Le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi a affirmé que des progrès avaient été obtenus dans la mise en œuvre d’une déclaration conjointe avec l’Iran visant à accélérer le règlement des problèmes de garanties toujours en suspens.
« Malgré les progrès, un processus soutenu et ininterrompu est pourtant toujours nécessaire », a affirmé le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, lors de son discours inaugural, lundi 5 juin, devant le Conseil des gouverneurs à Vienne, alors qu’il présentait son dernier rapport sur la vérification et la surveillance en République islamique d’Iran à la lumière de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies.
« Dans ce rapport, vous verrez que le processus de mise en œuvre de la déclaration conjointe a commencé et que des progrès ont été réalisés, mais pas autant que je l’avais espéré », a-t-il déclaré.
À la fin de la visite de deux jours de Grossi à Téhéran en mars, l’Iran et l’AIEA ont publié une déclaration conjointe dans laquelle les deux parties ont reconnu que des engagements positifs bilatéraux peuvent ouvrir la voie à des accords plus larges entre toutes les parties.
Les deux parties ont convenu que les interactions bilatérales se dérouleraient dans un esprit de collaboration et en pleine conformité avec les prérogatives de l’AIEA et les droits et engagements de l’Iran sur la base de l’accord de garanties généralisées.
Dans son discours de lundi, le chef de l’agence nucléaire de l’ONU a fait part d’une augmentation des réserves d’uranium enrichi iraniennes de plus d’un quart en trois mois.
« Cela inclut son stock d’uranium enrichi jusqu’à 20 % en U-235, qui approche une demi-tonne, et son stock d’uranium hautement enrichi - enrichi jusqu'à 60 % en U-235 - qui dépasse largement les 100 kg », a précisé Grossi.
En décembre dernier, le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, a annoncé que l’enrichissement d’uranium du pays avait officiellement atteint le niveau de pureté de 60 % conformément à une loi ratifiée en décembre 2020 au sein du Parlement iranien afin d’accélérer le développement du programme nucléaire pacifique du pays.
En février 2023, Kamalvandi a rejeté un rapport des médias occidentaux selon lequel l’Iran aurait enrichi de l’uranium à des niveaux supérieurs à 60 % de pureté. Il a affirmé que la seule découverte de particules d’uranium sporadiques enrichies au-delà de 60% de pureté pendant le processus d’enrichissement ne signifie pas que l’uranium est enrichi au-delà de ce niveau.
Ailleurs dans ses remarques, Grossi a déclaré que l’AIEA avait installé début mai des caméras de surveillance dans des ateliers à un endroit où des tubes de centrifugation avec rotor étaient fabriqués.
Il a déclaré que l’AIEA avait pour la première fois installé un dispositif de surveillance de l’enrichissement à l’usine d’enrichissement de combustible de Fordo (FFEP) et à l’usine pilote d’enrichissement de combustible de Natanz pour pouvoir surveiller le niveau d’uranium hautement enrichi (HEU) produit par Iran dans des installations déclarées.
Grossi a affirmé qu’un processus soutenu est nécessaire pour l’accomplissement de « tous les engagements évoqués dans la déclaration conjointe » sans « plus tarder ».
Le chef de l’AIEA a affirmé que l’Iran avait fourni une explication sur la présence potentielle d’uranium appauvri dans un site connu sous le nom de Marivan, mais a noté que l’Agence n’avait pas encore évalué la question.
L’AIEA rejette l’accusation de "capitulation" face à la soi-disant pression iranienne, formulée par Israël
S’exprimant lors d’une conférence de presse après la session du Conseil des gouverneurs, Grossi a rejeté les accusations israéliennes selon lesquelles l’AIEA aurait édulcoré ses normes dans une enquête sur les activités passées de l’Iran.
« Nous n’édulcorons jamais, jamais nos normes. Nous respectons nos normes, nous appliquons nos normes », a réitéré le chef de l’AIEA.
Dans une critique inhabituelle à l’adresse de l’AIEA, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dimanche que la « capitulation de l’Agence face à la pression iranienne est une tache noire sur son bilan ».
Grossi a insisté sur le travail « neutre, impartial et technique » de l’AIEA et a souligné que l’Agence ne « politisait jamais » ses activités en Iran.
« Nous dirons toujours les choses telles qu’elles sont. Nous ne politisons jamais. Nous avons nos normes et les appliquons toujours », a déclaré le chef de l’agence nucléaire de l’ONU.