso, Ma Patrie » a suivi avec grand intérêt le ministère français des Affaires étrangères qui a annoncé le dimanche 6 août 2023 la suspension par la France, jusqu’à nouvel ordre, de toutes ses aides au développement et d’appui budgétaire au Burkina Faso. 

Tout porte à croire que le discours patriotique du président de la Transition à la faveur du sommet Russie-Afrique et le ferme engagement du Burkina Faso et du Mali à soutenir les élites militaires patriotes du Niger, qui sonnent le glas de la politique française au Sahel, tourmentent sévèrement la France. Le Mouvement « Le Faso, Ma Patrie » soutient fermement le Capitaine Traoré et le Gouvernement dans leurs engagements de décolonisation du Burkina Faso et partant de toute l’Afrique. 

Cette attitude de la France vient confirmer à n’en point douter que son aide est un de ses instruments impérialistes qui visent à maintenir les pays africains dans la dépendance. 

Au demeurant, l’aide dite « aide au développement » ne sert que les intérêts de la France au détriment des paisibles populations burkinabè et est la source des revers économiques conduisant à la paupérisation. Du reste, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU du 4 octobre 1984, feu le président Thomas Sankara annonça avec véhémence : « Nous encourageons l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide. Mais en général, la politique d’assistance et d’aide n’a abouti qu’à nous désorganiser, à nous asservir, et à nous déresponsabiliser dans notre espace économique, politique et culturel. Nous avons choisi de risquer de nouvelles voies pour être plus heureux. » 

Le Mouvement Le Faso, Ma Patrie invite donc le gouvernement de la Transition à se passer de l’aide de France et à : dénoncer les accords de coopération économiques et financiers entre la France et le Burkina Faso ; 
mettre fin aux interventions des experts français dans l’administration ; 
mettre fin aux accords relatifs à la culture, la santé et l’éducation entre l’État français et le Burina Faso. 

En tout état de cause, la souveraineté étant une quête non négociable, le vaillant peuple du Burkina Faso est prêt en toute circonstance à payer le prix fort. 
Comme c’est le nouveau mot d’ordre au Burkina Faso, la Patrie ou la mort, nous vaincrons !

2. Mali-France : œil pour œil ! 

Entre Bamako et Paris, l’escalade se poursuit. Les autorités françaises viennent de décider de suspendre la délivrance de visas pour les ressortissants maliens. En réponse, les autorités maliennes ont immédiatement répliqué en prenant une mesure similaire à l’encontre des ressortissants français. Entre l’Elysée et Koulouba c’est désormais l’application stricte de la loi du Talion : œil pour œil, dent pour dent…    

En effet, la brouille diplomatique prend une nouvelle tournure. La France et le Mali ont suspendu la délivrance de visas aux ressortissants de l’autre pays par leurs services consulaires respectifs à Bamako et à Paris. 

La France a suspendu en début de semaine la délivrance de ces visas après avoir placé tout le Mali, y compris Bamako, en zone rouge « formellement déconseillée » aux voyageurs, a-t-on appris de source diplomatique. La capitale malienne se trouvait auparavant en zone orange, « déconseillée sauf raison impérative ». 

« Dans le contexte actuel de fortes tensions régionales, tout déplacement au Mali est formellement déconseillé. Les ressortissants français au Mali sont appelés à la plus grande vigilance », indique le ministère français des Affaires étrangères sur internet dans une mise à jour de ses conseils par pays datée du 7 août 2023. 

« Cette modification entraîne une réorganisation des services de l’ambassade de France à Bamako, qui ne pourra dès lors plus délivrer de visas jusqu’à nouvel ordre », indique sur son site internet Capago, prestataire traitant les demandes de visa en amont avant l’instruction des dossiers par les services français. 

La réaction des Autorités maliennes est tombée immédiatement. En effet, le ministère des Affaires étrangères a indiqué, dans un communiqué, avoir appris « avec surprise » le classement de tout le Mali en zone rouge. Ainsi, en application de la réciprocité, le département a décidé de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, la délivrance de visas aux ressortissants français par les services diplomatiques et consulaires du Mali en France. 

Ces deux mesures prises à Paris et à Bamako traduisent l’étendue de la détérioration des rapports entre les deux pays. 

De la rupture des Accords de défense entre la France et Mali, en passant par l’expulsion des forces françaises de l’opération Barkhane, également à l’expulsion de l’ambassadeur français au Mali… Les relations entre les deux pays n’ont cessé de se dégrader au fil des mois. Paris est de plus en plus indésirable au Sahel.  

3. La présence militaire française bientôt illégale au Niger 

Suite à des comportements douteux de la France sur le sol nigérien, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a rappelé aux autorités françaises que le temps qui leur avait été accordé pour quitter le pays était en train de s’écouler. 

Le délai signifié au contingent militaire français au Niger pour quitter le pays sera bientôt écoulé, a déclaré le 11 août le colonel Amadou Abdramane, porte-parole du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). 

« Les FDS et le peuple nigérien sont mobilisés et déterminés à faire échec à toute entreprise de déstabilisation, aussi ils rappellent que non seulement l’État du Niger a dénoncé dans le communiqué N°19 du 3 août tous les accords de défense et de sécurité qui ont été signés entre le Niger et la France, mais également que depuis cette date, les délais accordés aux armées françaises pour quitter le territoire nigérien conformément à ces accords sont en train de courir », indique-t-il dans une allocution vidéo partagée sur les réseaux sociaux. 

Le CNSP avait déclaré le 9 août qu’un avion de transport militaire de l’armée française avait sciemment coupé tout contact avec les aiguilleurs du ciel nigériens avant de survoler le pays durant des heures. 

« Le 9 août à 22h30, un avion militaire de type A401 a tenté d’atterrir à Arlit sans plan de vol préétabli en coupant une fois encore tous les moyens de communication et de suivi […]. Le CNSP, le gouvernement de transition et les forces de défense et de sécurité fustigent ce manque de transparence et cette duplicité qui consistent à détourner une demande d’autorisation de survol accordée par les autorités nigériennes pour poser des actes attentatoires à la sécurité du Niger », avait-il précisé. 

Selon Abdramane, la répétition de ces actes et la persistance de ce comportement inacceptable prouvent à suffisance que les forces françaises ne respectent aucune règle et qu’elles ont plutôt un agenda caché. 

Le 11 août, le journal français L’Opinion relatait que la France avait décidé de « retirer une quarantaine de soldats » stationnés dans le nord du Niger pour les envoyer dans la capitale tchadienne de N’Djamena. 

Selon l’édition, le commandant du contingent français, le général Éric Ozanne, en avait informé le nouveau chef d’état-major des forces armées du Niger, le général de brigade Moussa Salaou Barmou. 

Le général Barmou a accepté le retrait de l’unité, mais a fait remarquer à son homologue français que les forces armées nigériennes ne pouvaient pas garantir la sécurité des biens laissés sur place, malgré la demande du commandant français, rapportait L’Opinion. 

De son côté, la CEDEAO s’est de nouveau tiré une balle dans le pied 

Jeudi, au sortir de son sommet d’Abuja, la CEDEAO a encore surpris tout le monde et donné raison à ses détracteurs. Cela, lorsqu’elle a annoncé l’activation immédiate de sa force d’intervention pour extirper l’ancien président nigérien, Mohammed Bazoum des mains du CNSP, en vue de le rétablir dans ses fonctions. A part eux-mêmes, donc quelques Chefs d’État, cette annonce n’a pas été du goût du grand nombre de l’opinion publique, des observateurs et dirigeants de la sous-région ainsi que du Parlement même de ladite organisation communautaire. Encore une fois, la CEDEAO vient de se ridiculiser à cause de ses menaces inutiles et chimériques. 

Après le coup de force du 26 juillet au Niger, toutes les attentions étaient braquées sur ce qui va être la conduite à tenir de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. Ce, pour savoir si les Chefs d’État de cette organisation sous régionale vont mesurer les enjeux et les risques que de telles situation pouvait engendrer en cas de mauvais diagnostic de leur part. À savoir, s’ils vont cette fois-ci privilégier la raison. Malheureusement encore une fois, ces dirigeants qui assurent les destinées de cette organisation ont réédité et aggravé leurs erreurs des cas précédents en privilégiant le bâton à la carotte, sans comprendre que le contexte actuel de la sous-région ne sied plus à de telles postures. Ainsi, la mort dans l’âme de voir un des leurs (celui qui prétendait être le grand défenseur des intérêts français en Afrique de l’Ouest) tomber de son piédestal, ils ont à la hâte brandi la menace d’intervention militaire le 30 juillet. Et sans manquer de lancer un ultimatum de sept jours aux protagonistes du CNSP pour remettre Bazoum à sa place. 

Une décision qui n’a produit autre que son effet contraire. Elle a permis de donner une soudaine popularité aux militaires et susciter la solidarité des pays voisins, notamment le Burkina Faso et le Mali en faveur du Niger. De même que la classe politique nigérienne dans sa majorité. 

Auréolés de cette popularité, les actuels hommes forts de Niamey ont même répondu par un pied de nez à la visite d’une délégation des émissaires de la CEDEAO envoyés pour être reçus par les autorités nigériennes. 

De l’autre côté, sans tirer les conséquences de leur annonce de va-t’en guerre, les Chefs d’État de la Cedeao ont convoqué un autre sommet à Abuja, le jeudi 10 août, toujours sur la situation au Niger. Comme d’habitude celui-ci aussi fut sanctionné par des mesures graves à l’encontre du Niger et la réaffirmation dans un délai immédiat d’une intervention militaire, en cas d’échec de la voie diplomatique. 

Pour enfoncer le clou, le rôle dévolu à cet effet aux présidents du Nigéria, Bola Tinubu et de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, ont constitué à faire des déclarations sur fond de menaces d’intervention militaire afin de réinstaller Bazoum dans son fauteuil de Président du Niger. À cet effet, ils ont même annoncé la structuration de la force qui doit intervenir avec l’identification du nombre respectif des pays mobilisateurs de militaires (Nigéria, Côte d’Ivoire et Bénin). « Nous sommes déterminés à réinstaller le président Bazoum dans ses fonctions », a clamé fort le Président Ouatarra. Malheureusement, ces menaces téléguidées depuis l’occident pour une fois ont été sanctionnées d’un désaveu cinglant. 

Le Président Eyadema du Togo (selon Confidentiel Afrique) aurait refusé l’utilisation de l’espace aérien de son pays dans le cadre de cette opération. 

La réunion des chefs d’État majors des pays devant se tenir à Accra samedi pour peaufiner les derniers réglages de cette intervention fut reportée sinedie. Comme si cela ne suffisait pas, une institution légitime de cette organisation, le Parlement de la CEDEAO a tenu une session extraordinaire virtuelle, le samedi 12 août, sur la situation politique au Niger. A l’issue de la rencontre, les députés communautaires se sont opposés à une éventuelle intervention militaire au Niger, tel envisagé par les chefs d’État. Il a prôné le dialogue et la négociation avec les nouvelles autorités militaires du Niger. Et demander la mise en place d’un comité de médiation. Pour finir, les parlementaires de la communauté ouest africains ont plaidé en faveur de la levée de certaines sanctions, notamment la fermeture des frontières et la suspension de l’approvisionnement en électricité par le Nigeria, qui selon eux, font souffrir plus les populations. 

Toujours lors de cette session du Parlement de la CEDEAO ont annoncé que sur les 21 interventions enregistrées, 18 voix étaient contre une quelconque intervention militaire au Niger, 2 pour et une sans avis sur la question. 

En somme, ce qui reste évident relève du fait que les menaces « ’inutiles »’ de certains Chefs d’État de la CEDEAO à chaque évènement dans un pays ne feront qu’envenimer la situation, légitimer ceux qui sont indexés et accentuer la disparité entre les États. Le savent-ils ? 

Sans l’appui militaire de la France, qui se fait chasser du pays pour se baser au Tchad, comment la CEDEAO comptait-elle réaliser une attaque militaire au Niger, alors que Niamey bénéficie du soutien de ses voisins malien, burkinabé, algérien et guinéen ? 

Car effectivement, il est important de rappeler que lors des interventions militaires occidentales en Libye pour assassiner Kadhafi, ou encore en Côte d’Ivoire pour déloger Laurent Gbagbo, les pays aux alentours étaient maintenus dans le silence. Par rapport au Niger, la donne à changer, les pays voisins ne sont pas restés dans le silence et ont bel et bien mis en garde contre une éventuelle attaque militaire contre leur voisin. Face à des pays divisés, la France et ses alliés occidentaux pouvaient faire ce qu’ils voulaient, mais maintenant, ils ont affaire à un bloc de pays qui sont prêts à en découdre contre l’impérialisme. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV