Plusieurs centaines de personnes ont participé, ce dimanche, à une marche blanche dans le XXe arrondissement, presque un mois après l’accident où trois adolescents à scooter avaient été renversés par une voiture de police.
Le cortège s'est élancé peu avant 16h pour dénoncer les violences policières et "demander justice et vérité pour les victimes".
Le 13 avril dernier, dans la soirée, les trois jeunes adolescents Safyatou, Salif et Ilan, âgés de 13, 14 et 17 ans, circulaient à scooter et ils ont été poursuivis par la police qui les a percutés. Une version contredite par la préfecture de police qui a d'abord indiqué que les policiers avaient voulu contrôler les passagers du scooter, qui auraient alors refusé d'obtempérer, emprunté un sens interdit, et perdu le contrôle du véhicule avant de chuter.
L'un des mineurs qui s'est cogné la tête lors de l'incident est dans le coma, son frère a subi une blessure aux reins et la troisième victime a été blessée au genou.
La famille et les amis des trois adolescents sont descendus dans les rues de Paris, demandant aux responsables de la sécurité de concevoir des mesures mettant fin aux brutalités policières, en particulier contre les mineurs.
Les manifestants présents au rassemblement ont tenu des pancartes et scandé des slogans contre la brutalité policière.
Nous demandons la vérité et la justice pour Safyatou, Salif et Ilan victimes de violences policières. Comment accepter que des policiers heurtent volontairement des jeunes à scooter et tentent de maquiller cela en accident de la route ? Justice et vérité !#violencespolicières pic.twitter.com/4Gh7C6vwdx
— Thomas Portes (@Portes_Thomas) May 7, 2023
La sœur de deux d'entre eux, Safyatou et Salif a dit : « On fait cette marche pour demander justice et vérité pour les victimes, Safyatou, Salif et Ilan. On veut connaître la vérité, tout ce qu'il s'est passé, parce qu'on se pose beaucoup de questions, et on n'a pas de réponse ».
Elle rappelle aussi que des témoins de la scène "affirment que le scooter a été volontairement percuté par la police".
« Maintenant, l'affaire est entre les mains de la justice », poursuit-elle. « Nous, on veut juste connaître la vérité et que justice soit faite. »
Assa Traoré, sœur d'Adama Traoré décédé en garde à vue en 2016, était également présente au rassemblement à Paris: « Personne ne doit rester indifférent à cela. Personne ! Parce qu'hier c'était Zyed et Bouna, aujourd'hui c'est Salif, Ilan et Safyatou, demain ça pourrait être vos enfants ! Nous devons marcher pour la vie de nos enfants. Nos enfants n'ont pas à mourir! ».
« Malheureusement, les violences policières se banalisent. Dans cette affaire, la vérité a été montrée assez vite grâce aux témoins et leurs vidéos. Maintenant, on sait que le temps de la justice est un temps long et qu’il ne faut pas lâcher », assure Mathieu, de l’association Le XXe solidaire, qui a aidé à l’organisation de cette marche où se trouvaient des habitants du quartier, mais aussi des élus et des membres de la Ligue des droits de l’Homme.
Une enquête a été ouverte sur le dossier par le parquet de Paris et des plaintes ont été déposées à l’Inspection générale de la Police nationale.
Trois policiers ont été placés en garde à vue, avant d’être suspendus par le préfet de police à la suite d’une demande du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. L’un d’eux a été mis en examen pour violences avec arme ayant entraîné une incapacité de travail ainsi que pour faux en écriture publique, le tout par personne dépositaire de l’autorité publique.
La marche a marqué une pause là où le choc avait eu lieu, puis près du commissariat du 20e arrondissement et devant le lieu où Lamine Dieng, un Franco-sénégalais avait été interpellé en 2007 avant de décéder dans un car de police. Les manifestants y ont scandé des slogans hostiles à la police et au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
En France, il faut rappeler que ces derniers mois, les critiques se sont multipliées aussi contre le recours à la force jugé excessif envers notamment les manifestants opposés à la réforme des retraites.
Pendant la session des réponses de la délégation française au sein de l’ONU, en début de semaine, Sabrine Balim, conseillère juridique du ministère de l'Intérieur, a fait valoir que « l'usage de la force est strictement encadré, contrôlé et en cas de faute sanctionné ».
En outre, elle a rappelé que les forces de l'ordre avaient obligation de porter un numéro d'identification individuel « afin d'assurer une visibilité et traçabilité de leurs actions » ; une obligation apparemment pas toujours respectée.