Par Syed Zafar Mehdi
Les jeunes immigrés français sont confrontés à des niveaux alarmants de ségrégation ainsi qu'à la surveillance et au mépris de l'État de sécurité, déclare un éminent journaliste et réalisateur de documentaires.
Dans une interview accordée au site anglais de Press TV, Max Blumenthal, journaliste, auteur et cinéaste basé aux États-Unis, dit qu'il est « familier » avec les conditions auxquelles sont soumis les jeunes immigrés français, en tant que co-auteur d'un documentaire de 2015 sur le racisme structurel et l'islamophobie en France, « Je Ne Suis Pas Charlie ».
« Je Ne Suis Pas Charlie » a été réalisé par Blumenthal et James Kleinfeld après leur voyage à Paris en été 2015 et après une enquête menée auprès d’un échantillon représentatif d'habitants de Paris pour examiner le niveau de racisme et d'islamophobie dans la capitale française à la suite de l’attaque contre le magazine Charlie Hebdo.
Le débat sur le racisme structurel en France a été relancé à la suite du meurtre d'un adolescent par la police française la semaine dernière, un incident qui a déclenché des manifestations de colère généralisées dans tout le pays.
Nahel, 17 ans, a été abattu à bout portant par la police française dans la banlieue parisienne de Nanterre, un crime filmé et largement diffusé en ligne, entraînant des manifestations et des appels à la justice dans tout le pays.
La police française a allégué que le garçon tué avait commis des infractions au code de la route, mis en danger des piétons et conduit sans permis. Les preuves, cependant ne confirment pas les affirmations et soulignent surtout l'innocence de Nahel.
Blumenthal a quant à lui affirmé que la dernière série de manifestations violentes avait été déclenchée par « l'indignation légitime face à un autre acte de répression de l'État » en ajoutant que d’après lui, « il y a peu d’aspiration politique parmi les jeunes dans les rues », une aspiration qui pourrait motiver des révoltes contre les agents de l’Etat.
Blumenthal a par ailleurs expliqué : « Déjà, Le Pen et l'extrême droite ont été renforcés alors que Macron lui-même a été affaibli ; aussi, c'est une aubaine pour les services de sécurité et la police », sous-entendus racistes.
« Il va sans dire que les forces de gauche anti-Macron rassemblées autour de Mélenchon seront considérablement affaiblies alors que la bourgeoisie française réclame l'ordre public. »
D'un point de vue international, a-t-il ajouté, la « déstabilisation sociale » en France « révèle l'hypocrisie évidente des éléments transatlantiques qui ont salivé devant la brève rébellion armée du chef wagnérien Yevgeny Prigozhin en Russie, aspirant à ce que ce pays sombre dans une guerre civile sanglante ».
« Les réseaux câblés américains et les journaux grand public qui ont consacré des journées de couverture ininterrompue à Prigozhin traitant la descente de la France dans l'anarchie comme une affaire banale et une couverture enterrée au bas de leurs sites Web », a noté Blumenthal.
Pendant ce temps, le président Macron doit rencontrer ce lundi les dirigeants des deux chambres du Parlement français alors que les manifestations font rage à travers le pays à propos du meurtre de l'adolescent de confession musulmane, Nahel, par la police française.
Selon les médias français, la police n'a procédé qu'à 49 arrestations dimanche contre 719 samedi et 1 300 vendredi. Or, les manifestants en colère continuent d'appeler à la justice contre la brutalité policière en France.