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Zoom Afrique du 7 juin 2023

Zoom Afrique du 7 juin 2023

Les titres de la rédaction :

  • La Chine approuve officiellement les importations d’agrumes depuis le Zimbabwe
  • Ghana : la Bourse des produits de base veut entamer le négoce de la noix de cajou
  • Afrique du Sud : l’usine pilote du projet de terres rares Phalaborwa entrera en service au troisième trimestre 2023
  • Ouganda : l'Etat construira 159,5 km de routes dans le cadre du Parish Development Model

Les analyses de la rédaction :

1. Soudan: un conflit déjà oublié ? 

La guerre au Soudan intéresse encore les médias du monde entier. Mais depuis le début du conflit, la couverture médiatique semble de moins en moins importante. Que faut-il faire pour que le Soudan ne tombe pas dans l’oubli ? 

Tchad, Soudan du Sud, Égypte… Des centaines de Soudanais fuient encore et toujours le Soudan. Mais dans les journaux, l’euphorie médiatique des débuts de la guerre a laissé place à des articles de plus en plus éparses. Pourtant, le conflit risque bien de reprendre de façon encore plus violente dans les heures à venir, après l’échec des pourparlers entre les deux camps. Et avec les violences, c’est toute une population qui risque le pire : « Toute la sécurité alimentaire du pays et de ses environs » est menacée, selon l’Organisation arabe pour le développement agricole. 

Mais entre la crise au Tigrée et celle au Soudan du Sud, on imagine aisément que la guerre soudanaise tombera dans l’oubli dans quelques mois… À l’est du pays, le silence médiatique a, longtemps, été assourdissant. Et ce malgré les milliers de victimes et de déplacés dans le Darfour. Au sud également. Il y a deux ans, la mission onusienne de l’UNOPS estimait que « la crise des réfugiés au Soudan du Sud est largement oubliée ». 

L’association CARE, qui lutte contre les inégalités, recense chaque année « les crises humanitaires oubliées » en analysant des milliers de données. Et force est de constater que l’Afrique intéresse de moins en moins les médias internationaux — même si ceux-ci sont en guerre. « Pour la première fois depuis la publication de ce rapport, ces 10 crises les moins médiatisées se situent toutes en Afrique », déplore CARE. 

L’association veut « inviter le public et les médias à réfléchir leurs choix, dans ce qu’ils décident de mettre à la une ou dans l’information qu’ils consomment. Car d’une certaine manière, nous avons toutes et tous notre rôle à jouer ». Et les conséquences de l’oubli sont terribles. En République centrafricaine, en Éthiopie ou encore en RDC, la guerre fait rage et les pays sont généralement obligés de se débrouiller seuls, ou avec des unités onusiennes dont les populations réclament leur départ de leur territoire. En parler, c’est provoquer une arrivée massive d’aides : l’escalade du conflit en Ukraine, indique l’ONG, « a été énormément relayée par les médias, ce qui a entraîné un élan de générosité incroyable ». 

Pour les populations soudanaises, mieux vaut donc que le conflit qui oppose Dogolo et al-Burhane soit médiatisé le plus longtemps possible. Car si les combats ont déjà fait plus de 1 800 morts et 1,5 million de réfugiés et de déplacés, le bilan ne pourra que s’alourdir à l’avenir. Que faut-il espérer pour que les images du Soudan soient toujours à la une des journaux ? La communauté internationale a un rôle à jouer. On l’a vu : à chaque fois qu’elle n’a pas réussi à être active pour résoudre des conflits, ces derniers sont tombés dans l’oubli.

2. L’UA se range derrière le Mali ? 

Le colonel Azali Assoumani, président de l’Union des Comores et président en exercice de l’Union africaine (UA) soutiendra toute décision souveraine de l’État et du peuple malien a déclaré, lundi depuis Bamako, Hamada Madi, ancien Premier ministre, conseiller diplomatique du président comorien. 

Hamada Madi, porteur d’un message du président comorien, s’exprimait à sa sortie d’audience avec le colonel Assimi Goïta, président de la Transition au Mali. 

Hamada Madi a indiqué que « le Président en exercice de l’Union africaine, Azali Assoumani, s’apprête à effectuer une visite au Mali probablement après le référendum en vue, d’une part, de constater les derniers développements de la situation dans ce pays, notamment la montée en puissance des forces armées de défense et de sécurité. D’autre part, il s’agira pour lui d’encourager les autorités maliennes ainsi que le peuple malien, dans la nouvelle dynamique enclenchée dans le pays ». 

« Après le Mali, le président en exercice visitera le Burkina Faso et la Guinée. D’ailleurs, je suis en mission dans ces capitales pour discuter de la même chose. Comme vous le savez l’un des grands principes de la démocratie ce n’est pas de s’immiscer dans les affaires internes des Etats. C’est aux Maliens de décider pour le bien de leur pays. Evidemment, le président en exercice de l’Union Africaine soutiendra toute décision souveraine de l’Etat malien et du peuple malien », a déclaré le diplomate comorien. 

« J’ai trouvé un interlocuteur très ouvert, très compréhensif et très déterminé. Je ne manquerai pas de le souligner auprès du président de l’Union africaine », s’est réjoui Hamada Madi. 

Pour rappel, l’Union africaine avait annoncé la suspension du Mali de ses structures, le 1er juin 2021, suite au coup d’Etat du 24 mai 2021, lorsque le colonel Assimi Goita avait arrêté le président Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane. 

La levée des sanctions infligées au Mali avait été conditionnée par le retour du pouvoir à des autorités civiles. 

Le Mali, dans le cadre de sa transition, organise un référendum constitutionnel le 18 juin courant.

3. L’ONU doit quitter l’Afrique ! 

Les Maliens ne veulent plus de la Minusma. Au moment où Bamako renforce sa propre capacité défensive qui se traduit par des succès sur le terrain face aux groupes terroristes et où le pays continue de faire face à une pression de nombre de régimes occidentaux – cette volonté populaire semble plus que jamais justifiée. 

Plusieurs milliers de Maliens ont manifesté dans la capitale malienne Bamako pour réclamer le départ de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma). A l’appel du M5-RFP, parti du Premier ministre de transition Choguel Maïga, du Mouvement de la société civile Yèrèwolo (hommes dignes), Debout sur les Remparts et une trentaine d’associations, des milliers de personnes se sont ainsi rassemblées jeudi dernier au Palais des sports de Bamako pour exiger le départ de la mission onusienne. 

Pour Sidiki Kouyaté, porte-parole du mouvement, la Minusma doit partir dès maintenant – n’étant plus utile pour le Mali, car c’est une fabrication française, dirigée par des militaires hexagonaux et certains de leurs alliés. Une fabrication qui continue d’entretenir la guerre et la peur au Mali, ainsi que de soutenir les terroristes. 

Dans leur discours, les leaders de la manifestation ont également vivement critiqué le dernier rapport de l’ONU sur le massacre perpétré en mars 2022 contre la population civile dans la ville de Moura, située dans la région centrale de Mopti. Un rapport qui accuse les Forces armées maliennes (FAMA) et des soldats étrangers. 

En dehors des autorités et de la société civile du Mali, la présence de la Minusma est indésirable y compris pour d’anciens cadres du gouvernement, à l’image de l’écrivaine et ancienne ministre malienne Aminata Dramane Traoré, qui considère que la France – comme la Minusma – se sont invitées toutes seules au Mali. Et que la force onusienne participe à l’instar de l’ancienne puissance coloniale et d’autres régimes occidentaux – à un combat géopolitique contre son pays qui se bat pour sa dignité. Pour elle – la Minusma doit simplement suivre Barkhane (l’opération militaire française ayant duré plus de 8 ans en terre malienne et terminée en novembre dernier, ndlr). 

De manière plus générale, l’opinion largement entendue de la nation malienne rejoint l’analyse de certains médias qui traitait le problème de la présence des forces onusiennes dans le cadre des missions dites de paix, plus particulièrement sur le continent africain. Notamment les questions d’un manque flagrant d’efficacité de ces missions dans leur rôle annoncé de « stabilisation ». Et d’autre part – l’affiliation des divers secrétariats onusiens à l’establishment occidental, avec tout ce que cela implique – ce qui représente un énorme défi jusqu’à ce jour pour les pays concernés et toute la véritable communauté internationale. 

Comme également rappelé précédemment – le fait que lorsque cet establishment occidental n’est aucunement intéressé par la résolution des défis sécuritaires dans tel ou tel pays, notamment d’Afrique, il en va de son intérêt à faire prolonger les conflits autant que possible. Et ce aussi bien dans un but géoéconomique que géopolitique. Et compte tenu de cela, il est évident que lorsqu’un citoyen d’un pays occidental, ou simplement affilié à l’Occident collectif, est nommé responsable de missions de stabilisation et de maintien de la paix – il ne fera qu’appliquer ce pourquoi il a été adoubé par l’élite pour laquelle il est au service. 

D’où par la même occasion le mécontentement à peine voilé des structures citées quant à l’arrivée d’autres acteurs qui obtiennent des résultats notables en un espace de temps rapide. Et d’où les fameux « rapports » des diverses structures onusiennes proches de l’Occident en vue de condamner les actions des autorités des pays concernés et de leurs alliés non-occidentaux. 

Encore une fois et en ce qui concerne les pays d’Afrique – il semble aujourd’hui de plus en plus évident que les Minusma, Minusca, Monusco et autres – n’ont plus leur place dans la résolution des défis sécuritaires dans les Etats concernés. Surtout au vu des événements des quelques dernières années, lorsque l’Occident politique & affiliés n’arrivent plus à voiler les succès des acteurs de l’espace non-occidental, des succès obtenus en coordination avec les nations africaines. 

Quant à l’approche encore plus mondiale – il faudrait revenir effectivement une fois de plus à la question d’une très large réforme de la machine onusienne, à défaut de passer à d’autres actions parmi les puissances des BRICS et les nations du Sud global. Cela passe incontestablement par une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU – en direction des pays non-occidentaux, représentant l’écrasante majorité planétaire. Une perspective que les membres permanents que sont la Russie et la Chine soutiennent. 

Et d’autre part – faire libérer les différents secrétariats et structures de l’ONU de cadres qui se maintiennent à leurs postes uniquement en raison de leurs citoyennetés occidentales ou de leur affiliation à l’Occident. Surtout lorsqu’on sait que la Chine fait partie des principaux contributeurs financiers des Nations unies, de même que d’autres nations non-occidentales. Cela sans même de nouveau rappeler les réalités démographiques, géopolitiques et géoéconomiques du monde contemporain multipolaire.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV