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Iran : le missile hypersonique Fattah, gage de sécurité pour la région

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Par Ghorban-Ali Khodabandeh

Le missile hypersonique Fattah, le dernier exploit stratégique de la Force aérospatiale du Corps des gardiens de la Révolution islamique, CGRI, a été dévoilé, mardi 6 juin, en présence du président iranien Ebrahim Raïssi, du commandant en chef des Gardiens de la Révolution, le général de division Hossein Salami et du commandant de la Force aérospatiale du CGRI, le général Amir-Ali Hajizadeh.

« Nous devrions remercier Dieu pour cette grande réalisation », car « elle rendra le pays plus fort », s’est félicité le président iranien Ebrahim Raïssi, lors de la cérémonie de dévoilement du premier missile balistique hypersonique. Cet engin devrait renforcer « le pouvoir de dissuasion » de l'Iran, ce « qui apporte la sécurité et une paix stable aux pays de la région », a-t-il estimé.

Baptisé « Fattah » (le Conquérant) par le Leader de la Révolution islamique –, ce missile a une portée de 1 400 kilomètres et peut atteindre une vitesse comprise entre 13 à 15 fois la vitesse du son.

Capable de manœuvrer à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de l'atmosphère terrestre, il « traverse tous les systèmes de défense antimissile », assure le général Amir Ali Hajizadeh, commandant de la Force aérospatiale des Gardiens de la Révolution (CGRI). « Avec ce dévoilement, l'Iran est devenu l'un des quatre pays à disposer de cette technologie », s’est-il félicité, en référence au club restreint des nations disposant de missiles hypersoniques.

Fin mai, le commandant en chef du CGRI avait déclaré que le parachèvement de ce premier missile hypersonique iranien marquerait un « saut générationnel significatif » dans la conception de missiles. Une annonce qui intervenait quelques jours après que Téhéran a dévoilé la dernière version de son missile balistique Khorramshahr. Appelé Kheibar, il est capable de délivrer une ogive d’1,5 tonne jusqu’à 2 000 kilomètres de distance.

Les missiles hypersoniques se classent dans des armes et équipements les plus récents produits et sont utilisés aujourd'hui par des pays comme les Etats- Unis, la Russie et la Chine.

Les armes hypersoniques sont en développement dans le monde entier en raison de leur vitesse et de leur maniabilité exceptionnelles. Leur capacité à voler à des vitesses supersoniques et à manœuvrer de manière imprévisible les rend extrêmement difficiles à intercepter par les systèmes de défense antimissile traditionnels.

Ces missiles ont été utilisés pour détruire des cibles situées à de grandes distances ou des cibles qui doivent être détruites rapidement. Les chasseurs stratégiques tels que le B-52 et les systèmes de défense antimissile à longue portée font partie de ces cibles.

Selon le journal israélien Yedioth Ahronoth, il est impossible d’intercepter ce genre de missile supersonique via le Dôme de fer. Un missile hypersonique, c'est une arme conçue pour voler et atteindre sa cible à une vitesse supérieure à environ cinq fois la vitesse du son – une vitesse énorme, combinée à des capacités de navigation avancées, qui rendent les missiles très difficiles à intercepter.

Selon Maariv, le dévoilement de ce missile est « un message latent à Israël sur fond de menaces récentes de bombarder les installations nucléaires iraniennes ».

Le journal a rappelé que l’Iran avait dévoilé à la fin du mois passé un missile balistique baptisé Kheibar, issu de la quatrième génération des missiles Khorramchahr. D’une portée de 2000 km, l’une de ses caractéristiques est qu’il peut être télécommandé et téléguidé durant sa trajectoire en dehors de l’atmosphère. Une caractéristique qui rend le missile complètement à l’abri des attaques de guerre électronique.

Les médias étrangers ont alors évoqué la possibilité d'une escalade de tensions entre Téhéran et Washington en raison de l'opposition des États-Unis et des pays européens au développement du programme balistique de la République islamique. Citant des experts occidentaux, ils ont même écrit que l’Iran exagérait ses capacités balistiques.

De nombreux médias étrangers, en particulier ceux affiliés aux pays occidentaux, se sont servis de la nouvelle du dévoilement du missile hypersonique Fattah comme d’un prétexte pour reléguer au second plan l'accord nucléaire conclu entre l’Iran et l'Agence internationale de l'énergie atomique. « Parallèlement à la montée de tension entre Téhéran et Washington au sujet du programme nucléaire iranien, la République islamique a dévoilé son premier missile hypersonique de fabrication locale », ont-ils alors rapporté. 

L’acquisition d’un tel missile est d’autant plus importante qu’elle permettra à l'Iran de contrer le système de défense aérienne intégrée que les Américains envisageaient de créer dans la région.

En juillet 2022, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, avait annoncé que Washington cherchait à former un système de défense aérienne intégrée dans la région. « Nous continuons à travailler sur les capacités de défense intégrées, car, comme vous le savez, toute la région est préoccupée par l'Iran et ses capacités balistiques croissantes », avait-il alors affirmé.

Un peu plus tard, Reuters a annoncé dans un rapport que cette idée reposait sur la technologie israélienne et que les États-Unis, en créant un pacte de défense entre certains pays de la région et Israël sous forme d’une Otan arabe et en reliant leurs systèmes de défense aérienne les uns aux autres, cherchaient à faire face à ce qu’ils appelaient les menaces de roquettes, de missiles et de drones iraniens.

Cependant, les développements survenus ces dernières années dans les guerres entre les alliés de l'Iran et les sbires des Etats-Unis dans la région montrent que les systèmes de défense aérienne américano-sionistes ont échoué face aux drones, missiles et roquettes du front de résistance. A vrai dire, bien qu’ils aient connu un certain succès au niveau tactique, ils n’ont pas été en mesure de contrer les capacités du front de résistance au niveau stratégique et de le forcer à changer sa stratégie dans ce domaine.

Ceci étant dit, les alliés de l'Iran dans la région d'Asie occidentale semblent avoir appris à contrecarrer les systèmes de défense aérienne américains et israéliens. Bien qu’il n’ait pas été officiellement annoncé de la part des responsables iraniens, Téhéran aurait fourni son expérience à ses alliés au sein de l’axe de la Résistance. Les entraînements qui s’effectuent lors des manœuvres des forces armées iraniennes, en particulier le CGRI, sont très similaires à ceux des forces de résistance.

L’expérience des guerres des dernières années montre que l'Iran et ses alliés dans la région ont inventé de nouvelles méthodes visant à faire face aux systèmes de défense de la partie adverse. Paradoxalement, c’est le front de la Résistance qui a réussi à contraindre ses ennemis à changer leur stratégie face à ses capacités de missiles et de drones. Un regard rétrospectif permettrait de conclure que la nouvelle approche américaine sera vouée à l’échec, à l’instar des précédentes stratégies défensives du tandem américano-israélien dans la région. L’on s'attend donc à ce que l'Iran et ses alliés puissent traverser facilement les systèmes de défense de l'ennemi lors des prochaines guerres. 

Ghorban-Ali Khodabandeh est journaliste et analyste politique iranien basé à Téhéran.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV